La Chine, nouvel acteur incontournable sur la scène africaine

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Par Vassili Zoubkov, RIA Novosti
Par Vassili Zoubkov, RIA Novosti

L'Afrique figurait parmi les principaux thèmes du sommet du G8 qui a pris fin le 8 juin dernier à Heiligendamm, en Allemagne. Comme toujours, il s'agissait de l'aide financière à accorder aux pays africains qui souffrent de la misère et des maladies. Nombreux sont les leaders africains qui refusent d'accepter les conditions imposées par les pays industrialisés en échange de subventions. D'autant plus qu'un nouvel acteur riche a surgi sur le continent noir, la Chine.

A la veille de l'adoption, par les dirigeants du G8, de la déclaration "Croissance et responsabilité en Afrique", les experts de l'ONU ont rendu public un document similaire intitulé "L'Afrique et les objectifs du millénaire pour le développement". Une coïncidence qui ne saurait être fortuite: les spécialistes de l'ONU ont sûrement voulu sensibiliser les leaders des pays les plus industrialisés du monde aux innombrables problèmes du Continent noir.

Dans son rapport, l'ONU constate que, malgré quelques avancées notables, la plupart des nations africaines n'ont pas réussi à faire suffisamment de progrès pour réduire l'extrême pauvreté et résoudre les problèmes de la santé et de l'enseignement. La conclusion des experts est alarmante: d'ici 2015, les pays africains ont très peu de chances d'atteindre les objectifs stratégiques de développement fixés par les Nations Unies.

Les experts onusiens notent que l'assistance des pays industrialisés aux pays de l'Afrique subsaharienne s'est accrue au cours des premières années du XXIe siècle. Mais, à partir de 2004, le volume des subventions n'a pratiquement pas changé sans tenir compte de l'annulation des dettes et de l'assistance humanitaire. L'argent que le G8 avait promis à l'occasion des sommets précédents pourrait suffire, selon l'ONU, à la réalisation des objectifs pour le développement de l'Afrique. Mais "ces engagements doivent nécessairement être transformés en projets pratiques assortis d'un contrôle régulier".

A Heiligendamm, les leaders des pays les plus riches ont tenté de répondre de manière adéquate aux critiques voilées de l'ONU. C'est la raison pour laquelle ils sont allés au-delà du discours traditionnel prônant leur intérêt à voir "une Afrique stable, démocratique et prospère". En effet, le nouveau programme d'aide à l'Afrique adopté en Allemagne élargit les engagements pris par les leaders du G8 il y a deux ans à Gleneagles, en Ecosse. Premièrement, le programme prévoit d'intensifier le processus d'annulation des dettes africaines à hauteur de 60 milliards de dollars. Deuxièmement, il a été décidé d'augmenter de 25 milliards de dollars les allocations annuelles d'ici 2010. Troisièmement, enfin, le G8 a décidé, en plein débat sur l'Afrique, d'octroyer 60 milliards de dollars supplémentaires à la lutte contre les maladies infectieuses, en premier lieu le sida. Et c'est le président américain George W. Bush qui a promis aussitôt de verser la moitié de cette somme.

En affichant leur satisfaction par les ententes concernant l'aide aux pays africains, certains dirigeants du G8 évitent une question délicate: les subventions à l'Afrique sont accordées de manière sélective. Ceux des pays qui, selon les Occidentaux, se sont engagés dans la voie de la démocratie, qui respectent les droits de l'homme et qui appliquent les réformes reçoivent de l'argent. En sont privés, en revanche, les pays aux régimes imprévisibles dirigés par des leaders réfractaires. Or, ce sont exactement les pays où sévissent la famine et les maladies, où l'économie est en état de délabrement et où se poursuivent des guerres civiles et des conflits interethniques. Parmi les Etats privés ainsi de l'assistance occidentale massive figurent le Soudan, l'Angola, la Guinée équatoriale, le Zimbabwe et le Gabon.

Par ailleurs, un nouvel acteur de poids a fait son apparition sur le continent africain. Cet acteur ne cherche pas à donner de leçons aux leaders africains ni à exiger d'eux le respect de certaines conditions en échange de préférences financières. Il s'agit de la Chine. Les Chinois octroient aux Africains des crédits avantageux, bâtissent des écoles et des hôpitaux. Ils investissent énormément dans les industries locales sans diviser les pays africains en bon et mauvais. La seule chose qu'ils réclament en échange des crédits bon marché et des investissements, c'est la loyauté vis-à-vis des entreprises chinoises. Cette politique a permis à Pékin de briser le monopole des Etats-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne et du Japon sur la coopération avec l'Afrique.

La Chine est devenue le premier donateur financier du continent noir. Le président de la Banque africaine pour le développement, Donald Kaberuka, affirme que, par le volume des investissements directs en Afrique, la Chine continentale dépasse toutes les anciennes puissances coloniales prises ensemble. Selon la Banque centrale chinoise, les investissements directs de la Chine placés dans l'économie africaine ont atteint presque 12 milliards de dollars à la fin de 2006, et leur volume doit progresser à 100 milliards de dollars à l'horizon de 2020. Le chiffre d'affaires des échanges de la Chine avec les pays africains s'est monté en 2006 à 55,5 milliards de dollars, soit presque le triple du volume du commerce avec la Russie.

Les investissements africains de la Chine apportent des résultats substantiels: un tiers du pétrole consommé par les Chinois vient d'Afrique. L'empire du Milieu s'y ravitaille en métaux non ferreux et rares, en d'autres minéraux, en bois précieux, en poissons, mais aussi et surtout elle peut y engager sa nombreuse main-d'oeuvre.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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