La Russie vue par la presse de la CEI et des pays baltes

S'abonner

 

ESTONIE

Les médias continuent de populariser la thèse des ambitions "impériales" de la Russie qui chercherait à rétablir son influence sur les Etats voisins.

"La croyance en le fait qu'un Etat peut dicter quelque chose à d'autres Etats témoigne de son incapacité fondamentale à comprendre ce que signifie avoir des voisins qui sont des Etats souverains. Le régime de Loukachenko, l'instabilité en Géorgie ou bien la situation compliquée en Ukraine sont considérés comme des raisons naturelles pour leur imposer son influence. L'idée que l'Etat doit avoir la possibilité d'influer sur la politique intérieure d'autres Etats est inhérente à la politique russe (Mote, supplément du journal Eesti päevaleht, 09.11).

LETTONIE

Les déclarations d'un diplomate russe sur l'intention de Moscou d'obtenir l'attribution au russe du statut de deuxième langue nationale a soulevé une vague d'indignation dans les médias. Selon certains analystes politiques, elles confirment l'intention de la Russie d'utiliser la population russophone de la Lettonie en tant que levier de pression politique sur ce pays.

"L'action actuelle du gouvernement letton en matière d'intégration de la société et d'apprentissage de la langue est efficace, et il n'est pas nécessaire de procéder à des changements dans ce domaine" (Diena, 09.11). "Dans le contexte actuel d'instabilité, de tels signaux de la part de la Russie doivent être soigneusement évalués, notamment dans le contexte de la formation d'une nouvelle coalition, car il y a un risque d'arrivée au pouvoir de partis qui partagent les intérêts de la Russie et qui ne tarderont pas à faire valoir ces intérêts. [...] Il n'existe aucune norme internationale qui puisse obliger la Lettonie à attribuer au russe le statut de langue nationale" (Latvijas avize, 09.11).

LITUANIE

Les questions de la souveraineté du pays et de la dépendance économique de la Lituanie vis-à-vis de la Russie constituent toujours un thème douloureux. Des experts les envisagent à travers le prisme de l'aggravation des relations entre la Russie et l'Occident.

"Les pays de l'UE ne nourrissent plus d'illusions sur la possibilité de voir des changements démocratiques rapides en Russie, mais ils souhaiteraient utiliser Moscou à leur profit. La Lituanie n'est pas encore en mesure de faire de la sorte" (Veidas, 05.11). "Cela ne fait aucun doute, espérer que la Lituanie puisse conserver une souveraineté au sens traditionnel en étant membre de l'Union européenne est tout simplement irréaliste. Il est tout aussi naïf d'espérer qu'elle parvienne à se soustraire à l'influence de la Russie ou qu'elle ne soit plus, d'une façon ou d'une autre, dépendante d'elle. Mais au lieu de discourir de la structure étatique de la Lituanie, comme si elle n'en possédait toujours pas ou qu'elle était sur le point de la perdre, il vaut mieux créer un idéal politique qui aiderait la Lituanie à sauvegarder son identité nationale, même si elle devenait un jour très dépendante de la Russie. Quelque chose, peut-être, à l'instar de la Finlande de l'époque de la "guerre froide" (Respublika, 31.10).

BIELORUSSIE

En analysant l'évolution des rapports biélorusso-russes, les médias de l'opposition en viennent à la conclusion que le projet d'édification de l'Union Russie-Biélorussie n'a aucune perspective. "Le principal paradoxe réside dans le fait que, malgré les modèles de développement, à première vue différents, choisis par la Biélorussie et la Russie après la désintégration de l'Union Soviétique, les conceptions des structures d'Etat deviennent, d'une année à l'autre, de plus en plus indiscernables dans les deux pays. Mais, au fur et à mesure de l'intensification de ce "rapprochement"... les contradictions se multiplient et le "rejet" mutuel s'accroît... Plus la Russie ressemble à la Biélorussie sur le plan politique, moins elle est attrayante. Surtout pour les Biélorusses... Par conséquent, il est même étrange d'entendre parler de tentatives réitérées d'édifier une "Union". Quels seront les membres de cette "Union": la "petite" et la "grande" Biélorussie? Il est peu probable que cela soit possible, les lois de la physique ne le permettront pas. Sans parler des deux élites politiques analogues qui ne pourront pas vivre en bonne intelligence dans un même Etat". (Telegraf, 12,11).

