Revue de la presse russe du 22 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

Gazeta

Comité antidrogue et Comité antiterroriste: un "équilibre poutinien"

Le Comité national antidrogue, formé samedi par un décret présidentiel, sera dirigé par Viktor Tcherkessov, chef de Gosnarkokontrol (Agence fédérale russe de contrôle des stupéfiants), qui a exhorté récemment ses collègues "tchékistes" à ne pas se livrer à une lutte intestine, écrit lundi le quotidien Gazeta.

Le décret du président reproduit exactement le document portant sur l'instauration d'une autre "verticale", à savoir le Comité national antiterroriste, dirigé par Nikolaï Patrouchev, chef du Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie. Une partie des experts estiment que cette décision de M. Poutine équilibre les marges de manoeuvre administratives de MM. Tcherkessov et Patrouchev, qui ont des divergences depuis bien longtemps. Mais selon des sources émanant de l'administration présidentielle, ces deux responsables changeront bientôt de poste et quelqu'un d'autre recueillera les fruits du décret adopté samedi.

"Le président met au point un système d'équilibre, de façon à ce que personne de son proche entourage ne voie ses positions trop se renforcer ni s'affaiblir", pense l'analyste politique Alexeï Makarkine. Les postions de Viktor Tcherkessov se sont affaiblies "dans la lutte au sein de la communauté tchékiste", ce qui s'est reflété dans une lettre ouverte qu'il a adressée à ses opposants et récemment publiée dans les médias, poursuit-il. "Je pense que le président veut laisser les uns comme les autres au pouvoir", a ajouté l'expert en commentant le "renforcement" de M. Tcherkessov.

Un porte-parole de l'administration présidentielle fait remarquer cependant qu'Alexandre Beglov, assistant du président et chef du département de contrôle qui a occupé jusqu'en 2004 le poste de premier adjoint au représentant plénipotentiaire du président dans la région fédérale du Nord-Ouest, sera l'adjoint de Viktor Tcherkessov au sein du nouveau comité. Le poste de chef du département de contrôle a été jadis un tremplin pour Vladimir Poutine lui-même, c'est pourquoi Alexandre Beglov est classé parmi les personnages de tout premier plan quant aux "cadres de réserve" poutiniens.

Un autre responsable du Kremlin recommande, quant à lui, de ne pas chercher de double sens dans le décret de samedi, car les deux hommes, MM. Tcherkessov et Patrouchev, pourraient changer de poste dans les jours à venir. M. Patrouchev sera nommé secrétaire du Conseil de sécurité et M. Tcherkessov le remplacera au poste de directeur du FSB, selon lui. Les rivalités entre les différents clans des "siloviki" (responsables des ministères et des services chargés de la défense et de la protection de l'ordre public) seront ainsi atténuées, ne serait-ce que provisoirement.

Novye Izvestia

Démission de Larijani: un mystère qui en dit long

Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale de l'Iran et principal négociateur sur le dossier nucléaire iranien, a démissionné de son poste. Javier Solana, Haut représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité commune, aura pour interlocuteur à la rencontre prévue mardi à Rome le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Saïd Jalili. C'est lui qui remplacera également Ali Larijani au poste de secrétaire du Conseil de sécurité iranien.

Selon les déclarations officielles de Téhéran, Ali Larijani aurait lui-même demandé sa démission, car il souhaitait depuis longtemps passer dans d'autres sphères de l'activité de l'Etat. Permettons-nous d'en douter.

La démission du secrétaire du Conseil de sécurité iranien est intervenue trois jours après le départ de Vladimir Poutine de Téhéran, ce qui n'est certainement pas fortuit. La visite historique du président russe à Téhéran, présentée par la majorité de nos médias d'Etat comme une manifestation éclatante de l'amitié russo-iranienne et comme un pied de nez à l'Occident perfide avait, en réalité, un sens bien plus profond.

En fait, le bilan de la visite du président Poutine n'a été commenté que par un seul homme en Iran: Ali Larijani. Il a mentionné publiquement une "idée singulière" qui aurait été exposée par Vladimir Poutine à Téhéran et que l'Iran était déjà "en train d'étudier". Ali Larijani n'a pas caché son attitude positive envers cette "idée". Sa démission ne lui a pas permis de développer ce sujet. Cela veut dire que les dirigeants iraniens n'ont pas accepté cette "idée". Quelle est son essence? Des sources dans les milieux diplomatiques européens avancent la version suivante, que l'auteur de ces lignes est enclin à partager.

