Kennebunkport: tout sur le "sommet des homards"

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De l'ABM aux célèbres crustacés, ce que l'histoire retiendra du sommet informel Bush-Poutine.
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Le président russe Vladimir Poutine a avancé une nouvelle initiative lors de sa rencontre informelle avec son homologue américain à Kennebunkport, dans le Maine, en lui proposant d'élargir la coopération en matière de défense antimissile.

Dans la résidence de Walker's Point appartenant à la famille Bush, le chef du Kremlin a participé à une partie de pêche et s'est vu offrir une trottinette électrique.

NOUVELLE OFFRE POUR LA DEFENSE ANTIMISSILE

L'initiative de Vladimir Poutine proposant aux Etats-Unis d'exploiter en commun non seulement le radar de Gabala (Azerbaïdjan), mais aussi un radar d'alerte antimissile en chantier dans le sud de la Russie est l'un des grands résultats de la rencontre de Kennebunkport.

"Nous ne sommes pas seulement prêts à engager dans le travail le radar que nous louons à Gabala", a indiqué le président russe lors d'une conférence de presse à l'issue des pourparlers, ajoutant que la Russie pourrait moderniser le radar azerbaïdjanais. "Si cela est insuffisant, nous sommes prêts à engager dans le système général (de défense antimissile) le nouveau radar en chantier dans le sud de la Russie qui est chargé de détecter les lancements de missiles", a-t-il dit.

"Dans ce cas, a poursuivi M. Poutine, il n'y a aucun besoin d'installer de nouveaux ouvrages en Europe, que ce soit un radar en République tchèque ou des missiles intercepteurs en Pologne."

Le locataire du Kremlin a par ailleurs proposé de mettre en place à Moscou et à Bruxelles des centres d'échange d'informations sur les lancements de missiles. "Nous proposons de créer un centre d'échange d'informations à Moscou. Nous en avons convenu il y a quelques années, et le temps est venu de réaliser ces ententes", a-t-il relevé.

"Un centre similaire pourrait être mis en place dans une capitale européenne, à Bruxelles par exemple, il s'agirait d'un système fermé fonctionnant en temps réel", a souligné M. Poutine.

Le président russe a noté que la Russie soutenait l'idée des consultations sur le dossier ABM. "Dans le même temps, a-t-il souligné, nous estimons qu'il est possible d'engager dans ces consultations les Etats européens intéressés et de les mener dans le cadre du Conseil Russie-OTAN."

Le président américain a pour sa part indiqué qu'il souscrivait à l'idée d'un concept régional de la défense antimissile. "Le président (Vladimir) Poutine a proposé un concept régional de bouclier antimissile. Cette idée me plaît", a-t-il souligné.

Interrogé sur la proposition russe d'exploiter en commun le radar de Gabala, M. Bush s'est contenté de déclarer: "C'est une idée intéressante, et nous poursuivrons les consultations là-dessus".

"Je pense que le président russe a fait un pas pratique et décisif en avant en proposant d'élargir les consultations pour y engager l'Europe et l'OTAN", a indiqué le président américain.

Les Etats-Unis envisagent d'installer un radar antimissile en République tchèque et des missiles intercepteurs en Pologne pour parer à d'éventuelles attaques venant d'Iran ou de Corée du Nord. Moscou rejette les arguments américains en estimant que le déploiement du bouclier antimissile à ses frontières représente une menace à sa sécurité.

Lors du sommet du G8 de Heiligendamm (Allemagne), en juin dernier, Vladimir Poutine avait proposé à George W. Bush d'exploiter en commun le radar azerbaïdjanais de Gabala, loué par la Russie, pour dissuader les Etats-Unis de déployer leur bouclier antimissile en Europe de l'Est.

Le radar de Gabala permet non seulement de détecter les missiles quelques secondes après leur décollage, grâce notamment à des satellites placés en orbite géostationnaire, mais aussi de surveiller dès les premières secondes leur trajectoire et d'en préparer l'interception.

