L'astéroïde 2007 WD5 menace-t-il la planète rouge?

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Par Tatiana Sinitsyna, RIA Novosti.
Par Tatiana Sinitsyna, RIA Novosti.

Les astronomes observent attentivement la trajectoire de l'astéroïde 2007 WD5, qui menace de s'écraser sur Mars, l'une des planètes les plus intéressantes pour les Terriens, le 30 janvier prochain. Les scientifiques estiment que la probabilité d'une collision est de seulement 1 sur 75. Néanmoins, tout ce qui concerne Mars intéresse et préoccupe les Terriens car ils cherchent à atteindre cette planète et élaborent même différents projets pour y parvenir.

"C'est le problème de la planification des vols spatiaux de ce type qui se pose", a indiqué à RIA Novosti le mathématicien et physicien Alexandre Bagrov, collaborateur de l'Institut d'astronomie de l'Académie russe des sciences. Au cours des millions d'années d'existence sur sa trajectoire, la Terre a "affaibli" le danger des flux météoritiques traversant son orbite. Cependant, concernant le trajet entre Mars et la Terre, les flux météoritiques peuvent y subsister pendant des millions voire des milliards d'années, c'est pourquoi, lorsqu'un appareil spatial emprunte ce trajet, la probabilité d'une collision est beaucoup plus importante que dans le cas de la rotation de ce même appareil autour de la Terre, selon lui.

Commentant la découverte de cet astéroïde dans l'espace cosmique, Alexandre Bagrov a souligné qu'il ne s'agissait pas d'un événement sensationnel. "A l'heure actuelle, des agences entières se consacrent à la recherche de différents corps spatiaux, elles découvrent des astéroïdes "par paquets", jusqu'à 300 par jour, et les cataloguent d'après le programme de surveillance des astéroïdes et des comètes géocroiseurs", a-t-il affirmé, qualifiant de "pur hasard" la découverte d'un astéroïde non loin de Mars. Pour pouvoir prédire avec certitude la possibilité d'une collision de ce corps avec la planète rouge, il importe de mesurer son orbite, a expliqué le chercheur. L'astéroïde a été découvert le 20 novembre dernier, or nous sommes aujourd'hui en janvier. Deux mois sont insuffisants pour établir précisément l'orbite de l'astéroïde. Pour ce faire, il est nécessaire d'observer une révolution complète au minimum.

La durée de la révolution dépend de la distance. Par exemple, pour un satellite terrestre, une heure et demie suffisent pour effectuer une révolution, et la Lune fait le tour de la Terre en à peu près un mois. Mais lorsqu'il s'agit d'un astéroïde, une mesure de très haute précision est nécessaire, qui n'est cependant pas encore connue sur Terre. Selon M. Bagrov, ce problème est extrêmement compliqué. Si, par exemple, un objet se dirigeant vers la Terre est découvert à une distance de 5 à 6 millions de kilomètres, des erreurs de mesure empêchent d'établir avec précision l'orbite de ce corps, d'autant que la Terre modifie cette orbite à cause de son attraction. Aujourd'hui, les scientifiques cherchent à examiner l'objet depuis deux ou trois observatoires à la fois, ce qui permet de calculer sa vitesse non seulement angulaire mais aussi linéaire. Or, une telle possibilité d'observation n'existe pas sur Mars.

Les dimensions de l'astéroïde qui s'approche de Mars peuvent être comparées à celles de la météorite de la Toungouska, tombée dans la taïga en Sibérie orientale le 30 juin 1908. "La météorite de la Toungouska mesurait entre 50 et 70 mètres de diamètre et ne peut pas être qualifiée de "grande", a commenté Alexandre Bagrov. Selon mes estimations, quelque 40.000 corps semblables, mesurant entre 3 et 150 mètres de diamètre, traversent annuellement l'espace circumterrestre".

Lorsqu'on évoque le problème du danger provenant de l'espace, la météorite de la Toungouska est un bon exemple. Les hommes possèdent des connaissances permettant de faire face aux tremblements de terre, aux inondations et à d'autres cataclysmes naturels dangereux, mais ils sont loin d'être prêts à parer la menace émanant de l'espace cosmique, ne faisant que leurs premiers pas dans ce domaine.

Cependant, il est intéressant d'examiner le "scénario de percussion" de l'astéroïde 2007 WD5 contre Mars. Etant donné que ce corps est comparé à la météorite de la Toungouska, on ne peut que se souvenir de ce qu'il s'est passé il y a cent ans dans le bassin de la rivière Toungouska. Un visiteur spatial inattendu avait alors percuté les couches denses de l'atmosphère et explosé. L'explosion a été d'une telle puissance qu'elle a abattu les arbres sur une superficie comparable à celle de Moscou aujourd'hui. Heureusement, cette région sibérienne était déserte et l'accident n'a fait aucune victime. En cas de collision d'un corps céleste d'une telle taille avec Mars, la planète subira un "astroblème", c'est-à-dire, une dépression à sa surface. Et comme il n'y a aucune vie sur la "planète rouge", les dégâts se limiteront à l'apparition d'un nouveau cratère.

Tout comme les autres planètes, Mars compte de nombreux cratères résultant d'impacts d'astéroïdes ou de comètes. Par exemple, la Lune, qui n'est pas protégée par une atmosphère, est constamment bombardée par des météorites. Rien qu'en 2007, 19 explosions résultant de percussions de météorites sur la surface lunaire ont été enregistrées, a annoncé le chercheur. "Celles-ci étant observables depuis la Terre, on peut imaginer la puissance de ces explosions", a-t-il ajouté.

Comme c'est à la Terre que nous nous intéressons avant tout, on peut se rappeler aussi qu'elle est très bien protégée contre les agressions spatiales grâce à son atmosphère qui représente une sorte de "bouclier". Nombre de corps pénétrant dans l'atmosphère terrestre s'y consument complètement. Mais parfois, ils percent ce "bouclier" et attaquent l'écorce terrestre, en formant un cratère. L'un des plus grands "astroblèmes" de la Terre se trouve en Russie, c'est le cratère de Popigaï, de quelque 130 kilomètres de diamètre. Il était encore complètement inconnu avant le début des observations de la Terre par satellite.

Mais le cratère le plus puissant de la Terre, de 300 kilomètres de diamètre, est caché sous les glaces de l'Antarctique et n'a été découvert qu'en mai dernier, à l'aide de sondes spéciales. Les "astroblèmes" modifient parfois considérablement l'aspect de la Terre. Ainsi, la chute d'une météorite géante il y a 60 millions d'années a formé le fond du golfe du Mexique.

L'atmosphère entourant Mars, bien que faible, sauve quotidiennement la planète des "visiteurs indésirables" venus de l'extérieur. Si un astéroïde devait tomber sur Mars, sa chute serait sans doute atténuée.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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