L'avènement de la période des "chasseurs de transition"

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Iouri Zaïtsev, conseiller titulaire à l'Académie du Génie, pour RIA Novosti.
Iouri Zaïtsev, conseiller titulaire à l'Académie du Génie, pour RIA Novosti.

A l'appel d'offres lancé par l'Inde pour l'achat de 126 chasseurs multi-rôles, la Russie a présenté le chasseur MiG-35 conçu au Groupe aéronautique RSK "MiG". "Notre représentant à New Dehli s'est vu officiellement remettre le dossier concernant notre participation au concours", a annoncé récemment la porte-parole du constructeur aéronautique, Elena Fedorova. L'avion russe rivalisera donc avec les chasseurs F-16 et F/A-18 Superhornet (USA), le Rafale (France), le Gripen (Suède) et l'Eurofighter (de conception européenne). A la clé, un contrat de 10 milliards de dollars, selon les estimations des experts.

Il y a deux ans, au Salon aérospatial de Joukovski MAKS-2005, la Russie exposait le prototype du "35", le MiG-29M/OVT. En janvier dernier, le "35" a été présenté au public. Six mois plus tard, il faisait fureur au salon MAKS-2007.

D'après la classification en vigueur en Russie, le MiG-29 est un chasseur de quatrième génération. Le MiG-29M, modernisé, appartient déjà à la génération 4+. Le chasseur de cinquième génération, lui, devait être construit en série vers 2012. Mais les travaux n'avancent pas aussi vite que prévu et, aujourd'hui, d'aucuns affirment que sa production pourrait être lancée à l'horizon de 2020. Voilà pourquoi ces dernières années on voit naître des modèles dits de transition. A leur nombre, le MiG-35, un avion de génération dite 4++.

Et cette génération de transition des chasseurs semble promise à un avenir prolongé. Leurs performances sont conformes aux besoins de l'armée de l'Air russe et des clients étrangers de l'industrie aéronautique russe. Dans leur création, le niveau de risque, technique et financier, est minime. Ce qui veut dire qu'au cours des quinze prochaines années ce sont justement les MiG-35 qui constitueront le gros des exportations russes d'avions de combat.

D'après les dirigeants de RSK "MiG", le MiG-35 doit dépasser quant à ses performances de combat et d'exploitation les chasseurs de quatrième génération et s'opposer avec succès, dans les combats aériens, aux avions de cinquième génération.

Perfectionner ses équipements électroniques de bord a été choisi comme le principal moyen d'améliorer les capacités de combat de l'avion. La conception aérodynamique elle-même du MiG-29, dont le potentiel est loin d'être épuisé, a permis de se concentrer sur l'électronique. Grâce à la coopération de RSK "MiG" et de l'équipementier Fazotron-NIIR, le MiG-35 devient le premier chasseur russe à être équipé d'un radar à scanner électronique ou, autrement dit, d'un radar réseau actif à phases (AFAR). Ce radar de bord, Zhuk (ou Jouk) AE, associe déjà l'avion à un matériel de cinquième génération. Sa capacité de détection est plus puissante que celle des radars installés à bord des chasseurs étrangers de génération 4++. Le Zhuk permet de mener une attaque contre plusieurs cibles aériennes à la fois, sans visibilité, définit le nombre de cibles en groupe et, d'après leurs indices secondaires, le type de ces cibles. Et en plus, le radar Zhuk-AE possède un potentiel de modernisation non négligeable : le nombre des ses modules émetteurs-récepteurs pourrait être augmenté de 50%. Ce qui permet encore d'améliorer ses performances, dont la portée de détection, le nombre de cibles poursuivies et attaquées.

Les systèmes optoélectroniques de détection et d'identification sont couplés au radar. Ils ont des circuits de télévision, à infrarouge et laser, garantissant la détection, l'identification et la poursuite automatiques des cibles, déterminant la télémétrie et désignant les objectifs à abattre. Le MiG-35 possède deux de tels systèmes.

L'un d'eux est destiné à traiter des cibles aériennes, l'autre des cibles terrestres et navales et aussi à servir de navigateur. Utilisés de manière autonome, les dispositifs optiques et électroniques assurent la discrétion du chasseur. Le combat aérien devient possible de jour et de nuit, dans les limites de la visibilité et hors celle-ci. Le complexe de défense du MiG-35 avertit le pilote, actionnant des moyens de protection: brouillages électroniques, leurres thermiques et électromagnétiques (antiradar). Si le chasseur est poursuivi par un radar ennemi ou s'il est capté par un télémètre à laser, le pilote reçoit un signal d'avertissement. Le poste de détection des missiles en attaque enregistre le tir et informe le pilote de l'axe d'approche.

Dans l'ensemble, les performances optoélectroniques du MiG-35 sont conformes à celles des chasseurs occidentaux de cinquième génération ou de génération 4++.

Autre nouveauté du MiG-35, son propulseur RD-33OVT (OVT veut dire "tuyère à poussée vectorielle", orientable à 360°), déjà testé sur le MiG-29. Une déflexion croisée des tuyères des deux propulseurs est également possible. Résultat, l'appareil atteint des régimes inaccessibles aux autres avions, devenant parfaitement man�uvrable à des vitesses maximales et minimales, y compris à la vitesse zéro, et peut même avancer la queue en avant.

De l'avis des concepteurs du MiG-35, les solutions technologiques utilisées lors de sa création (ce sont bien des solutions dites de cinquième génération), en font un avion qui n'a pas d'égal en Europe. Par rapport au MiG-29, ses réservoirs contiennent 50% plus de carburant et sa charge de combat est deux fois plus élevée. La masse au décollage maximale de l'avion a augmenté de 30%. En fait, de la classe des appareils légers, le Mig-35 passe à celle des avions moyens, alors que ses réservoirs extérieurs et son système de ravitaillement en vol portent son rayon d'action à celui des avions lourds!

La réduction du coût du cycle de vie de l'avion, c'est-à-dire des frais de conception, de construction, d'exploitation et enfin de démantèlement (au bout de dizaines d'années d'exploitation) est un des principaux perfectionnements sur le MiG-35. Par exemple, le fait que l'avion est visité en fonction de l'état réel de ses ensembles, ce qui est établi par des moyens de diagnostic, et non en respectant les heures de réparation réglementaires fixées une fois pour toutes, a permis de réduire les frais d'entretien. Et enfin, la durée de vie du planeur, des moteurs et des équipements a considérablement augmenté.

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