Revue de la presse russe du 30 mai

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta.ru

Riposte russe au déploiement du bouclier antimissile américain

La Russie vient de tester son nouveau missile balistique intercontinental RS-24 à têtes multiples, une réponse au déploiement d'éléments du bouclier antimissile américain en Europe de l'Est.

Le RS-24 doit remplacer les missiles balistiques intercontinentaux RS-18 (SS-19 Stilet) et RS-20 (SS-18 Satan) capables d'emporter respectivement six et dix charges nucléaires. Il correspond par ailleurs aux dispositions de tous les traités internationaux limitant les armements nucléaires stratégiques, a précisé le ministère russe de la Défense.

Il s'agirait du premier test d'un missile balistique intercontinental conçu sur la base du Topol-M mais doté d'une ogive Boulava. Vladimir Evseïev, chercheur au Centre de la sécurité international auprès de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (Académie russe des sciences), souligne le fait que le nouveau missile a été développé par l'Institut des technologies thermiques de Moscou, concepteur des missiles stratégiques terrestre Topol-M et naval Boulava-30, car le nouveau missile alliera certaines caractéristiques des deux premiers.

Selon M. Evseïev, les Russes ont besoin d'un nouveau missile. "La Russie fabriquera tous les ans 7 à 9 missiles à une tête. Si on se souvient qu'un missile a une durée de vie de 7 à 9 ans, il se trouve que la Russie disposera dans son arsenal de 180 charges nucléaires. C'est très peu. Selon le traité russo-américain sur la réduction des potentiels offensifs stratégiques, la Russie devrait avoir, d'ici 2012, entre 1.700 et 2.200 charges nucléaires. Ainsi, le lancement de la fabrication des missiles RS-24 à têtes multiples augmentera le nombre de charges nucléaires et renforcera la puissance stratégique de l'armée", a-t-il expliqué.

La Russie avait pour la première fois évoqué la conception d'un nouveau missile après que les Etats-Unis eurent annoncé la création d'un bouclier antimissile, avec plusieurs sites à l'extérieur du territoire national. Si les négociations n'en sont qu'à leur début avec la Pologne et la République tchèque, pays qui doivent abriter des éléments du bouclier antimissile, la Russie a opposé par ses tests de mardi une riposte éloquente aux projets américains. L'annonce a été faite à la veille de la visite à Moscou du premier ministre portugais José Sócrates qui assumera dans le second semestre de 2007 la présidence tournante de l'Union européenne. Si on n'oublie pas que la Russie cherche à faire de l'Europe son alliée dans la confrontation avec les Etats-Unis, cette coïncidence ne saurait être fortuite.

Nezavissimaïa gazeta

Le Traité d'Union Russie - Biélorussie remis en question

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a fait mardi plusieurs déclarations sensationnelles. Prenant la parole devant une délégation de la Région fédérale de Sibérie conduite par le gouverneur du territoire de Krasnoïarsk Alexandre Khloponine, il a déclaré : "Le Traité sur la fondation de l'Union Russie-Biélorussie est, de fait, dénoncé". A preuve, il a cité le problème des fournitures de viande et de sucre biélorusses à la Russie et la crise du pétrole et du gaz. Pourquoi, demande le président biélorusse, la Russie achète-t-elle du sucre à d'autres pays et bloque-t-elle les fournitures promises de sucre biélorusse? La situation concernant les fournitures de viande biélorusse à la Russie, dont les volumes se réduisent, ne l'arrange pas non plus. Il a également rappelé le prix du gaz qui a à peu près triplé en un mois et les taxes introduites sur le pétrole.

Selon lui, la position de Moscou est la raison de la dénonciation, de facto, du Traité d'Union. "Nous sommes prêts non seulement à mener le dialogue, mais aussi à entretenir de sérieux rapports avec la Russie. Mais nous voulons savoir ce que la Russie veut obtenir de la Biélorussie, quelles sont les raisons de telle ou telle proposition, par exemple, sur la création d'une monnaie commune". Le président biélorusse a rappelé qu'il n'était pas contre l'introduction d'une monnaie commune de l'Union Russie-Biéliorussie, mais qu'il s'opposait à que ce soit le rouble russe. Cela signifierait, en fait, que la Biélorussie fait partie de la Fédération de Russie. C'est inacceptable non seulement pour lui, mais aussi pour la majeure partie de la société biélorusse. Même l'opposition biélorusse irréconciliable a soutenu Alexandre Loukachenko sur ce point.

Alexandre Loukachenko a mis les points sur les "i". "Même si les Américains nous proposent de devenir le 51e ou le 55e Etat, nous ne l'accepterons jamais, a-t-il expliqué. Nous ne voulons faire partie ni de la Pologne, ni de la Lituanie, et nous ne ferons pas partie de la Fédération de Russie. C'est inadmissible et même dangereux, car cela entraînerait une nouvelle guerre de Tchétchénie à l'Ouest de la Russie".

Il a rejeté les accusations, selon lesquelles la Biélorussie "aurait trahi les intérêts des Russes en se tournant vers l'Occident". "Pourquoi la Russie se permet-elle le luxe de parler aux Américains, de flirter avec l'OTAN ... mais tout le monde s'indigne lorsque nous engageons le dialogue et commerçons avec l'Occident?" a-t-il fait remarquer.

En effet, pourquoi? La Biélorussie est un Etat souverain, membre de l'ONU, elle a le droit de le faire. Les observateurs ne peuvent que deviner les raisons de ces confidences d'Alexandre Loukachenko. Peut-être, sait-il déjà que le Traité d'Union ne sera pas réanimé.

Troud

Les "critiques" de Vladimir Poutine affichent leur satisfaction

Un groupe de peintres moscovites contemporains ont exposé leurs tableaux à Dresde. Baptisée "Learning from Moscow", cette exposition serait passée inaperçue si un scandale n'avait pas éclaté à la douane russe qui a empêché le départ en Allemagne de six tableaux qui, selon les douaniers, offensaient le président Vladimir Poutine.

Plus tôt, des poursuites judiciaires ont été intentées contre un journaliste d'Ivanovo et un journal d'Orel pour atteinte à l'honneur du chef de l'Etat.

Interrogés par le quotidien Troud, les peintres moscovites et les journalistes provinciaux ont avoué qu'ils n'avaient jamais rêvé d'une publicité aussi retentissante.

A Ivanovo, au nord-est de Moscou, le rédacteur du journal électronique local Koursiv, Vladimir Rakhmankov, a été frappé d'une amende de 20.000 roubles (près de 600 euros) pour avoir offensé le président russe. Les poursuites ont été déclenchées sur l'initiative du parquet, sans que le chef de l'Etat ou son administration aient porté plainte. Dans un article intitulé "Poutine symbole phallique de la Russie", le journaliste d'Ivanovo ironisait sur la hausse de la natalité, telle une réaction satirique au message annuel du président russe à l'Assemblée fédérale (parlement) axé sur la lutte contre la crise démographique.

Le journal Orlovskié Novosti édité à Orel, au sud de Moscou, a reçu un avertissement du parquet qui a menacé d'engager des poursuites contre le périodique pour avoir publié un montage photo où le gouverneur de la région "faisait des cornes" au chef du Kremlin.

Les tableaux saisis appartenaient aux peintres peu connus Viatcheslav Mizine et Alexandre Chabourov du collectif artistique "Les nez bleus", à Vadik Mamychev-Monro (Elton John a acheté un jour deux de ses tableaux) et à la galerie d'Aïdan Salakhova. Plus tôt, un galeriste britannique a été interpellé à l'aéroport Cheremetievo-2 de Moscou quand les douaniers ont découvert dans ses bagages des charges photo d'Oussama Ben Laden, George Bush et Vladimir Poutine signées "Les nez bleus". La douane a préféré laisser ces tableaux en Russie...

Les "victimes" de ses dérives, que sont-elles devenues? La rédactrice en chef d'Orlovskié Novosti, Tatiana Kouzmina, ne cache pas avoir profité du scandale en déclarant que son hebdomadaire provincial peu connu est passé à l'opposition, ce qui a fortement augmenté le tirage. "J'ai plus gagné que perdu, sur les plans moral et matériel", a mystérieusement avoué le journaliste Vladimir Rakhmankov, interrogé au téléphone par le Troud. Le collectif "Les nez bleus" se plaît dans le rôle de la "victime": le scandale signifie un profit commercial aussi bien pour les auteurs qui peuvent mieux vendre leurs oeuvres que pour les galeristes.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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