Revue de la presse russe du 16 juillet

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï

Suspension du Traité FCE: avis d'experts russes

Les contradictions entre la Russie et l'Occident en matière d'armements et de défense globale deviennent de plus en plus aiguës, note lundi le quotidien russe Vremia novosteï.

Le président russe, Vladimir Poutine, a signé samedi un décret suspendant l'application par la Russie du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE) et des accords qui lui sont liés. Le journal a recueilli les avis de plusieurs experts.

Guennady Evstafiev, ancien agent du Service de renseignements extérieurs:

"Par le décret suspendant l'application du Traité FCE, la Russie a de nouveau donné à l'Occident la possibilité de réviser sa position à l'égard de ce document. Si l'Occident ne réagit pas, la Russie sera dans l'obligation de se retirer du traité. Mais elle devra alors proposer immédiatement sa vision de la façon dont doit être assurée la sécurité en Europe dans les conditions nouvelles.

A l'époque de la création du traité FCE (en 1990 - n.d.l.r.), nous [la Russie] et nos partenaires du Pacte de Varsovie avions un grand avantage militaire sur l'OTAN (environ 2 à 1). A l'heure actuelle, surtout après l'élargissement [de l'Alliance] de 19 à 26 membres, l'OTAN a un avantage face à la Russie quant aux armements conventionnels (3 à 1).

Un autre problème est le fait que les troupes russes se sont retrouvées éloignées des frontières au nord-ouest et au sud du pays. Avant la désintégration de l'URSS, les troupes soviétiques étaient déployées notamment dans la région militaire balte. Après le démembrement de l'Union soviétique, elles ont été retirées en Russie, le traité FCE imposant des "restrictions de flancs".

Vladimir Beloous, expert du Centre de sécurité internationale de l'Académie des sciences de Russie:

"L'Occident a reçu une nouvelle chance de ratifier le traité [adapté] et d'entamer sa mise en oeuvre. Au cours de la session extraordinaire sur le traité FCE à Vienne, la Russie a formulé plusieurs exigences à ses partenaires occidentaux, mais au lieu d'agir, l'Occident s'est contenté de la rhétorique. Pour justifier la non-ratification du FCE [adapté], il était à nouveau invoqué que la Russie ne respectait pas les ententes d'Istanbul de 1999 sur le retrait des troupes russes de la Géorgie et de la Moldavie. Mais il est artificiel de lier la situation en Géorgie et en Moldavie au traité FCE, le document ne comportant aucune référence à ces ententes. Qui plus est, de facto les véhicules lourds et les troupes ont été évacués de la Moldavie. Le petit contingent qui y reste encore remplit les fonctions de maintien de la paix et s'occupe de la protection des dépôts de munitions en Transnistrie (république autoproclamée au sud de la Moldavie), près de la station Kolbasnaïa. Les bases russes sont en train d'être évacuées de la Géorgie, l'opération devant s'achever d'ici l'automne 2008.

Actuellement, le traité FCE correspond plus aux intérêts de l'OTAN qu'à ceux de la Russie. L'OTAN a de sérieux avantages en matière de chars, de pièces d'artillerie, de blindés. Le déploiement de groupes d'attaque américains en Roumanie et en Bulgarie et l'installation d'éléments du système antimissile américain en Pologne et en République tchèque ne fait pas non plus le jeu de la Russie. Si la situation ne change pas, le traité FCE sera caduc".

Vedomosti

Deripaska est prêt à partager son capital avec l'Etat

Si l'Etat demande à Oleg Deripaska de lui céder son principal actif, la société UC Rusal, il obéira. L'entrepreneur l'a déclaré dans son interview récemment accordée au Financial Times. "Si l'Etat nous dit que nous devons le céder, nous le céderons. Je ne m'oppose pas à l'Etat, et mes intérêts sont les siens", a-t-il affirmé.

Certains experts considèrent cette déclaration de l'industriel russe comme une intention de démontrer sa loyauté au pouvoir, d'autres comme une tentative d'attirer des investisseurs avant l'introduction de la société en bourse (IPO). Le Kremlin affirme que l'Etat ne souhaite pas acquérir de parts dans cette société productrice d'aluminium. Trois sources différentes au sein de l'administration présidentielle ont assuré à "Vedomosti" que M. Deripaska n'avait reçu aucune proposition de céder à l'Etat une part dans le capital d'UC Rusal.

Selon le porte-parole de l'industriel, Gueorgui Oganov, la déclaration de M. Deripaska n'est rien d'autre que sa réponse à une question d'un journaliste. M. Oganov est persuadé que cette interview ne laisse pas supposer que Deripaska soit prêt à céder à l'Etat une part dans le patrimoine social d'UC Rusal. Il affirme également que les autorités n'ont fait aucune proposition concernant cette cession. De son côté, la porte-parole d'UC Rusal, Véra Kourotchkina, ajoute que les autorités ne reprochent rien à la société.

