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Trois millions de galaxies bientôt visibles grâce au télescope Spectrum-RG / Première plongée sous-marine sous le pôle Nord / L'eau serait plus précieuse que le pétrole / Science des matériaux: le tableau de Mendeleïev en tête du Top-10 des découvertes mondiales

Trois millions de galaxies bientôt visibles grâce au télescope Spectrum-RG

Lancé en 2011, le projet renouvelé d'observatoire astrophysique orbital Spectrum-RG sera destiné à sonder l'Univers dans la gamme des rayons X et gamma. Cette première observation de l'ensemble du ciel réalisée grâce au rayonnement X pénétrant permettra de déceler une population cachée de plusieurs centaines de milliers de trous noirs hypermassifs, mais aussi de découvrir près de 3 millions de nouveaux noyaux de galaxies actives et jusqu'à 100.000 nouveaux amas de galaxies. L'observatoire pourra ainsi définir les principaux paramètres de l'Univers.

Pour Mikhaïl Pavlinski, vice-directeur de l'Institut d'études spatiales (Académie russe des sciences), "les nouvelles possibilités d'observation permettent, par leur qualité et leur intégralité, de résoudre les problèmes les plus ambitieux de la cosmologie contemporaine".

L'observatoire orbital comprendra des télescopes à rayons X eRosita (Allemagne) et un imageur grand champ à rayons X Lobster (Grande-Bretagne) ainsi que plusieurs engins russes: un télescope astronomique concentrateur de rayons X ART-XC, un détecteur de sursauts gamma GRBM, un imageur grand champ à rayonnement X pénétrant Spin-X et un calculateur de bord BIUS.

L'appareillage scientifique sera installé sur la plate-forme Navigator conçue par NPO Lavotchkine (Moscou) et mise en orbite par un lanceur russe Soyouz équipé d'un booster Fregat. Deux scénarios de lancement sont actuellement à l'étude: depuis Baïkonour (Kazakhstan) avec le lanceur Soyouz-FG ou depuis Kourou (Guyane française) avec le lanceur Soyouz-ST. Si le choix se porte sur Baïkonour, l'appareil sera placé sur une orbite haute de 600 km et inclinée à moins de 30° (en fonction de la masse définitive du laboratoire). En cas de décollage depuis Kourou, l'orbite devrait avoir une altitude de 600 km et une inclinaison inférieure à 5°. Le lancement de l'appareil est programmé pour 2011.

L'observatoire pèsera au décollage près de 2.100 kg, et la masse de sa charge utile sera de 1.250 kg. La vie opérationnelle de Spectrum-RG est estimée à 7 ans, avec une possibilité de prolongation à 10 ans.

Première plongée sous-marine sous le pôle Nord

Pour la première fois dans l'histoire de l'exploration de l'Arctique, des chercheurs russes doivent réaliser l'immersion d'un bathyscaphe pour observer le fond océanique sous le pôle Nord. Une plongée de 5 km de profondeur est envisagée en été 2007 dans le cadre des expérimentations programmées à l'occasion de l'Année polaire internationale.

Escorté par le brise-glaces nucléaire Rossia des messageries de Mourmansk, un groupe de trois navires de recherche - Akademik Fedorov, Akademik Keldych et Mikhaïl Somov - franchira le désert glacial de l'Arctique jusqu'au pôle Nord où le bathyscaphe Mir avec un équipage de trois personnes à son bord descendra sous l'eau.

"L'étude de la structure géologique du relief sous-marin permettra de fixer juridiquement les frontières extérieures du plateau continental russe en Arctique extrêmement riche en hydrocarbures", a précisé le chercheur polaire Artour Tchilingarov, vice-président de la Douma et représentant spécial du président russe pour l'Année polaire internationale.

Dans la phase suivante, deux autres plongées sont programmées dans le bassin arctique, plus précisément dans la zone des dorsales de Gakkel et de Lomonossov, dont la juridiction fait l'objet de controverses entre Etats.

Selon Guennadi Matichov, directeur de l'Institut de biologie maritime de Mourmansk et membre de l'Académie russe des sciences, des informations plus détaillées sur le fond océanique doivent prouver que ces dorsales représentent une continuation naturelle du continent et relèvent donc de la juridiction russe.

L'eau serait plus précieuse que le pétrole

Selon des prévisions, plus de 3 milliards de personnes souffriront de la pénurie d'eau à la fin du premier quart du XXIe siècle, et 300 millions d'entre elles seront poussées à la migration, ce qui se répercutera nettement sur la situation politique et économique dans le monde. En profiteront surtout les pays capables de développer les industries réputées grosses consommatrices d'eau, à savoir les industries où les économies d'eau ne sont possibles que jusqu'à un certain niveau. Pour Viktor Danilov-Danilian, directeur de l'Institut des problèmes de l'eau (Académie russe des sciences), la Russie qui dispose d'énormes réserves d'eau devrait dès aujourd'hui développer les secteurs en question tout en adaptant les ressources en eau à la nouvelle situation. Parmi les industries grosses consommatrices d'eau figurent l'électricité (y compris nucléaire), l'industrie de la pâte et papier, la production des fibres chimiques, la métallurgie et l'agriculture.

D'après Igor Chikhlomanov, directeur de l'Institut national d'hydrologie auprès du Service fédéral pour l'hydrométéorologie et le suivi de l'environnement (Roshydromet), les réserves d'eau russes ont augmenté depuis 20 ans d'environ 5%, soit de 220 à 250 kilomètres cubes d'eau par an, une quantité comparable à la Volga. L'économie russe n'en consomme que 70 kilomètres cubes par an. Cependant, les ressources d'eau russes qui représentent environ 4.400 kilomètres cubes sont réparties de manière très inéquitable. Au XXIe siècle, la pénurie d'eau risque d'affecter certaines régions russes qui manquent de ressources naturelles en eau ou qui augmentent activement leur population et développent l'industrie. Parmi ces régions on peut notamment citer Moscou et sa banlieue ainsi que plusieurs régions de la Russie centrale situées à l'extérieur de la zone fertile des "terres noires".

Science des matériaux: le tableau de Mendeleïev à la tête du Top-10 des découvertes mondiales

Le congrès annuel de la Minerals, Metals & Materials Society (TMS) américaine qui a réuni 4.200 chercheurs et ingénieurs de 68 pays a estimé que le tableau périodique des éléments chimiques dressé par le Russe Dmitri Mendeleïev (1834-1907) représentait la contribution la plus importante apportée à la science des matériaux.

Dmitri Mendeleïev est l'auteur de recherches fondamentales non seulement en chimie, mais aussi en physique, métrologie, météorologie, aéronautique, agriculture et économie. Son tableau périodique des éléments vit le jour en 1869. Il lui permit de prédire l'existence de trois nouveaux éléments qui n'étaient pas encore découverts et de décrire leurs propriétés. Paradoxe, ces éléments sont de plus en plus largement utilisés dans la fabrication des semi-conducteurs.

Une centaine d'événements majeurs ont par ailleurs été sélectionnés sur une liste de plus de 600 découvertes réalisées dans l'histoire de la science des matériaux. Plus de 900 chercheurs ont participé au sondage qui a permis d'établir le classement définitif.

Dans le Top-10, le tableau de Mendeleïev est suivi du processus de la fonte du fer découvert approximativement en Egypte en 3500 avant J.-C. La conception en 1948 d'un transistor par le laboratoire Bell occupe la troisième marche du podium. La quatrième place est réservée à l'invention du verre qui remonte à 2200 avant J.-C. Au cinquième rang se situe la conception en 1668 du microscope optique par le Hollandais Antoine van Leeuwenhoek. La sixième place revient à l'invention en 1755 du béton moderne par l'Anglais John Smeaton. La technologie de la coulée d'acier en creuset apparue approximativement en 300 avant J.-C. dans le sud de l'Inde vient en septième position (le procédé de fabrication de damas fut perdu, puis redécouvert dans les années 1940 par le métallurgiste russe Pavel Anossov). En huitième position figure la technologie de la coulée de cuivre découverte il y a 5.000 ans sur le territoire de la Turquie contemporaine. La neuvième place est occupée par la diffraction des rayons X, découverte en 1912 par le physicien allemand Max von Laue, qui a permis d'étudier les propriétés des cristaux. Le procédé peu coûteux de la fabrication d'acier par brassage à l'air de la fonte liquide, breveté en 1856 par l'Anglais Henry Bessemer, complète le Top-10.

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