Les Etats-Unis ont laissé entendre à Moscou que le déploiement de la défense antimissile en Pologne et en République tchèque pourrait être reporté si l'Iran abandonnait son cycle nucléaire. Si l'Iran inquiète vraiment l'Amérique, raison avancée pour le déploiement de la défense antimissile, et si Téhéran n'a pas vraiment l'intention de se doter de la bombe atomique, alors Moscou fait aux deux parties une proposition prometteuse: l'Iran reçoit des Européens la technologie du cycle nucléaire complet sous les garanties diplomatiques de Moscou. En outre, Moscou construira toutes les centrales nucléaires dont l'Iran a besoin. En échange, Washington ajourne à 2015 au moins le déploiement de la défense antimissile en Europe et s'engage à ne pas lancer une opération militaire à l'égard de l'Iran. Telle est, selon ces sources, l'essence de "l'idée singulière" énoncée ces jours-ci par la Russie à Téhéran. Les interlocuteurs iraniens ont promis d'y réfléchir.

Mais ils n'ont pas réfléchi longtemps. La démission d'Ali Larijani est probablement la réponse de Téhéran qui, primo, ne fait pas entièrement confiance à la Russie, secundo, ne fait confiance à personne et, tertio, croit définitivement au caractère inéluctable d'un conflit avec les Etats-Unis, ce qui est de loin le plus alarmant.

(Auteur: Boris Iounanov, commentateur international).

Vremia Novosteï

Gaz: Total tente de renouer avec le russe Novatek

Le groupe français Total, qui a échoué il y a trois ans dans sa tentative d'achat d'une minorité de blocage de Novatek, cherche à renouer contact avec le principal producteur indépendant de gaz en Russie.

Soucieux de devenir un gros actionnaire de Novatek, le géant français se serait heurté en 2004 à l'opposition de Gazprom et du Kremlin. On a assez vite expliqué aux Français qu'ils s'étaient lancés dans la course aux réserves gazières russes "par le mauvais côté", ont reconnu alors des sources au sein de Gazprom et de Novatek lors d'entretiens informels.

Total a préféré ne pas crier au scandale et a pris note des remarques russes tout en entamant un dialogue stratégique avec Gazprom. L'été dernier, le groupe français est devenu le premier partenaire officiel du monopole gazier russe pour la première phase de la mise en valeur du gisement de Chtokman, en mer de Barents, en décrochant une minorité de blocage dans le capital de l'opérateur du projet.

Il y a trois ans, les actionnaires de Novatek avaient grand besoin d'argent (près de 700 millions de dollars) afin de régler leurs dettes envers les anciens copropriétaires de leurs actifs de production. Lorsque la transaction avec Total a échoué, ils se sont empressés de s'introduire en bourse en vendant un peu moins de 20% de leurs actions pour un total de 950 millions de dollars. Un an plus tard, il a été annoncé officiellement que Gazprom venait d'acquérir 19,6% de Novatek pour 2,3 milliards de dollars en obtenant parallèlement un droit de blocage.

Le protocole de coopération signé vendredi entre Novatek et Total ne répertorie pas les actifs concrets sur lesquels les parties pourraient travailler. Selon une source au sein de Novatek, ce document ne porte que sur les activités conjointes des deux compagnies. Dans le même temps, le capital social de Novatek a connu ces derniers temps une série de transformations pour le moins étranges. D'abord, la Vnesheconombank a vendu ses 5,6% sans dévoiler l'identité de l'acheteur. Ensuite, une société du nom d'Etana a acquis 19,34% de Novatek à la compagnie Levit dont le principal bénéficiaire n'est autre que Leonid Mikhelson... le président de Novatek. Chez Novatek, on affirme que la liste des principaux bénéficiaires n'a pas changé, mais on ne dévoile pas pour autant l'objectif de cette restructuration lancée par les actionnaires. On n'exclut donc pas la possibilité qu'il s'agisse de la préparation d'une revente de 25%.

Si tel est le cas, il est difficile de dire si ces actions tomberont entre les mains de Total ou de structures proches de Gazprom. On sait aussi qu'un autre partenaire européen du monopole gazier russe, l'italien Eni, a récemment manifesté un énorme intérêt pour les actions de Novatek. Le géant italien espérait obtenir le feu vert pour acheter des actions dans le cadre d'un échange d'actifs, mais il s'est heurté à un refus.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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