Vladimir Poutine a par ailleurs annoncé que la Russie et les Etats-Unis poursuivaient leur collaboration sur le dossier iranien au Conseil de sécurité de l'ONU.

"Nous avons attaché beaucoup d'attention au dossier iranien, a pour sa part indiqué M. Bush. Je suis préoccupé par le risque que l'Iran puisse concevoir l'arme nucléaire. Je ne parle pas au nom du président (russe), mais je pense qu'il partage mes préoccupations."

AMITIE PERSONNELLE ET RELATIONS BILATERALES

Le président russe a souligné au cours de la conférence de presse que la Russie et les Etats-Unis n'étaient plus ennemis et que les relations entre les deux pays n'en finissaient pas de se renforcer.

"Je pense que nos relations évoluent bien et qu'elles se renforcent. Les relations entre la Russie et les Etats-Unis ont une différence qualitative par rapport à celles qui existaient avec l'URSS. Nous ne nous regardons plus dans la ligne de mire, cas nous ne sommes plus ennemis", a souligné M. Poutine.

De son côté, le président Bush a constaté que l'amitié personnelle qui existe entre les deux leaders contribuait largement au développement des relations russo-américaines, avant d'indiquer qu'il faisait confiance à son homologue russe.

"Quand on a affaire à un chef d'Etat, on ne sait jamais s'il dit la vérité ou non. Avec Vladimir Poutine, je ne me suis jamais posé cette question", a souligné le chef de la Maison Blanche.

"Parfois, il dit des choses que je préférerais ne pas entendre, mais il dit toujours la vérité. Si je lui fais confiance? Bien sûr que oui", a souligné M. Bush.

Le chef de l'Etat russe a pour sa part indiqué que les deux pays avaient "des problèmes communs" et qu'ils étaient "prêts à s'écouter l'un l'autre".

Selon les experts, la visite de Vladimir Poutine aux Etats-Unis a largement favorisé le renforcement de l'amitié entre les dirigeants russe et américain. M. Bush a reçu son homologue russe dans la résidence de Walker's Point près de Kennebunkport, dans le Maine. Cette propriété fut achetée à la fin du XIXe siècle par le banquier George Herbert Walker, arrière-grand-père du président américain, qu'il légua à son gendre, le sénateur Prescott Bush.

Sous la présidence de George Bush père, cette propriété familiale avait accueilli, entre autres, le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, la première ministre britannique Margaret Thatcher et le président français François Mitterrand.

DES HOMARDS ET UNE TROTTINETTE

Le séjour du président russe Vladimir Poutine dans le domaine familial des Bush a commencé par une promenade en mer à bord du canot à moteur Fidelity-3 en compagnie de George Bush père et fils.

Au dîner, les convives se sont vu servir des homards de 1,5 kg qui font la gloire de l'Etat du Maine, ce qui a permis au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov de qualifier la rencontre de Kennebunkport de "sommet des homards".

Le lendemain matin, Vladimir Poutine a participé à une partie de pêche en compagnie de George Bush père et fils où il a attrapé un sébaste de 45 cm de long qu'il a immédiatement remis en liberté.

Au terme de son séjour aux Etats-Unis, le chef du Kremlin s'est vu offrir une trottinette électrique Segway dont la famille Bush se sert pour se déplacer à l'intérieur de la résidence de Kennebunkport.

"On m'a dit qu'il (Vladimir Poutine) a essayé la trottinette, quoique je ne l'aie pas vu, et qu'il faisait des progrès", a déclaré George Bush père à la presse.

La Segway, dotée de deux roues parallèles, se conduit debout en se penchant tantôt en avant tantôt en arrière pour la mettre en marche.

Le père du locataire de la Maison Blanche a ainsi expliqué l'origine d'un écriteau qu'on peut voir à l'entrée de la résidence de Walker's Point. Cet écriteau qui porte la mention "Attention au président en trottinette! Ralentissez!" est apparu à la suite d'un léger accident: au premier essai de la trottinette, George Bush fils était tombé de l'appareil, les photos de sa chute ayant défrayé la chronique américaine.

(Dossier préparé par la rédaction de RIA Novosti)

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