"Cette déclaration est soit un acte de désespoir, soit une astuce utilisée à la veille de l'IPO de Rusal pour rassurer les futurs actionnaires minoritaires et leur montrer que leur sort sera bien différent de celui des actionnaires de Yukos", estime le sénateur et copropriétaire de Nortgaz, Farkhad Akhmedov.

A la question de savoir si l'IPO protégera UC Rousal dans le cas où le Kremlin tenterait d'établir son contrôle sur la société, M. Deripaska a dit qu'il n'avait aucun intérêt à introduire son entreprise en bourse et que cette idée appartenait à d'autres actionnaires. En mai dernier, un autre copropriétaire de la société et le président du conseil des directeurs d'UC Rusal, Viktor Wekselberg, avait déclaré que "l'initial public offering" de la société pourrait avoir lieu en novembre.

"Dans l'économie classique de marché, la déclaration selon laquelle le propriétaire d'une société est prêt à l'abandonner ferait peur aux investisseurs, mais en Russie, où l'affaire Khodorkovski est encore présente à la mémoire, c'est plutôt bon signe: au cas où un homme d'affaires aurait des problèmes, comme le patron de Yukos, il s'en ira, et les investisseurs resteront", estime Alexeï Makarkine, expert du Centre des technologies politiques. M. Deripaska se comporte en partenaire mineur de l'Etat, et son comportement traduit une nouvelle forme de "partenariat publico-privé", conclut l'expert. De son côté, le directeur administratif d'Aton, Stephen Dashevsky, est persuadé que la déclaration de M. Deripaska n'aura aucune incidence sur la décision des investisseurs d'acheter les actions d'UC Rusal. Tout le monde sait que cet homme d'affaires figure parmi les personnes les plus proches du Kremlin, et nul n'a l'intention de le déposséder de sa société". Selon M. Dashevsky, le coût d'UC Rusal varie entre 25 et 30 milliards de dollars.

Propriétaire d'une fortune évaluée à 16,8 milliards de dollars, M. Deripaska arrive en deuxième position dans la liste des personnes les plus riches de Russie établie par le magazine Forbes.

Expert

Le Kosovo: un mal de tête pour l'Europe

Le problème du Kosovo ne cesse pas d'hanter les Européens. D'une part, ils soutiennent les Etats-Unis, car ils craignent la guerre civile. L'Union européenne, qui s'élargit et resserre ses rangs, ne souhaite pas voir surgir en Europe l'épicentre d'un nouveau conflit armé.

Mais d'autre part, les Européens se sentent en quelque sorte impuissants face à cette nation impulsive qui ne craint pas de faire la guerre. Aussi préfèrent-ils utiliser les Américains et l'OTAN en qualité d'instrument de pression. "Bruxelles a réellement l'intention d'offrir aux pays balkaniques un programme global de développement, programme qui aurait pour but de rattacher économiquement ces pays à l'UE et d'améliorer leur niveau économique pour ensuite les intégrer dans l'Union", a déclaré à "Expert" le directeur adjoint de l'Institut des Etats-Unis et du Canada, Viktor Kremeniouk.

Pour pouvoir lancer ce programme, l'Union européenne doit d'abord régler le problème du Kosovo. La seule voie permettant de le résoudre passe, à son avis, par l'octroi de l'indépendance à cette province. Bruxelles estime que dans le contexte de la croissance économique rapide des Etats balkaniques, l'accession du Kosovo à l'indépendance n'entraînera pas de conséquences négatives à long terme et qu'après l'adhésion de ces pays à l'UE, la haine ethnique entre les peuples de la région commencera peu à peu à disparaître.

Or, malgré cette vision optimiste des choses, les événements en matière d'octroi de l'indépendance au Kosovo risquent de prendre une tout autre tournure. Ainsi, il est à craindre que l'expansion démographique considérable des Albanais en Europe ne s'intensifie davantage. Dans le même temps, l'octroi de l'indépendance au Kosovo pourrait contribuer à la radicalisation de la Serbie. Le pouvoir à Belgrade regroupe non seulement des partisans de l'adhésion de la Serbie à l'UE (réunis autour du président Boris Tadic et le ministre de l'Economie Mladjan Dinkic), mais aussi ceux qui s'opposent au rapprochement avec l'UE, notamment le premier ministre Vojislav Kostunica. Au cas où le Kosovo se séparerait de la Serbie, cela ne tardera pas à renforcer considérablement ses positions, ainsi que les tendances nationalistes et antieuropéennes en général.

Un autre danger, c'est la criminalisation continue de l'économie kosovare. Aujourd'hui, les habitants de la province accusent la mission de l'ONU d'être responsable de la situation sociale et économique désastreuse au Kosovo, mais la véritable cause réside en ceci: depuis près de dix ans, l'économie kosovare n'existe que grâce à l'aide internationale, à la contrebande et aux fonds virés aux habitants du Kosovo par leurs parents travaillant à l'étranger. Selon les experts, 90% de l'héroïne consommée en Europe proviennent des Balkans. Le Kosovo joue un rôle central dans ce trafic. Tout porte à croire qu'après son accession à l'indépendance, cette province se transformera définitivement en un centre régional du crime organisé.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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