UKRAINE

Selon les estimations des analystes, malgré le fait que Moscou ait consenti à n'élever que très légèrement le prix du gaz pour l'Ukraine en 2008, Kiev devra dans un avenir proche payer la hausse considérable du prix des hydrocarbures. "Pour l'Ukraine, le passage aux nouveaux prix entraînera des milliards de dollars de dépenses supplémentaires. Si le prix est de 160 dollars (les mille m3), les dépenses pour l'importation de gaz s'accroîtront de 1,65 milliard de dollars pour atteindre 8,8 milliards de dollars. Si le prix est de 260 dollars, elles doubleront en dépassant les 14 milliards de dollars. (Gazeta 24, 07.11).

L'Ukraine sera contrainte d'accepter les conditions du marché de la Russie dans le domaine énergétique, car elle n'a pratiquement plus aucun moyen de faire pression sur son voisin du Nord, estiment les commentateurs. "Il est évident qu'un prix dépassant 200 dollars les 1000 m3 ne convient pas à l'Ukraine. Mais on ne sait pas comment le faire baisser. Viktor Iouchtchenko a proposé de compenser la différence du prix par l'élévation du coût du transit, mais les négociations à ce sujet avec Vladimir Poutine n'ont pas eu lieu... On a laissé entendre à l'Ukraine qu'elle ne pouvait pas dicter quoi que ce soit à Gazprom". (Aperçu russo-ukrainien Gouliaï-polé, 31.10).

"Même si nous élevons le prix du transit... nous n'y gagnerons rien. La Russie élèvera tout de suite le prix du combustible jusqu'à 230-250 dollars les mille m3, comme c'était prévu". (Ekspert-Oukraïna, 12.11).

De l'avis de nombreux médias, il est absurde de parler en ce moment d'orientation pro-russe de telle ou telle force politique en Géorgie. "Si quelque chose de mauvais se produit en Géorgie, la "main sanglante du Kremlin" y apparaîtra tôt ou tard... Cette main arrache des républiques autonomes à la Géorgie, fournit des sommes importantes en dollars aux "agents du FSB" (Service fédéral de sécurité) et étouffe la république fière par un blocus économique". (From-ua, 12.11).

En lançant des actions violentes, le président géorgien a discrédité l'idée même de "la révolution de couleur", ce dont le Kremlin ne manquera pas de profiter, estiment les journalistes. "Mikhaïl Saakachvili n'a pas remarqué la limite qu'il avait franchie... Il a fourni à la Russie un prétexte inespéré. Lorsque les premiers coups ont retenti à Tbilissi, on a bu du champagne au Kremlin". (Oukraïnskaïa pravda", 09.11).

MOLDAVIE

Certains observateurs sont certains que Moscou possède un plan secret de résolution du problème transnistrien, plan qui recèle une menace pour la souveraineté de la Moldavie. "Des débats animés ont lieu ces derniers mois dans les médias concernant l'existence d'un plan secret, bien que personne n'ait officiellement démenti ni confirmé son existence. On suppose que le nouveau document serait une version rédigée du plan Kozak (ancien représentant plénipotentiaire du président russe dans la Région fédérale du Sud, aujourd'hui ministre du Développement régional) prévoyant une fédéralisation de la Moldavie. Le président Vladimir Voronin avait refusé de le signer en 2003...". (Moldova Azi, 07.11). "L'idée de la démilitarisation de tout le territoire de la Moldavie n'est pas nouvelle... C'est une tentative subtile en vue de séparer Chisinau de l'espace euro-atlantique en conjurant la moindre tentative de rapprochement avec une structure du type de l'OTAN... Ses partisans (du plan Kozak) sont des "agents russes" ou ceux qui contribuent, volontairement ou non, aux jeux malintentionnés de Moscou". (Fluks, 02.11).

ARMENIE

Les experts politiques constatent avec regret que les partis et blocs politiques russes ne tiennent pas compte du facteur ethnique en dressant les listes de candidats aux élections à la Douma (chambre basse du parlement russe). Les communautés ethniques ont du mal à remporter du succès aux élections législatives en Russie, résume la presse. "La diversité ethnique de la puissance est très mal représentée sur la liste proportionnelle du parti Russie unie. En tout cas, pour le nombre d'Arméniens inscrits sur les listes électorales, le parti au pouvoir se trouve à la dernière place parmi les associations électorales ayant de réelles chances de succès... Il n'est pas difficile de deviner comment ils (Arméniens) ont réussi à se garantir des places sur la liste du LDPR (Parti libéral-démocrate de Russie). Les oligarques A. Eguiazarian et A. Sarkissian se disputent le titre de sponsor principal du LDPR ". (Novoïe vremia, 10.11).

Les déclarations de Mikhaïl Saakachvili, selon lesquelles tout ce qui se produit témoigne d'une attaque massive lancée par la Russie contre la Géorgie ont été qualifiées par certains médias de ridicules. "Dans son message adressé à la nation, le président géorgien a expliqué le recours à des mesures violentes par la menace pour la sécurité de l'Etat émanant de la Russie. Cette affirmation est d'autant plus ridicule que l'opposition ne nourrit aucun sentiment amical envers Moscou, bien au contraire". (Aïots achkhar, 09.11).

GEORGIE

Les tentatives des autorités géorgiennes pour accuser Moscou d'être responsable de la crise politique intérieure ont été interprétées par la majorité des commentateurs comme absurdes.

Les opposants ont commenté avec sarcasme les déclarations du président Mikhaïl Saakachvili. "J'espérais être accusé de pédophilie ou de viol... Saakachvili a manqué d'imagination: j'ai été accusé d'être agent pour la Russie", a déclaré L. Berdzenichvili, leader du Parti républicain. (24 saati, 08.11).

Après la dispersion violente des participants à l'action de protestation à Tbilissi, les experts sont sceptiques quant aux chances de la Géorgie d'adhérer à l'OTAN au cours des prochaines années. "Nous aspirons effectivement à adhérer à l'OTAN, la Géorgie en a besoin, mais il est superflu d'en parler en ce moment. Cette question est reportée pour longtemps". (Akhali taoba, 13.11).

Les économistes rappellent à Tbilissi un autre danger: la Russie peut couper ses livraisons de gaz vers la Géorgie. "Les rapports avec la Russie se sont de nouveau détériorés à cause de risques politiques inventés de toutes pièces... Nous nous trouvons en fait dans un isolement politique total. Le pouvoir géorgien doit régler d'urgence ses rapports avec l'Europe, l'Amérique et la Russie. Si la Russie décide de recourir à la méthode déjà familière de faire pression sur nous et cesse de nous livrer du gaz, nous serons complètement vulnérables". (Resonansi, 13.11).

AZERBAIDJAN

Selon les médias, la visite du ministre russe de la Défense Anatoli Serdioukov en Arménie témoigne de l'intention du Kremlin de conserver son contrôle sur son unique allié dans le Caucase. "Moscou essaie de se servir de l'Arménie pour renforcer ses positions dans le Caucase du Sud et accroître ainsi sa possibilité d'influer sur l'Azerbaïdjan et la Géorgie qui s'alignent ouvertement sur l'Occident". (Ekspress, 02,11.).

Selon les analystes, la Russie est intéressée au maintien de la tension autour de l'Iran. "La Russie a depuis longtemps abandonné l'Iran... Mais, d'autre part, la tension permanente autour de l'Irak, de l'Afghanistan et de l'Iran, provoquée à première vue par les Etats-Unis et leurs alliés européens, correspond entièrement aux intérêts de la Russie, car cela fait sans cesse monter les prix des ressources énergétiques. D'autant que l'Iran, qui cherche, à l'instar de Gazprom, à se faire sa place sur le marché européen du gaz, est en fin de compte un concurrent direct de la Russie... Plus la tension autour de l'Iran se prolongera, plus la Russie se sentira à l'aise sur le marché européen des ressources énergétiques. En outre, il sera possible de garder la face et de faire retomber toute la responsabilité sur les Etats-Unis et leurs alliés européens". (Zerkalo 03.11).

KAZAKHSTAN

La déclaration du président géorgien Mikhaïl Saakachvili sur l'implication de Moscou dans l'organisation de meetings de protestation à Tbilissi n'a pas été soutenue dans la presse. Les journalistes attribuent les actions de masse au niveau de vie très bas du peuple qui est le résultat de la politique appliquée par les autorités. Lorsqu'on se rend dans ce pays, le chômage massif et la misère sautent aux yeux. Bien que de nombreuses personnes louent Mikhaïl Saakachvili pour avoir établi de bons rapports avec les Pays-Bas et les Etats-Unis d'Amérique, il a perdu le marché russe où la Géorgie exportait ses vins et son eau minérale. Les frontières fermées avec la Russie, le durcissement du régime des visas, les hausses des prix des ressources énergétiques: tout cela s'est répercuté très négativement sur la situation économique de ce pays". (Aïkyn, 06.11).

KIRGHIZSTAN

La presse invite à profiter de l'expérience de la Russie dans l'édification de l'Etat et des partis. "La Russie... résout un problème difficile après un autre... Le président russe cherche à éviter une situation de crise en prévision des élections pendant la période transitoire de 2007-2008... Les recettes supplémentaires provenant de la hausse des prix du pétrole sont désormais versées au budget national. Des projets nationaux et de grands projets d'investissement sont en cours de réalisation... Il faut apprendre auprès de notre voisin, car le chemin parcouru par la Russie est un bon exemple pour le Kirghizstan. Il est important que la Russie et le Kirghizstan relèvent ensemble les défis". (Obchtchestvennyï reïting, 12.11).

TADJIKISTAN

Des publications indépendantes attirent l'attention sur l'aspect politique du problème de la migration illégale de la main-d'�uvre. "Nos ouvriers immigrés sont un atout entre les mains du Kremlin: il s'en sert lorsque ses intérêts politiques sont en question. L'expulsion des ouvriers immigrés tadjiks est une action politique du Kremlin... Le Kremlin sait parfaitement que le Tadjikistan et les migrants tadjiks ne sont pas un fardeau pour lui, car la Russie a besoin de main-d'oeuvre, elle s'assure de bons dividendes politiques et économiques grâce aux migrants". (Millat, 01.11).

TURKMENISTAN

Les médias parlent des aspects désavantageux pour le Turkménistan de la coopération avec la compagnie russe Gazprom qui refuse de changer les conditions des accords signés avec le Turkmenbachi (ex-président du Turkménistan). "L'Europe accepte de payer les livraisons turkmènes trois fois plus cher que le prix actuel établi pour la Russie et l'Iran. Conformément au contrat signé, le Turkménistan s'est engagé à vendre au monopole russe du gaz, depuis le début de 2007, 50 milliards de m3 de combustible bleu par an jusqu'au 31 décembre 2009, au prix fixe de 100 dollars les mille m3... Le nouveau président turkmène voudrait élever le prix des matières premières exportées à 150 dollars les mille m3, mais, comme l'a reconnu Gourbangouly Berdymoukhamedov à New York, les pourparlers avec la Russie sur le changement du prix du gaz sont difficiles. (Goundogar, 09.11).

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала