Revue de la presse russe du 12 mars

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MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti/Rossiïskaïa gazeta

La Russie, cette machine à fabriquer des milliardaires...

La Russie est le troisième pays au monde pour le nombre de milliardaires en dollars (53) derrière les Etats-Unis (415 businessmen) et l'Allemagne (55). Deux classements de milliardaires ont été publiés à presque un mois d'intervalle. En février la revue russe Finans avait centré son attention sur les entrepreneurs russes tandis que la revue d'affaires américaine Forbes vient de publier la liste des personnes les plus riches au monde.

On y trouve des noms nouveaux, dont ceux de 20 businessmen russes, 14 indiens, 13 chinois et 10 espagnols. La fortune des milliardaires russes est estimée à 282,4 milliards de dollars contre 172,1 milliards l'année précédente. Fait curieux, selon la version Finans, pour la première fois depuis trois ans le gouverneur de la Tchoukotka et propriétaire du club de football anglais Chelsea, Roman Abramovitch, a été détrôné par le patron de Rousal, Oleg Deripaska. Toutefois, il reste en tête de la liste publiée par Forbes. Au classement mondial il occupe la 16e place, à la fin de l'année dernière les experts évaluaient sa fortune à 18,7 milliards de dollars. Oleg Deripaska, lui, n'arrive qu'en 40e position (13,3 milliards).

La surprise russe numéro un de la liste Forbes a été causée par Souleïman Kerimov, député et propriétaire de Nafta-Moskva, qui a évincé de la deuxième place le copropriétaire de Lukoil, Vaguit Alekperov, désormais huitième avec 12,4 milliards de dollars. Une source dans l'entourage de Kerimov a déclaré parfaitement "juste" l'estimation du capital de l'entrepreneur, en confirmant que sa fortune avait grossi essentiellement grâce à l'ascension des actions Gazprom. D'une année à l'autre ces dernières ont grimpé de 28% et présentement elles représentent une somme de 242 milliards de dollars.

Parmi les habitués russes de la liste Forbes, ce sont les propriétaires de sociétés métallurgiques qui ont le plus progressé. Les détenteurs des blocs de contrôle de la société minière et métallurgique de l'Oural, Iskander Makhmoudov (8 milliards), et du combinat métallurgique de Maghnitogorsk, Viktor Rachnikov (7 milliards), les copropriétaires de Nornikel et de Polious Zolota, Vladimir Potanine et Mikhaïl Prokhorov (13,5 milliards chacun), ont doublé leur mise. Il y a un an Nornikel valait 32,5 milliards de dollars. Depuis il a augmenté de 83%. Quant à la société Polious Zoloto, qui s'est séparée de Nornikel à la fin de l'année dernière, elle est désormais cotée 9 milliards de dollars.

Le chef du service analytique de Brokerkreditservis, Maxime Cheïn, dit que le nombre de milliardaires russes continuera de croître et que l'augmentation de la présence russe dans la liste de Forbes sera assurée par les propriétaires d'entreprises de la métallurgie non ferreuse, de banques, de chaînes de distribution et d'entreprises pétrochimiques. Les actions Gazprom ne progresseront plus que de 10% l'an. Par contre, pour rester le milliardaire russe numéro un, Roman Abramovitch devra investir davantage dans des actifs porteurs, dit l'expert. En 2005, il avait tiré 13 milliards de dollars de la vente de Sibneft, mais l'année passée il n'a fait qu'un seul investissement notable en consacrant 3 milliards de dollars à l'achat de 40% des actions Evraz.

Nezavissimaïa gazeta

Kosovo: le Kremlin attendu

La position de la Russie se retrouve au premier plan pour la première fois depuis le début du processus de règlement du problème du Kosovo. Après l'échec des pourparlers sur les propositions du médiateur de l'ONU Martti Ahtisaari, la question du statut définitif du Kosovo sera examinée au Conseil de sécurité de l'ONU. La Russie est le seul pays parmi les membres permanents du conseil à déclarer qu'il n'approuvera pas ce plan de règlement, rejeté à la fois par la Serbie et les Albanais kosovars. Autrement dit, Moscou fait allusion à un possible usage de son droit de veto.

Dans l'ensemble, les pays occidentaux, surtout les Etats-Unis, estiment que l'indépendance est une solution optimale. Un compromis avec Moscou est-il nécessaire à l'Occident? Il est probablement souhaitable. La voix de Moscou au Conseil de sécurité de l'ONU aurait légitimé le schéma Ahtisaari et ouvrirait la voie à une indépendance du Kosovo n'entraînant pas de conflits (au niveau des acteurs mondiaux), dont les prémisses se sont dessinées au cours des huit années de présence internationale dans la province. Cependant, en faisant abstraction des discussions philosophiques sur l'intangibilité des frontières et sur la nécessité de régler tous les conflits d'après un schéma identique, la Russie n'a pas la moindre raison formelle de soutenir le plan Ahtisaari. Aucun rôle n'a été proposé à Moscou dans un "nouveau Kosovo". Cette fois-ci, aucune place n'a été réservée à la Russie dans le mécanisme international de contrôle copié pour beaucoup sur celui de la Bosnie. D'ailleurs, Moscou avait réduit lui-même la possibilité de s'attribuer un rôle au Kosovo en en retirant ses soldats de la paix. Cette action inattendue avait surpris de nombreuses personnes, de même que le débarquement inattendu de ses parachutistes à Pristina en 1999.

La Russie ne peut rien opposer aux plans américains d'octroi de l'indépendance au Kosovo, elle comprend aussi qu'on peut l'obtenir en contournant le Conseil de sécurité de l'ONU. En même temps, Moscou n'est pas intéressé à mener un nouveau travail de sape contre le prestige du Conseil de sécurité. Faisant allusion à la reconnaissance éventuelle de l'indépendance de l'Abkhazie, de l'Ossétie du Sud et de la Transnistrie, en réalité, la Russie n'est pas prête à cette évolution des événements, car il est notoire qu'aucun pays influent ne soutient cette idée. Moscou formulera probablement sa position définitive sur le Kosovo en se fondant sur les accords conclus avec les Etats-Unis sur des problèmes qui ne sont pas directement liés au Kosovo.

Kommersant

L'impasse sur Bouchehr arrange autant la Russie que l'Iran

Les négociations de trois jours entre la compagnie russe Atomstroïexport et l'Organisation iranienne de l'énergie atomique sur l'achèvement de la construction de la centrale nucléaire de Bouchehr ont débouché sur un scandale: les Russes ont refusé de signer des documents communs avec les Iraniens. L'Iran insiste sur la livraison de combustible pour la centrale nucléaire avant fin mars, Atomstroïexport juge nécessaire de reporter les délais de livraison et exige un financement d'au moins 25 millions de dollars par mois. Les négociations se poursuivront aujourd'hui à Téhéran, mais il est déjà évident que la centrale nucléaire de Bouchehr ne sera pas mise en service en septembre 2007.

Pour l'Iran, le problème de l'obtention du combustible pour la centrale nucléaire est très politisé, indépendamment de la possibilité de l'utiliser à la centrale pour produire de l'énergie. Si le combustible se trouve sur son territoire, l'Iran aura un nouveau statut aux pourparlers avec la communauté internationale et l'AIEA sur le problème de l'enrichissement de l'uranium.

Atomstroïexport ne nie pas, en fait, que la Russie n'ait peut-être pas l'intention de livrer du combustible à la centrale de Bouchehr en mars 2007. "Nous choisissons le moment du lancement de la centrale nucléaire mathématiquement, et non pas du point de vue politique. Si le financement est retardé d'au moins deux mois, le lancement de la centrale, de même que toutes les autres opérations, y compris la livraison de combustible, doivent être également ajournés à peu près selon le même délai", a déclaré un représentant d'Atomstroïexport. On ne sait pas quels travaux sont actuellement effectués par la compagnie russe sur le chantier de construction à Bouchehr, mais, comme tout l'indique, certains travaux y sont arrêtés.

