Conférence sur l'Irak: quel rôle pour la Russie?

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Par Marianna Belenkaïa, RIA Novosti
Par Marianna Belenkaïa, RIA Novosti

Les 3 et 4 mai, la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh doit accueillir une conférence internationale sur l'Irak. Quel rôle y sera réservé à la Russie?

On sait que cette conférence se déroulera en deux phases. La première journée sera marquée par une réunion portant sur le lancement du "Pacte international pour l'Irak", fruit de la coopération entre le gouvernement irakien et l'ONU. Il s'agit d'un plan prévoyant la prise d'une série de mesures économiques, politiques, militaires et sociales en vue d'assainir la situation dans le pays. Ce plan tracera les missions que le gouvernement irakien envisage de réaliser à moyen terme ainsi que les engagements financiers de la communauté internationale.

Cette réunion s'inscrit, en effet, dans la poursuite des travaux du groupe des donateurs de l'Irak qui ont débuté en octobre 2003 à Madrid. Cette fois, cependant, les dossiers économiques et sociaux sont étroitement liés au règlement des problèmes politiques et à la stabilisation de la situation en matière de sécurité. Ce qui est logique, car les quatre années qui se sont écoulées depuis le renversement du régime de Saddam Hussein ont montré que les efforts déployés pour reconstruire les infrastructures économiques et sociales de l'Irak butaient sur des problèmes de sécurité. Spécialistes des compagnies étrangères et représentants des organisations humanitaires deviennent victimes des terroristes aux côtés des Irakiens, et il est pratiquement impossible de travailler dans ces conditions.

L'amère expérience russe en témoigne. En 2004, le personnel de la société russe Interenergoservis a subi en un mois et demi trois agressions - deux prises d'otages et un tir sur un autocar - qui ont tué trois personnes et en ont blessé huit. Après cette tragédie, les compagnies russes travaillant en Irak ont évacué pratiquement tous leurs employés. En juin 2006, une attaque a été dirigée contre le personnel de l'ambassade russe: l'enlèvement et l'assassinat de quatre employés de l'ambassade avaient alors été revendiqués par un groupe proche d'Al-Qaida.

Notons que la Russie ne fait pas partie des donateurs irakiens et qu'elle préfère aider ce pays sur une base bilatérale. La Russie a accepté d'annuler une grande partie de la dette irakienne, a aidé à la reconstruction des grands ouvrages d'électricité et a exprimé sa disposition à coopérer dans le domaine du pétrole. "Nous ne voulons pas que notre argent soit ventilé entre les différents fonds, mais nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement irakien sur des projets pratiques. Du moins, nos compagnies désirent revenir en Irak", a indiqué à RIA Novosti une source anonyme proche de la délégation russe attendue à Charm el-Cheikh.

Cet avis est partagé par le président de l'Union des industriels du pétrole et du gaz, Iouri Chafrannik, qui dirigeait auparavant le Comité pour la coopération culturelle, économique et technique avec l'Irak. Lors d'une conférence de presse donnée à la mi-avril à Moscou, il avait soutenu que les entreprises russes pourraient reprendre leurs activités en Irak dans le courant de l'année sauf cas de force majeure. D'après lui, les deux parties ont établi pour 2007 un agenda de rencontres d'affaires, de conférences et de visites de responsables irakiens en Russie. Autant d'éléments permettant de relancer la collaboration pratique. M. Chafrannik avait précisé que les Russes pouvaient travailler en Irak "comme investisseurs, associés et sous-traitants".

Compte tenu de ce qui précède, la Russie souhaite intervenir, pendant la première journée de la conférence, en qualité d'observateur et de membre actif du "Pacte international". Néanmoins, a poursuivi la source, le texte que les parties doivent adopter le 3 mai est très sérieux. Il importe cependant que tous les engagements pris par les parties soient mis en application, ce qui n'est pas simple. D'autant plus que, sur le plan juridique, cet accord n'aura pas d'effet direct, et que ses dispositions risquent de demeurer de belles déclarations, comme cela a déjà plus d'une fois été le cas dans le dossier irakien.

Quant à la deuxième journée de la conférence, le 4 mai, les pays voisins de l'Irak tiendront une réunion élargie aux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et aux représentants du G8.

C'est là que la Russie entend jouer un rôle actif. "Nous nous attendons à un débat constructif sur les mesures à prendre pour stabiliser la situation en Irak. Cette rencontre s'annonce utile vu le format réunissant toutes les forces extérieures intéressées au règlement irakien", a souligné la source. Selon elle, la Russie a sa propre vision de ce qu'il faut faire pour le règlement irakien et ses propositions pratiques à avancer. L'interlocuteur de RIA Novosti s'est abstenu d'en dévoiler les détails, car ils font l'objet de tractations, y compris avec plusieurs partenaires étrangers de Moscou. Il a toutefois assuré que la position russe sur l'Irak restait invariable. "Nous avons toujours prôné la nécessité d'une réconciliation nationale. Nous nous battons depuis 2003 pour inclure cette disposition dans toutes les résolutions des rencontres internationales sur l'Irak, et nous avons dû affronter certains de nos partenaires étrangers qui ne toléraient pas l'idée de la réconciliation. Aujourd'hui, tout le monde en parle. C'est déjà un pas en avant, mais le débat reste peu fructueux. Dans tous les cas, l'opposition irakienne ne participe pas à part entière au dialogue international autour du règlement de la situation en Irak", a résumé la source.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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