Revue de la presse russe du 7 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Vremia novosteï

Défense antimissile: des bombardiers stratégiques russes en Biélorussie?

Pour l'instant, Moscou continue à réfléchir à la meilleure manière de répondre au déploiement par les Américains d'éléments de leur système de défense antimissile (ABM) en République tchèque et en Pologne, et n'entreprend rien de concret, lit-on jeudi dans le quotidien Vremia novosteï.

Cependant, les fonctionnaires russes multiplient les déclarations acerbes sur les mesures de rétorsion possibles. Alexandre Sourikov, ambassadeur russe en Biélorussie, n'a pas exclu hier l'éventualité d'un déploiement de missiles russes Iskander et de bombardiers stratégiques dans ce pays.

"Lorsque la Pologne signera avec les Etats-Unis le traité sur le déploiement sur son sol d'éléments de la défense antimissile, nous pourrons examiner avec la Biélorussie certains aspects supplémentaires de la coopération militaire", a déclaré l'ambassadeur. Cependant, il a souligné qu'il n'était pas question d'un retour des armes nucléaires en Biélorussie (cette possibilité a été examinée par les experts), car les deux alliés "se conforment au traité TNP que personne ne peut violer".

Une source militaire bien informée à Moscou a confirmé hier au quotidien, sous le couvert de l'anonymat, qu'il était prévu de déployer dans la région de Kaliningrad des radars et des missiles capables d'intercepter d'éventuels missiles lancés vers la Russie, mais elle a déclaré ne disposer d'aucun renseignement au sujet de la Biélorussie.

La même source s'est montrée sceptique par rapport aux propos du diplomate russe sur le déploiement de missiles Iskander en Biélorussie: "L'objectif poursuivi n'est pas clair. Quoi qu'il en soit, les bases américaines en République tchèque et en Pologne se trouveront à une distance plus grande des frontières de la Biélorussie que celle que peuvent franchir les missiles du système Iskander, dont la portée de tir est de 280 km". "La Russie possède d'autres missiles stratégiques, par exemple, les RS-16 ou RS-20, destinés à intercepter des missiles, et il n'est pas obligatoire de les déployer en Biélorussie ou dans la région vulnérable de Kaliningrad", a-t-elle rappelé.

D'après l'interlocuteur anonyme du journal, il est "absurde" d'évoquer un déploiement de l'aviation stratégique en Biélorussie. "Les bombardiers stratégiques Tu-160 ayant un rayon d'action d'environ 13.000 km peuvent accomplir n'importe quelles missions à partir de leurs aérodromes de base à l'intérieur de la Russie. Le pays possède également d'excellents bombardiers à long rayon d'action Tu-22M3 capables de franchir jusqu'à 1.800 km à une vitesse supersonique. Dotés d'armes redoutables, ils peuvent parfaitement être une réponse au déploiement de la défense antimissile américaine en Europe de l'Est".

En outre, a poursuivi l'expert, Moscou continue d'espérer une "révision de la conception de la défense antimissile" après l'élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis.

Vedomosti

Poutine-Mechel: le mot qui valait des milliards

Peu d'hommes politiques dans le monde ont la possibilité d'évaluer le prix de leurs paroles littéralement en dollars, en livres ou en d'autres monnaies, et Vladimir Poutine fait partie de ce cercle restreint, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomosti.

Sa question "Où est la marge?", adressée le 24 juillet à Igor Ziouzine, directeur général du groupe métallurgique Mechel, a réduit en un jour la capitalisation de cette entreprise de 5 milliards de dollars. Le prix, ou plutôt le coût des mots du premier ministre continue à monter: depuis la fameuse déclaration, le marché russe des valeurs a perdu plus de 114 milliards de dollars, et son recul continue, occasionnant des pertes pour des milliers d'investisseurs.

Le ministre des Finances Alexeï Koudrine a bien du mal à évaluer les conséquences macro-économiques de ce qui s'est produit, et la Banque centrale déclare avec prudence que l'afflux net de capitaux constituera en fin d'année environ 40 milliards de dollars, soit deux fois moins que l'année dernière.

Il s'est avéré hier que les spéculateurs boursiers n'étaient pas les seuls à être inquiets. Le magnat des médias Rupert Murdoch a déclaré craindre que ses actifs russes soient "volés". "Mieux vaut les vendre maintenant", a-t-il estimé.

Avant l'élection présidentielle, les autorités ont déployé beaucoup d'efforts afin de persuader les hommes d'affaires russes et étrangers que le changement à la tête du pays n'influerait pas sur le climat d'investissement et ne détruirait pas le système des rapports établi. Mais, à présent, il est évident qu'un transfert de pouvoirs aussi important ne pouvait pas rester sans conséquences.

L'affaire TNK-BP est le premier signal lancé par le pouvoir rénové. On a expliqué aux investisseurs étrangers qu'ils ne devaient pas se faire d'illusions: toutes les décisions stratégiques sur les compagnies travaillant dans le secteur des ressources naturelles doivent être concertées avec le Kremlin.

Le deuxième signal a été destiné aux magnats russes: sur l'exemple de Mechel, on leur a montré qu'on ne peut pas posséder en Russie des actifs générant des milliards de dollars de revenus.

En principe, il n'y a rien de vraiment nouveau dans ces messages. Les problèmes de Mechel avaient commencé exactement cinq ans après l'ouverture de l'affaire Ioukos, dont le patron Mikhaïl Khodorkovski fit également preuve d'imprudence en manifestant son irrespect envers Vladimir Poutine. Cela se répercuta également à cette époque-là sur le climat d'investissement, mais la vie reprend toujours son cours: les prix élevés du pétrole, la croissance économique rapide, le potentiel de la demande pour les produits de consommation et d'autres facteurs promettant des recettes importantes aux investisseurs en Russie les obligent à fermer les yeux sur les risques politiques.

La même logique s'imposera probablement cette fois aussi, et les conséquences macro-économiques de la déclaration de Vladimir Poutine seront déjà moins douloureuses à la fin de l'année, car, dans le contexte de la crise financière mondiale, les investisseurs n'ont pas le choix: après avoir digéré le premier choc, ils reviendront en Russie.

Nezavissimaïa gazeta

L'Ukraine confirme la livraison de matériel de guerre à la Géorgie

Le ministère de la Défense et le ministère des Affaires étrangères de l'Ukraine ont confirmé les déclarations du président sud-ossète Edouard Kokoïty faisant état de livraisons d'armes à la Géorgie, lit-on jeudi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Kiev passe sous silence les types et la quantité d'armements livrés à la Géorgie. Les experts estiment qu'en livrant des armes dans cette zone de conflit, l'Ukraine vise à créer des problèmes à la Russie dans la région.

Un accord de coopération militaire avait été signé en 2005 entre les deux pays, aussitôt après l'arrivée de Viktor Iouchtchenko, ami de Mikhaïl Saakachvili, au poste de président. A l'automne de la même année, Edouard Kokoïty avait publiquement déclaré que l'Ukraine livrait à la Géorgie des chars T-72, des hélicoptères Mi-8, des BTR (véhicules blindés de transport de troupes), des missiles et d'autres types d'armements.

En 2007, le pouvoir ukrainien avait durci l'accès aux informations sur les livraisons de matériel militaire, en les classant top secret. "Cela a été fait sur ordre personnel du président Iouchtchenko", a affirmé à NG un ancien employé du ministère de la Défense. La source affirme que les données fournies par Kiev au registre spécial de l'ONU revêtent un "caractère bénévole", c'est pourquoi elles peuvent être incomplètes.

Cependant, en juin 2008, au cours de sa visite à Tbilissi, le ministre ukrainien de la Défense Iouri Ekhanourov n'a pas caché l'existence de ces livraisons d'armes. Il a également fait savoir que les autorités géorgiennes et ukrainiennes avaient convenu de développer ensemble divers types d'armements.

Des experts ukrainiens estiment qu'en aggravant artificiellement la situation et en déclarant qu'il s'agit d'une question de sécurité nationale, Viktor Iouchtchenko et Mikhaïl Saakachvili exigent la résolution rapide du problème de l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie à l'Alliance. Ces experts soulignent que la Russie est implicitement désignée en tant "qu'ennemi extérieur". Compte tenu de la situation actuelle en Ossétie du Sud, cet atout semble être utilisé actuellement par Mikhaïl Saakachvili. Au printemps dernier, après la publication dans les médias de certaines déclarations soi-disant faites par Vladimir Poutine au sommet de l'OTAN à Bucarest, Viktor Iouchtchenko avait parlé à l'Occident de menaces pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine.

Mikhaïl Pogrebinski, directeur du Centre d'études politiques et des conflits (Kiev), se déclare certain que l'Ukraine livre des armes à la Géorgie en vue de créer des problèmes à la Russie dans cette région: "Selon la pratique internationale, il convient de s'abstenir des livrer des armements aux régions où il existe un danger potentiel d'affrontements armés. Kiev raisonne probablement comme suit: plus il y aura d'armes en Géorgie, plus cela posera de problèmes à la Russie, et mieux le pouvoir ukrainien se portera".

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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