La centrale nucléaire flottante sera plus sécuritaire que ses soeurs terrestres

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"Cette centrale sera bien plus sécuritaire que les centrales nucléaires construites sur la terre ferme du moment qu'elle possédera plusieurs barrières de protection", a déclaré le directeur de l'Agence fédérale de l'énergie atomique (Rosatom), Sergueï Kirienko, lors du lancement de la construction de la première centrale nucléaire flottante (CNF) au monde aux chantiers navals Sevmach, entreprise principale du Centre fédéral des constructions navales nucléaires située à Severodvinsk (région d'Arkhangelsk, nord-ouest de la Russie).

"Cette centrale sera bien plus sécuritaire que les centrales nucléaires construites sur la terre ferme du moment qu'elle possédera plusieurs barrières de protection", a déclaré le directeur de l'Agence fédérale de l'énergie atomique (Rosatom), Sergueï Kirienko, lors du lancement de la construction de la première centrale nucléaire flottante (CNF) au monde aux chantiers navals Sevmach, entreprise principale du Centre fédéral des constructions navales nucléaires située à Severodvinsk (région d'Arkhangelsk, nord-ouest de la Russie).

Pour étayer ses propos le patron de Rosatom a évoqué la tragédie du sous-marin nucléaire Koursk qui en 2000 avait sombré en mer de Barents. Désemparé par une formidable explosion, le submersible s'était rempli d'eau et avait coulé. Le réacteur avait résisté et s'était arrêté automatiquement conformément à un ordre donné par le système de sécurité. Par la suite, après le renflouement du navire, les spécialistes ont découvert un réacteur nucléaire intact, prêt à reprendre du service.

Effectivement, les vérifications les plus convaincantes sont toujours celles qui sont effectuées dans les situations extrêmes. Or, ce sont les réacteurs nucléaires testés sur les sous-marins et les brise-glace nucléaires russes qui seront utilisés pour équiper les centrales flottantes.

La première de ces centrales sera baptisée "Akademik Lomonossov", en l'honneur du grand savant russe Mikhaïl Lomonossov (1711-1765). Sa construction devrait être achevée en 2010. Elle sera définitivement ancrée en mer Blanche, non loin de Sevmach. La centrale approvisionnera en courant les structures industrielles et domestiques de l'entreprise.

Le coût du projet est estimé à 200 millions de dollars avec une durée de fonctionnement de 38 ans et un retour sur investissement échelonné sur 7 ans. D'ailleurs, ainsi que Kirienko l'a souligné, il ne s'agit encore que d'un projet pilote, par la suite les CNF reviendront meilleur marché et leur construction ne demandera plus que trois ans. La nouvelle version de la centrale nucléaire sera d'un gabarit plus réduit par rapport à sa "soeur" terrestre et elle sera aussi environ quinze fois moins puissante. La première CNF de 70 MW alimentera en électricité l'infrastructure de Sevmach (l'entreprise a investi 20 millions de dollars dans le projet), un cinquième du courant sera vendu. Les perspectives des centrales nucléaires flottantes sont très prometteuses. Elles sont une véritable aubaine pour les régions disposant de ressources énergétiques limitées, pour les grandes entreprises industrielles réclamant un approvisionnement régulier en courant en l'absence de source d'énergie centralisée. La CNF construite aux chantiers navals Sevmach sera remorquée jusqu'au lieu de son ancrage. D'ici à 2015, la Russie construira sept CNF. Elles seront installées au Tchoukotka, au Kamtchatka, en Iakoutie et à Taïmyr.

La transportabilité de l'innovation technologique russe, la possibilité d'implantation dans n'importe quel secteur du littoral attirent l'attention des Etats étrangers maritimes et insulaires. D'après Rosatom, douze pays ont déjà fait part de leur intérêt, dont l'Indonésie, la Malaisie, la Chine. La centrale en chantier à Severodvinsk servira en quelque sorte de modèle de démonstration pour les clients potentiels.

Quels sont les principes de fonctionnement de la centrale nucléaire flottante? Dans les eaux littorales, non loin des sites à approvisionner en courant (ville, bourg, entreprise), on choisit un emplacement adapté à un ancrage. L'installation est acheminée au moyen d'un remorqueur. Elle comporte deux réacteurs ainsi que des locaux techniques et domestiques. Il est prévu d'aménager sur le littoral une infrastructure compacte: transformateurs, pompes, etc. La centrale pourra alimenter en courant une ville de 200.000 habitants. Si elle est utilisée pour le dessalement de l'eau de mer, elle sera en mesure de fournir 240.000 mètres cubes d'eau douce par vingt-quatre heures. La CNF permettra d'économiser jusqu'à 200.000 tonnes de charbon et 100.000 tonnes de fuel par an. Son cycle de vie sera entièrement assuré par l'infrastructure du complexe nucléaire russe.

Le fait de parler d'un site nucléaire suscite toujours de la méfiance. Les critiques du projet invoquent, entre autres choses, sa vulnérabilité écologique en cas de cataclysme naturel. Cependant, le lieu d'implantation de la centrale est fixé après des études très poussées et en fonction de règles bien établies: personne n'ancrera une CNF dans une zone de tsunamis. "Il n'y aura pas de Tchernobyl flottant, a assuré Sergueï Kirienko. L'expérience colossale de l'exploitation des réacteurs dans la flotte de brise-glace de la Russie (7.000 réacteurs an!) en est une garantie".

Les concepteurs de la CNF affirment que l'idéologie et le principe technologique placés dans le projet assurent une haute fiabilité et excluent toute pollution radioactive de l'environnement. Lorsque la centrale lèvera l'ancre, elle laissera le site absolument propre.

Les concepteurs du système de sécurité de la CNF ont également pris en compte le péril terroriste. L'accès non sanctionné aux matériaux fissiles se trouvant à bord de la centrale sera interdit au moyen de ce que la science et la technique offrent de plus performant en matière de sécurité, notamment en recourant aux technologies biométriques: empreintes digitales, identification par l'iris, etc. Des mesures sont prévues pour interdire toute attaque éventuelle de plongeurs terroristes. Des moyens techniques de protection extérieure ont été prévus. Par exemple, un avion qui percuterait la CNF n'aurait aucune chance de détruire le réacteur.

D'autre part, la Russie ne vendra pas la centrale nucléaire flottante à un acheteur éventuel. Elle ne commercialisera que son produit, à savoir l'électricité. Par conséquent la question de la prolifération des technologies nucléaires ne se pose pas. Une fois un contrat signé avec un pays, la centrale nucléaire flottante battant pavillon russe jettera l'ancre à proximité du littoral du pays en question et entrera en contact avec les services techniques terrestres de l'endroit. Ensuite les réacteurs seront lancés et le client recevra du courant.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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