Quoi qu'il en soit, il est déjà évident que la centrale nucléaire de Bouchehr ne sera pas mise en service en septembre 2007, comme c'était prévu: même si une tierce partie fournit des équipements et si l'Iran verse 50 millions de dollars à Atomstroïexport pour deux mois, s'il finance la construction à raison de 25 millions de dollars par mois, le lancement physique de la centrale nucléaire aura lieu au plus tôt en novembre et la mise en service de la centrale en 2008 au plus tôt.

La question est de savoir sous quelle forme cela sera annoncé par les parties. A Moscou, elles ne se sont pas mises d'accord. Les négociations sur Bouchehr reprendront aujourd'hui à Téhéran, mais "au niveau des experts".

Dans la situation actuelle, le scandale arrange parfaitement les autorités iraniennes et russes. L'Iran reçoit la possibilité de geler le projet de Bouchehr en se référant au problème d'un partenaire, et la Russie peut évoquer le refus de l'Iran de payer pour la construction de la centrale nucléaire en tant que cause du non-respect des délais. Quant à Atomstroïexport, cette situation ne l'arrange nullement: la compagnie souligne qu'elle ne mène les pourparlers qu'en vue de s'assurer des revenus".

Biznes

Une coopération que la représentation moscovite de PwC pourrait regretter

Toute la journée de vendredi des policiers et des membres du Parquet général de Russie ont perquisitionné les locaux de la société d'audit Pricewaterhouse dans le but de mettre la main sur des preuves permettant d'accuser les dirigeants de PwC de fraude fiscale et de trouver des informations supplémentaires liées à "l'affaire Ioukos".

PwC avait déjà subi un préjudice en qualité de partenaire de Ioukos. Au mois de décembre de l'année dernière les inspecteurs fiscaux avaient demandé au tribunal arbitral de Moscou d'annuler l'accord d'audit passé entre PwC et Ioukos et de le reconnaître comme "marché entaché d'illégalité et contraire à la morale". Le FNS (Service fédéral des impôts) a accusé PwC d'avoir rédigé deux conclusions différentes en vérifiant l'activité de Ioukos en 2002: l'une pour les actionnaires étrangers et la seconde pour l'utilisation intérieure du management. De l'avis des inspecteurs fiscaux, le document "public" indiquait que les écritures comptables étaient exactes et conformes à la législation russe. Pour les inspecteurs, dans les documents rédigés pour les dirigeants de la société il était relevé que Ioukos avait créé un "fonds d'aide au développement de la production". Au FNS on estime que ce fonds était alimenté par des moyens provenant d'une fraude fiscale. L'examen de l'action en justice engagée par le FNS contre PwC est prévu pour ce lundi. La somme réclamée par le fisc russe à la société d'audit se monte à 480.000 dollars.

La présence de représentants du Parquet général dans les bureaux de la société d'audit est liée à la recherche d'informations supplémentaires ayant trait à "l'affaire Ioukos". Au début du mois de février le Parquet général avait notifié à Mikhaïl Khodorkovski et à Platon Lebedev de nouvelles inculpations de blanchiment de revenus illicites et de dilapidation et de détournement de fonds. La perquisition dans les bureaux moscovites de PwC a permis de saisir des fichiers informatiques pour l'année 2002 et concernant des services de consultation dont le paiement, selon les inspecteurs, avait été illégalement inclus dans le volet dépenses réduisant la base de l'impôt sur le bénéfice, ainsi que des fichiers informatiques ayant trait aux vérifications d'audit de Ioukos.

Les experts interrogés - qui ont tous requis l'anonymat - estiment que les actions des autorités pourraient être interprétées comme une mise en garde adressée aux autres sociétés d'audit. "C'est un avertissement aux autres acteurs du marché. Le pouvoir laisse entendre que tel sera le sort de ceux qui coopèrent avec les sociétés en disgrâce", a dit un juriste sous le couvert de la confidentialité.

RIA Novosti décline toute responsabilité quant au contenu des articles tirés de la presse.

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