Pétrole: l'OPEP ne change rien

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

La 146e conférence de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'est tenue le 5 décembre dans la capitale des Emirats arabes unis. A la veille de cette rencontre, le cartel pétrolier qui contrôle environ 40% de toute l'extraction mondiale d'or noir avait subi une forte pression de la part des consommateurs de pétrole. Ils avaient exigé de l'OPEP un accroissement des livraisons de pétrole, dont le prix avait frôlé le mois dernier la barre des 100 dollars le baril, prix jadis inconcevable. Mais il est peu probable que le cartel vienne au-devant de leurs souhaits: à la veille de la conférence, le prix du pétrole avait baissé, sans aucune action de sa part, au-dessous de 90 dollars le baril (au moment de la publication de cet article, l'OPEP a d'ores et déjà opté pour le statu quo, ndlr.).

Néanmoins, le 21 novembre, le prix de "l'or noir" a atteint un record historique absolu: à la bourse de New York (NYMEX), un baril de pétrole américain WTI valait 99,29 dollars le baril.

La cause fondamentale du niveau inouï des prix est la demande stable de pétrole, en premier lieu, de la part des principales économies émergeantes du monde: celles de l'Inde et de la Chine. D'ailleurs, l'offre de matière première reste à un niveau suffisant et des prix aussi élevés tiennent compte des risques géopolitiques, en particulier de la probabilité d'une opération militaire américaine contre l'Iran qui risquerait de perturber les livraisons de pétrole en provenance du golfe Persique.

Mais les données qui ont été rendues publiques ces jours-ci par les services de renseignement américains témoignent que Téhéran a abandonné son programme de création d'armes nucléaires en 2003. Par conséquent, il est peu probable que le président américain George W. Bush trouve des alliés pour prendre des sanctions économiques sévères contre l'Iran, sans parler d'une attaque armée contre ce pays. Si la tension politique entre les Etats-Unis et l'Iran commence à diminuer, la pression spéculative sur les prix du pétrole se réduira également. D'autre part, la pression exercée sur l'OPEP par les consommateurs de pétrole en vue d'accroître l'extraction tendra à s'amenuiser.

Avant la rencontre de l'OPEP à Abou Dhabi, les prix du pétrole avaient déjà baissé au-dessous de 90 dollars le baril, soit une diminution d'environ 10% par rapport au prix maximal établi le mois dernier. C'est pourquoi des représentants du cartel avaient unanimement déclaré avant la conférence que les livraisons actuelles de pétrole sur le marché mondial satisfaisaient entièrement la demande et que l'accroissement de l'extraction n'était pas nécessaire.

Et ils avaient raison de l'affirmer. Les raffineries de pétrole des pays consommateurs de ressources énergétiques sont incapables de traiter une quantité de pétrole supérieure à celle qui est actuellement livrée sur le marché. Si l'on y fournit des volumes supplémentaires de matière première, cet excédent sera transféré dans les stocks commerciaux et les prix du pétrole tomberont au-dessous de 80 dollars le baril. Il est évident que dans des conditions où les acheteurs sont prêts à payer un prix élevé pour le pétrole, cette baisse des prix n'est pas dans l'intérêt des membres de l'OPEP.

Cela n'est pas non plus avantageux pour d'autres pays producteurs de pétrole, y compris la Russie, qui sont également habitués à vivre dans des conditions d'importantes recettes provenant de l'exportation de cette matière première. Par exemple, les recettes de la Russie provenant de l'exportation d'hydrocarbures atteindront cette année, d'après les prévisions, 220 milliards de dollars, soit 4 fois plus que ce produit d'exportation lui avait assuré en 2002, au début de la hausse stable des prix du pétrole.

Il est vrai, si les prix du pétrole approchent de nouveau la barre des 100 dollars le baril et plus, les ressources énergétiques onéreuses, ainsi que les problèmes sur le marché des crédits, pourront entraîner le ralentissement de l'économie mondiale, ce qui conduira à son tour à la chute des prix de "l'or noir" et à la réduction des revenus des pays producteurs de pétrole.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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