Revue de la presse russe du 30 novembre

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Législatives: les élections tournent au plébiscite

La campagne lancée par le Kremlin en vue de soutenir la participation aux élections prend de plus en plus d'ampleur: à la demande de l'administration présidentielle, les compagnies de téléphonie mobile ont commencé à envoyer à leurs abonnés des SMS les invitant à se rendre aux urnes, indique le quotidien Kommersant dans son édition de vendredi.

Les signes de la transformation de ces élections législatives en plébiscite de Vladimir Poutine s'accumulent et, s'ils n'auront aucune conséquence sur le plan juridique, ils en auront d'importantes sur le plan politique.

Anton Bogatov, président du conseil des directeurs du groupe d'investissement Nekster, fait remarquer que, bien que cette situation soit étrange, les actions des opérateurs ne peuvent pas être qualifiés d'illégales du point de vue juridique. "Certes, l'abonné peut considérer ces SMS comme des "spams", mais, malheureusement, le spam n'est pas interdit par la loi, par conséquent, même si l'opérateur envoie des SMS de ce genre chaque jour, il ne pourra pas être traduit en justice", constate-t-il.

Selon une information largement répandue, on oblige les travailleurs de telle ou telle entreprise à prendre des certificats les autorisant à voter hors de leurs bureaux habituels afin d'organiser un vote collectif sur le lieu de travail. On le fait, entre autres, en vue de vérifier que les citoyens ont effectivement voté.

L'expérience des élections dans l'espace postsoviétique prouve que ce genre de certificats constituent un instrument très efficace de manipulation des résultats du vote. 700.000 ont déjà été délivrés, soit plusieurs fois plus qu'en 2003.

L'opposition est certaine qu'un taux de participation élevé aux élections amènera aux urnes l'électorat protestataire qui ne votera pas pour le parti Russie unie, même avec Vladimir Poutine à sa tête. C'est pourquoi le pouvoir "n'a aucun intérêt à ce que le taux de participation soit réellement élevé", a avancé Boris Nadejdine, membre du bureau politique fédéral du SPS (Union des forces de droite). Selon lui, toute la campagne lancée pour assurer une large participation "vise à faire croire aux gens que la participation est effectivement importante". Cela pourrait entraîner des machinations de grande envergue, estime-t-il.

Dès le début de la campagne, les élections législatives ont été qualifiées par le "parti du pouvoir" de plébiscite de Vladimir Poutine. Un référendum est considéré comme valable à un taux de participation de 50%, mais, pour qu'il réussisse, il faut recueillir 50% des voix plus une voix: c'est-à-dire environ 30 millions de voix. Si Russie unie obtient un tel résultat aux élections législatives, alors le Kremlin recevra un atout important, non pas sur le plan juridique, mais politique.

Nezavissimaïa gazeta

Turkménistan-Azerbaïdjan: possibilité d'un compromis sur le partage de la Caspienne

Après une pause de sept ans dans les relations diplomatiques entre le Turkménistan et l'Azerbaïdjan, la nouvelle de la reprise de l'activité de la représentation diplomatique turkmène à Bakou a fait sensation dans les deux pays, lit-on vendredi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les experts rattachent ce changement de politique des dirigeants turkmènes à l'égard de l'Azerbaïdjan à leur volonté de trouver un compromis sur la question du partage de la Caspienne, compromis dont l'absence avait conduit à un moment donné à une crise dans les relations bilatérales.

Outre des divergences politiques sur le statut de la Caspienne, la rupture des relations entre les deux pays à la fin des années 1990 était la conséquence de leur différend concernant l'important gisement de pétrole de Kiapaz (nom turkmène du gisement de Serdar, dont les réserves sont évaluées à 80 millions de tonnes de pétrole et à 32 milliards de m3 de gaz) situé sur la frontière maritime entre les deux Etats.

Après la désintégration de l'URSS, l'Azerbaïdjan et le Turkménistan n'avaient pu s'entendre ni entre eux, ni avec l'Iran sur la délimitation des frontières de la Caspienne. Bakou insistait sur le partage de la mer par une ligne médiane à partir du littoral, ce qui lui assurait des avantages évidents en matière de ressources pétrolières, alors que le Turkménistan estimait qu'il serait plus équitable de partager la Caspienne compte tenu des puits de pétrole riverains.

La situation a changé après l'arrivée au pouvoir au Turkménistan de Gourbangouly Berdymoukhammedov. Les négociations sur les problèmes litigieux se sont intensifiées. Bakou y a répondu en proposant d'exploiter en commun le gisement de Kiapaz. Selon l'expert Ilkham Chaban, cette proposition correspond aux intérêts des deux Etats. L'Azerbaïdjan qui n'est pas seulement producteur de pétrole, mais aussi le principal fournisseur d'hydrocarbures pour le pipeline Bakou-Tbilissi-Ceyhan, est intéressé par l'obtention de volumes supplémentaires de pétrole et de gaz.

Ces circonstances, ainsi que la perspective de participer au projet européen Nabucco, incitent l'Azerbaïdjan et le Turkménistan à coopérer.

Gourbangouly Berdymoukhammedov a récemment consenti à rejoindre la Charte européenne de l'énergie ayant pour but de diversifier les livraisons de ressources énergétiques du bassin de la Caspienne au vieux continent. Selon Khochbakht Ioussifzade, premier vice-président de la Compagnie pétrolière nationale d'Azerbaïdjan (SOCAR), la réalisation du projet Nabucco sera facile. Les communications nécessaires existent déjà dans le bassin de la Caspienne, il reste à poser un tuyau de 60 km afin de relier le littoral turkmène de la Caspienne à celui de l'Azerbaïdjan.

Vedomosti

La transaction entre Gazprom et TNK-BP sur Kovykta reportée sine die

MOSCOU, 30 novembre - RIA Novosti. La transaction entre Gazprom et TNK-BP sur le gisement de Kovykta a été reportée. Gazprom préfère probablement ne pas se disperser et acquérir directement la moitié de la compagnie TNK-BP elle-même, et non certains de ses actifs, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

TNK-BP avait consenti en juin à vendre à Gazprom 62,9% des actions de la société Russia-Petroleum (qui possède une licence pour l'exploitation du gisement de Kovykta, et dont les réserves prouvées et probables sont évaluées à 2.020 milliards de m3 de gaz) et 50% des actions de la Compagnie gazière de Sibérie orientale. Les deux entreprises s'étaient promis de trouver un accord sur le montant de la transaction en trois mois. Alexandre Medvedev, vice-président du conseil d'administration du monopole russe du gaz, avait alors évalué les deux actifs gaziers à 600-800 millions de dollars, alors que Robert Dudley, président de la compagnie russo-britannique TNK-BP, espérait recevoir du monopole russe 850 à 900 millions de dollars.

Il était prévu de fixer toutes les conditions de la transaction avant le 1er décembre et de la conclure avant la fin de l'année. Mais elle a été reportée sine die pour des "raisons techniques", a expliqué un employé de Gazprom. Vladimir Bouïanov, représentant de BP en Russie, a confirmé, tout en se refusant à donner un délai et à en expliquer la cause.

Selon un responsable de Gazprom, les dirigeants du monopole ont décidé de faire une pause pour étudier l'achat d'une part de TNK-BP, et non de ses actifs. Cet avis a été confirmé par un haut fonctionnaire. Il est vrai, l'achat de TNK-BP nécessite une somme importante, se situant entre 18 et 25 milliards de dollars, mais dans un contexte de crise des liquidités, il est difficile d'obtenir un tel prêt.

La moitié de TNK-BP pourrait revenir à Gazprom à 20-25 milliards de dollars, soit 13 à 40% plus cher que si l'on se fonde sur la capitalisation actuelle de la compagnie, note Valeri Nesterov, analyste de Troïka Dialog, qui explique cette différence de prix par la prime de contrôle.

Aucune négociation concrète n'a pour l'instant été engagée, mais si un bon prix leur est proposé, les actionnaires russes de TNK-BP étudieront la question, affirme une source proche de ces derniers, d'autant que le moment est propice à un retrait du secteur pétrolier.

D'après les employés de TNK-BP, depuis plus d'un mois au sein de la compagnie circulent des rumeurs selon lesquelles Gazprom pourrait en devenir actionnaire. Vladimir Bobylev, représentant de TNK-BP, affirme que les bruits concernant la vente d'une part de la compagnie à Gazprom sont courants, mais que les copropriétaires ont assuré jusqu'ici que la structure des actionnaires ne changerait pas.

Vedomosti

Les droits de l'homme se dévalorisent aux yeux des Russes

Un sondage réalisé par le Centre Levada révèle que, selon les Russes, l'importance des droits de l'homme ne doit pas être surestimée, rapporte vendredi le quotidien Vedomosti.

Les citoyens russes se passent sans problèmes de la quasi-totalité de leurs droits, qui ont par ailleurs été considérablement dévalorisés.

Cette année, les chercheurs ont constaté une chute de l'ensemble des indices en la matière. Si en 2006, 64% des Russes considéraient le droit à la vie comme l'un des plus importants, en 2007, le pourcentage n'est déjà plus que de 46%. L'importance du droit au respect de la vie privée et du domicile s'est réduite de 12 pour cent. La valeur accordée aux autres droits figurant dans le questionnaire annuel du Centre Levada (liberté de parole, droit de propriété, droit de partir à l'étranger et d'en revenir, liberté de conscience, droit à l'information, droit à un emploi bien rémunéré selon sa spécialisation, droit d'élire ses représentants dans les organes du pouvoir, droit à l'éducation gratuite, à l'assistance médicale et à une prise en charge de la vieillesse et de la maladie) a diminué de 4 à 7 pour cent.

Le droit à l'éducation gratuite, à l'assistance médicale et à une prise en charge de la vieillesse et de la maladie (67% des réponses), ainsi que le droit à l'emploi (51%) sont les droits les plus importants aux yeux des habitants de la Russie.

Il ne s'agit sans doute pas d'un renoncement volontaire à ces droits. L'homme ne s'en souvient en règle générale que lorsqu'il a besoin de les défendre. La dynamique des priorités enregistrée par les chercheurs reflète un déplacement des craintes: les Russes ont moins peur pour leur vie et pour la possibilité de s'assurer un minimum vital; les revenus augmentent et la situation économique et sociale s'est stabilisée. Mais l'enseignement gratuit, les garanties sociales, ainsi que la qualité de l'emploi restent des domaines d'incertitude.

Les chercheurs constatent également une baisse des activités de protestation, qui est davantage due à l'expérience négative et au scepticisme quant à la possibilité d'obtenir quoi que ce soit par cette voie qu'à l'amélioration de la qualité de vie.

Selon un sondage réalisé au mois d'octobre par la fondation Obchtchestvennoïé mnienié (Opinion publique), 23% des Russes admettent la possibilité de participer à des actions de protestation, de rejoindre les manifestants, 66% ont exclu cette possibilité et 11% sont restés sans opinion. Or, la valeur des droits diminue avec la perte de confiance en la possibilité de les défendre.

On peut sans doute affirmer que les droits de l'homme ne se sont pas enracinés en Russie en tant que valeur absolue pour chaque citoyen. Autrement dit, les Russes ne sont pas prêts à défendre les droits de l'homme tant qu'ils ont un logement, un salaire et qu'ils peuvent régulièrement voir leur président préféré à la télé. Ils ne se rendent pas compte du rapport qui existe entre ces deux choses.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала