Après 3.000 ans d'absence, les bisons reviennent en Sibérie

S'abonner
RIA Novosti

"Nous observons jour et nuit la vie et le processus d'adaptation des bisons des bois [transférés en Sibérie du Canada]", confie Matveï Tiaptirgianov, directeur du Département des ressources biologiques du ministère de la Protection de l'environnement de la République de Sakha (Iakoutie).

Les quadrupèdes déplacés s'habituent petit à petit à leur nouvel environnement, se portent et mangent bien, selon le scientifique. Le troupeau évolue pour le moment dans un "bisonarium" aménagé à l'embouchure de la rivière Bouotama, dans le parc naturel Lenskie Stolby.

Le programme de réinstallation des bisons en milieu sauvage ne pourra commencer que dans trois ou quatre ans, une population suffisante capable d'assurer son propre renouvellement devant d'abord être constituée.

Le sort des bisons des bois, gros mammifères (pesant jusqu'à une tonne) inscrits sur le Livre rouge des espèces menacées, est triste et donne à réfléchir. Les hommes ont tellement poursuivi cet animal au cours des deux derniers siècles qu'il aurait pu disparaître de la surface du globe. Seuls les efforts considérables déployés par les spécialistes canadiens ont permis de conjurer la disparition des bisons des bois. A l'heure actuelle, leur nombre est proche de 4.000 individus, et le destin de l'espèce n'est donc toujours pas assuré.

Les Canadiens tiennent beaucoup à leurs bisons, et le fait qu'ils aient accepté de transmettre à la Russie quinze couples de ces animaux témoigne sans aucun doute d'une grande confiance. Celle-ci s'était déjà justifiée au siècle dernier: les boeufs musqués offerts en 1974 à l'Union soviétique par le premier ministre canadien Pierre Trudeau se sont bien acclimatés dans la zone arctique russe.

Les scientifiques ayant participé à l'opération de transfert des bisons des bois racontent que trente jeunes individus (autant de femelles que de mâles) capturés dans la nature ont d'abord subi un contrôle vétérinaire strict avant d'être vaccinés et numérotés. Par la suite, les animaux ont été embarqués à bord d'un Il-76 russe appartenant au producteur de diamants Alrosa, le 6 avril 2006.

C'était une expérience inédite en matière de transport intercontinental d'importants groupes d'animaux sauvages. Aussi cette action a-t-elle exigé de grands efforts diplomatiques, scientifiques et techniques. L'idée appartient au ministère de la Protection de l'environnement de la République de Sakha (Iakoutie), qui a élaboré un programme de réacclimatation des bisons, approuvé ensuite par l'Équipe nationale canadienne de rétablissement des bisons des bois. Une délégation de scientifiques iakoutes s'est initiée aux méthodes de soin des bisons dans le Parc national canadien d'Elk Island.

Il s'agissait du premier voyage de bisons des bois en dehors du Canada. Cet événement a été considéré par la communauté internationale comme une des mesures qui permettront de sauvegarder l'espèce en voie de disparition. Mais c'était dans le même temps une mesure visant à rétablir les écosystèmes de la Iakoutie. Les bisons, qui avaient survécu aux mammouths, avaient néanmoins disparu de l'Asie du Nord-Est il y a environ 3.000 ans. A présent, la niche longtemps déserte se voit réoccupée par ses habitants traditionnels.

Le stress de ce voyage inédit a malheureusement emporté la vie de trois bisons. Mais les 27 autres, sains et saufs, se familiarisent déjà avec leur nouvel environnement. Les conditions climatiques de la Iakoutie et du Canada sont généralement favorables aux bisons des bois. Cette année, les températures hivernales sont plutôt clémentes en Iakoutie (-35 à -45°C, contre les -55°C souvent enregistrés dans cette région), ce qui améliore davantage la situation des "déplacés".

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала