Méditerranée: l'US Navy à l'affût derrière la ligne d'horizon

S'abonner
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Le nouveau renforcement du groupement de l'US Navy en Méditerranée a suscité l'inquiétude de la Russie et de certains pays méditerranéens. Les spécialistes supposent que l'apparition de bâtiments de guerre américains au large de la Syrie et du Liban est le signe de la préparation d'une opération militaire des Etats-Unis dans la région.

L'arrivée récente du destroyer américain USS Cole (DDG-67) à proximité des côtes du Liban, en vue "d'apporter un soutien à la coalition au pouvoir", comme cela a été indiqué, a indigné l'opposition. Hassan Fadlallah, député Hezbollah au parlement libanais, a accusé les Etats-Unis d'agression contre le Liban.

Ces appréhensions sont-elles fondées?

Début mars, l'USS Cole a été remplacé par autre destroyer, plus moderne, l'USS Ross (DDG-71), et le croiseur USS Philippine Sea (CG-58). Tous ces navires sont dotés du système de combat Aegis et de nombreuses sortes de missiles, y compris des missiles de croisière Tomahawk et des missiles de DCA Standard SM-2. A la différence des SM-3 à quatre étages qui font partie du système de défense antimissile des Etats-Unis, les Standard SM-2 ont des capacités bien moindres en matière d'interception des missiles balistiques. En revanche, ils peuvent intercepter des cibles aérodynamiques: des avions, des missiles de croisière et des drones à une distance de plus de 300 km.

Cependant, malgré toutes ces capacités, le destroyer et le croiseur lance-missiles ne représentent pas une menace en eux-mêmes, mais davantage au sein d'un groupement. Le destroyer Ross et le croiseur Philippine Sea font partie du groupe expéditionnaire d'attaque Nassau de la marine américaine (NASSG), ayant à sa tête le porte-hélicoptères de débarquement du même nom (USS Nassau) envoyé en patrouille prolongée dans les zones d'implication des 5e et 6e flottes opérationnelles de l'US Navy. Ces zones qui se trouvent, respectivement, dans les océans Indien et Atlantique se croisent au Proche-Orient ainsi que dans les mers qui baignent cette région, qui seront le principal secteur de patrouille du groupe d'attaque.

En plus du LHA-4 Nassau, du Ross et du Philippine Sea, le groupement comprend le navire de transport et de débarquement USS Nashville (LPD-13), le navire de débarquement USS Ashland (LSD-48), le destroyer USS Bulkeley (DDG-84) et le sous-marin nucléaire polyvalent USS Albany (SSN-753). Les unités du 22e groupe expéditionnaire de marines, entraînées en vue d'effectuer des opérations spéciales, se trouvent à bord des navires de débarquement. Ce groupement peut aussi bien être utilisé indépendamment, pour effectuer des opérations d'envergure limitée, qu'en qualité de détachement d'avant-garde dans un conflit militaire important. Pour faire débarquer les marines sur le littoral, on utilise des aéroglisseurs, des hélicoptères et des tiltrotors (aéronefs à rotors basculants) installés à bord des navires de débarquement. La puissance d'action du groupe expéditionnaire d'attaque peut être renforcée par le soutien aérien des porte-avions des 5e et 6e flottes opérationnelles et des bases navales des Etats-Unis dans la région.

Les effectifs du groupe expéditionnaire d'attaque - aussi bien les équipages des navires que les marines - suivent tout au long de la navigation un entraînement spécialisé en prévision d'éventuelles actions sur le théâtre d'opérations proche-oriental, et prennent notamment des cours d'arabe.

La patrouille du groupe expéditionnaire d'attaque durera quelques mois. Début avril 2008, le groupe devrait quitter la Méditerranée par le canal de Suez et se diriger vers le golfe Persique. Durant cette période, il sera constamment en état d'alerte et prêt à lancer des opérations militaires.

Les groupes expéditionnaires d'attaque permettent au département de la Défense des Etats-Unis d'assurer, en combinaison avec d'autres moyens - avant tout, l'aviation de transport militaire bien développée et les groupes de porte-aéronefs de frappe - une concentration massive des forces dans les régions clés et, en cas de nécessité, de lancer des actions militaires en employant toutes les unités nécessaires après un bref temps de préparation et sans laisser à un adversaire potentiel le loisir de réagir de façon adéquate, surtout s'il s'agit d'un pays du tiers monde n'ayant pas la possibilité d'effectuer des opérations de reconnaissance en mer.

Par conséquent, l'inquiétude des pays du Proche-Orient et de la Russie face à l'apparition des bâtiments de guerre du groupe expéditionnaire d'attaque au large du Liban et de la Syrie est fondée: une importante force autonome capable de déclencher rapidement des actions militaires est apparue dans la région. Les assurances des Etats-Unis, selon lesquelles le destroyer et le croiseur "ne seront même pas visibles depuis la côte", ne sont destinées qu'à détourner l'attention. Les moyens installés à bord des navires du groupe expéditionnaire d'attaque permettent d'assurer le débarquement de marines en l'espace de quelques dizaines de minutes. Qui plus est, aucun navire n'a besoin pour cela de s'approcher du littoral à une distance permettant de le voir à l'oeil nu.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала