Etats-Unis contre Iran: qui "Mordra" le premier

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Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti
Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti

Tout le monde attend le 6 avril, à savoir le jour où les Etats-Unis doivent déclencher contre l'Iran l'opération militaire baptisée "Morsure".

Les forces nécessaires à l'opération sont déjà sur place: deux groupes de porte-avions avec à leur tête le "Dwight Eisenhower" et le "John C. Stennis" croisant dans le golfe, quatre sous-marins atomiques et une vingtaine de croiseurs. Ajoutez-y les 400 avions embarqués, et même plus, dont les célèbres Stealth appelés à faire le gros du travail.

Les cibles sont désignées, elles aussi: le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, le centre de recherches nucléaires d'Ispahan, l'usine d'eau lourde d'Arak, la centrale nucléaire de Bouchehr, les bases aériennes et navales, les systèmes de DCA, les postes de commandement...

La manoeuvre de détournement, indispensable dans toute guerre-éclair, n'est pas non plus oubliée. Lundi dernier, le porte-avions nucléaire "Nimitz" a quitté le port de San Diego et mis le cap sur le golfe Persique pour relayer à la mi-mai le "Dwight Eisenhower". Selon la logique de la guerre-éclair, l'effet de surprise sera assuré par un troisième porte-avions dont l'arrivée est actuellement attendue.

Or, malgré tous ces signes extérieurs, découverts essentiellement par des experts militaires et des officiers de l'état-major russe, la guerre, prévue pour le 6 avril, peut bien ne pas commencer ce jour-là. Ne serait-ce que parce que les Etats-Unis n'ont plus de temps pour proclamer l'inévitabilité de cette guerre et en aviser l'Iran. Cela dit, le problème ne consiste pas tant dans les traditions en usage dans les sociétés civilisées que dans les préparatifs nécessaires pour démoraliser l'adversaire. Ces préparatifs, le Pentagone ne les dédaigne jamais. Qui sait? Ils permettront, peut-être, d'éviter des pertes inutiles.

Une autre chose est de savoir si cette guerre commencera. Et si elle est déclenchée, à quel moment cela se produira.

Certes, la guerre peut être évitée si Téhéran renonce à son programme nucléaire et modifie sa politique dans la région où il prétend jouer le rôle du centre de la civilisation islamique, où peu s'en faut. Or, cette tournure des événements ne sera possible que si le président actuel Mahmoud Ahmadinejad et son équipe perdent le pouvoir. Mais cette hypothèse est peu probable.

Un faible lueur d'espoir apparaît, il est vrai, si l'on pense à Ali Akbar Hachémi Rafsanjani, roi des cacahouètes qui garde ses capitaux à l'étranger. Ayant perdu par miracle les dernières élections présidentielles, Rafsanjani a récemment été élu président du Conseil de discernement, organe jouissant d'une grande autorité en Iran et habilité même à révoquer le guide spirituel de la nation. Selon certains experts, Rafsanjani est parfaitement capable d'inviter les autorités iraniennes à modifier leur politique dans le domaine nucléaire et dans l'arène internationale.

Enfin, un autre scénario est également possible. Il n'est pas exclu qu'après une nouvelle séance du Conseil de sécurité des Nations Unies (et elle s'achèvera, comme toujours, par un durcissement des sanctions contre l'Iran), les Etats-Unis organisent seuls le blocus de ce pays. Tout porte à croire que Téhéran ne restera pas les bras croisés: les actions qu'il entreprendra en réponse fourniront aux Etats-Unis un prétexte pour engager une opération militaire.

Il est pourtant à noter que pour le moment, l'Iran ne laisse aux Etats-Unis aucune chance d'éviter la guerre. Et le problème ne réside pas dans son fameux programme nucléaire, ni dans ses ambitions nucléaires en général. Il réside dans la politique pratiquée par Téhéran dans la région. Il s'agit tout d'abord de ses tendances antisémites, à commencer par les propos du président iranien invitant à "effacer Israël de la carte" jusqu'à son attitude négative envers le processus de paix palestino-israélien. Il s'agit aussi du soutien financier et politique qu'il apporte aux groupes islamistes au Proche-Orient. Cette politique est dirigée en premier lieu contre les Etats-Unis et leurs intérêts dans cette région. Inutile de dire que mésestimer les possibilités des autorités iraniennes serait fatal pour Washington. Pour pouvoir rester au Proche-Orient, les Américains ont besoin de contrecarrer les projets de l'Iran qui prétend au rôle de grande puissance régionale.

D'ailleurs, il n'est pas exclu que Téhéran soit en train d'envisager la possibilité d'une "morsure" préventive. S'il en est ainsi, cela signifie que les multiples discours au sujet de l'opération du 6 avril ont atteint leur but.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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