La grippe aviaire, faut-il ou non s'y attendre

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Par Tatiana Sinitsyna, RIA Novosti

Commencés il y a trois mois, les tests cliniques du vaccin contre la grippe aviaire ont pris fin en Russie. Le vaccin a été élaboré par les spécialistes du Centre de recherche Microgen du ministère de la Santé publique en collaboration avec l'Académie de médecine et testé sur deux groupes de 120 volontaires, hommes et femmes, chacun d'après les règles internationales prévoyant des gratifications et des assurances obligatoires. De l'avis du directeur général de Microgen, le Dr Anton Katlinski, les tests ont été un succès et les résultats sont encourageants.

"Nous avons utilisé les procédés recommandés par l'Organisation mondiale de la Santé, ainsi que nos propres méthodes originales et nos technologies brevetées", a souligné le Dr Katlinski. "L'analyse de l'évolution des réactions montre que le vaccin est très bien supporté, qu'il est sans danger et n'a pas provoqué de réactions secondaires sérieuses", a ajouté pour sa part le Dr Vitali Zverev, directeur du Centre des vaccins et sérums Metchnikov. Maintenant, il ne reste qu'à effectuer une série de tests élargis et à enregistrer officiellement le nouveau vaccin.

La réalisation de ce projet médical d'actualité a coûté des centaines de millions de roubles mais ce sont là des dépenses incontournables. Il faut se protéger contre le nouveau fléau dont une éventuelle pandémie serait capable de tuer un tiers de la population de la planète, selon les prévisions.

Depuis ces derniers temps, aucune nouvelle flambée de grippe aviaire n'a été constatée. Il peut s'agir des efforts déployés contre la maladie par l'OMS et les services médicaux et sanitaires de nombreux pays, dont la Russie. Mais le monde est-il prémuni contre une nouvelle offensive? En Russie, aucun cas mortel de grippe aviaire humaine n'a été enregistré, mais à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan voisin, le virus a déjà tué six personnes en avril dernier.

L'intérêt mondial pour la grippe aviaire a tendance à évoluer par vagues en fonction des manifestations de la maladie. La série de flambées qui a démarré en 1997 et duré pendant toute la dernière décennie a montré que le virus est dangereux pour l'homme et qu'il peut provoquer des complications graves, même avoir une issue létale. En décembre 2003, il a connu une nouvelle vague de propagation et a effrayé l'humanité qui a émis l'hypothèse d'une nouvelle épidémie et même d'une pandémie globale. De nombreux pays, dont la Russie, ont entrepris des recherches énergiques de prototypes de vaccin capables de faire face au mal.

Des quinze sous-types de virus de grippe aviaire connus, le plus dangereux est le H5N1. L'OMS s'est déclaré préoccupée par le fait qu'en cas d'une pandémie globale le nombre de vaccins pourrait ne pas suffire pour tout le monde. Actuellement, 360 millions de doses de vaccin contre la grippe sont fabriquées chaque année sur la planète. Dans le pire des scénarios d'évolution de la maladie, il faudra vacciner toute la population terrestre, soit 6 milliards d'individus environ. D'après le Docteur Marie-Paule Kieny, directrice de l'Initiative pour la recherche sur les vaccins de l'OMS, la grande priorité consiste actuellement à augmenter la production de vaccins contre la grippe. "Nous sommes profondément satisfaits que la Russie ait achevé la première phase des tests cliniques des vaccins, d'autant que la Russie est un producteur de renommée mondiale de préparations de ce type", a-t-elle déclaré aux journalistes, avant de souligner que les derniers résultats des scientifiques russes étaient encourageants et que l'OMS attendrait impatiemment les tests cliniques élargis et les résultats définitifs.

De nombreux chercheurs ne pensent pas que le virus H5N1 puisse provoquer une épidémie sérieuse dans l'immédiat. Les biologistes et les ornithologues sont optimistes. "Je ne vois aucune raison de penser que la grippe aviaire puisse décimer l'humanité. Le virus qui provoque cette maladie est connu depuis très longtemps, il s'est attaqué aux oiseaux, parfois aux hommes. La nature du virus n'a pas changé, tout comme rien n'a changé dans la nature des oiseaux", a expliqué le docteur en biologie Vladimir Ivanitski.

Mais le monde a changé et la surveillance médicale de la population s'est améliorée. Les maladies sont dépistées et guéries avec plus d'efficacité qu'avant. Nul doute, l'humanité est aujourd'hui mieux préparée aux surprises de toute sorte que la grippe peut réserver. "Le printemps reviendra avec les oiseaux et avec lui de nouvelles flambées de grippe aviaire", pronostique Vitali Zverev, qui ne doute pas qu'elles seront provoquées par le virus H5N1, car il n'a pas encore épuisé toutes ses ressources.

Le virus affiche une capacité de mutation très élevée, autant dire qu'il changera certainement dans les années à venir. Sur ce point, les scientifiques sont unanimes. Nouvelle mutation, nouveau danger. Le vaccin créé par Microgen est d'autant plus précieux qu'il sera utilisable contre une nouvelle variété de virus, par exemple contre le H7N2. Il faudra tout simplement changer la souche de base, affirment les spécialistes.

Quelles sont les capacités de production que la Russie sera capable de lancer en cas de nécessité? Les spécialistes soutiennent que depuis l'obtention de la souche à partir de laquelle sera fabriqué le vaccin et jusqu'à la sortie du premier lot de vaccins (plusieurs millions de doses), il ne se passera pas plus de sept à huit semaines. Autrement dit, le pays pourra satisfaire ses besoins en vaccin contre la grippe aviaire en l'espace d'un mois et demi à deux mois seulement.

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