RIA Novosti
"Révolution bolivarienne" : c'est ainsi que Chavez décrit les transformations politiques, sociales et économiques en cours dans son pays. Comme modèle de sa théorie révolutionnaire, Chavez a choisi l'image de Simon Bolivar, vénérée en Amérique latine, avec son rêve de voir la population autochtone du continent s'unir pour en changer la face. La "révolution bolivarienne" a commencé par une campagne présidentielle ordinaire qui a porté au sommet du pouvoir un homme qui a dans les veines du sang indien et du sang noir.
En février 1992, des colonnes d'armée sous le commandement d'un certain colonel Chavez descendent dans les rues de Caracas, dans une tentative de renverser le régime du président Carlos Andres Perez. Le soulèvement est écrasé, Chavez se retrouve en prison. Amnistié en 1994, il se lance d'emblée dans la politique, prônant une "révolution pacifique". Aux élections du 6 décembre 1998, Chavez remporte une large victoire en recueillant 56,5% des voix des électeurs vénézuéliens.
Avant l'arrivée de Chavez au pouvoir, les rapports entre le Venezuela et les Etats-Unis ne sont marqués par aucun conflit. Washington continue de croire que le nouveau gouvernement vénézuélien ne présente aucune menace pour les compagnies pétrolières américaines. Dans la rhétorique du nouveau président à Caracas, les Etats-Unis ne voient rien qui puisse les inquiéter.
L'ancien rebelle commence par contrôler étroitement la compagnie publique pétrolière Petroleos de Venezuela, utilisant ses revenus pour la construction d'hôpitaux et d'écoles, pour la réalisation d'une réforme agraire et d'autres programmes sociaux. S'appuyant sur le soutien de la majorité pauvre, Chavez aborde la nationalisation d'entreprises dans différents secteurs industriels.
En 1999, le Venezuela adopte sa nouvelle Constitution et le 30 juillet 2000, au scrutin universel, Hugo Chavez obtient 60% des voix. A l'époque, il se solidarise déjà ouvertement avec Cuba et ne cache plus son orientation à gauche.
Paraphrasant Lénine et sa célèbre formule "l'impérialisme, stade suprême du capitalisme", Chavez dit : "Le capitalisme néolibéral est le stade suprême de la folie capitaliste".
Profitant d'une conjoncture favorable sur le marché mondial de l'énergie et de la dépendance des Etats-Unis envers le pétrole vénézuélien, Chavez change de politique. En quelques années, le Venezuela se transforme en leader régional, prenant de fait la tête du mouvement contre le néolibéralisme dans l'hémisphère occidental.
Les violentes critiques à l'adresse des Etats-Unis, du FMI et de l'OMC, les tentatives de faire bloc, sur la base de l'anti-américanisme, avec d'autres pays du continent, ont provoqué une crise aiguë entre Caracas et Washington.
L'opposition a tout mis en �uvre pour se débarrasser du président bolivarien. Le 12 avril 2002, Chavez est renversé par un coup d'Etat mais, deux jours après, grâce à ses partisans et aux unités qui lui sont restées fidèles, il revient au pouvoir.
Chavez cherche à tirer profit des contradictions commerciales entre les Etats-Unis et l'Union européenne, développe les rapports avec la Chine, l'Inde, le Canada, la Russie et l'Iran.
Ces derniers temps, Chavez est le promoteur de l'idée d'une alliance militaro-politique en Amérique latine, dans le cadre de l'"axe du Bien", contrepoids à l'"axe du Mal" américain.
La nature a nanti Chavez de nombreux talents : il cite de mémoire des extraits de la Bible, de Bolivar, c'est aussi un adepte du bouddhisme zen. Passionné de peinture, il écrit des nouvelles et des poésies. C'est une personnalité riche mais contradictoire.
C'est ainsi que le célèbre écrivain colombien Gabriel Garcia Marquez a décrit ses impressions suite aux contacts avec le président vénézuélien : "Soudainement, j'ai compris que je m'étais entretenu avec plaisir avec deux hommes absolument différents en une seule personne. Le premier, un homme à qui le sort a donné une chance de sauver son pays, et le second, un illusionniste capable d'entrer dans l'histoire comme un despote".
