Revue de la presse russe du 12 août

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MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily, Nezavissimaïa gazeta

La Douma prête à reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie

Il n'est pas exclu que les deux chambres du parlement russe interrompent cette semaine leurs congés estivaux pour adopter une loi sur la reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, lit-on mardi dans les quotidiens RBC Daily et Nezavissimaïa gazeta.

L'information provient de sources de RBC Daily à la Douma (chambre basse du parlement russe). Dans ce cas, estiment les experts, un terme sera mis, de facto, au problème de l'intégrité territoriale de la Géorgie.

"Cette fois, la Douma reconnaîtra probablement l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie", affirme Konstantin Zatouline, membre du parti Russie unie, premier vice-président du comité de la Douma pour les Affaires de la CEI (Communauté des Etats indépendants) et les Russes de l'étranger. En ce moment, la Russie a toutes les raisons de reconnaître l'indépendance de ces Etats. Guennadi Goudkov, vice-président du comité de la Douma pour la Sécurité, partage l'avis de son collègue: "De jure, l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud a bien plus de raisons d'être reconnue que celle du Kosovo".

Il n'est pas exclu que les événements autour de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie se développent selon le scénario chypriote. "La Turquie a la République turque de Chypre du Nord, la Russie aura deux républiques du même genre", a indiqué Alexeï Makarkine, vice-président du Centre des technologies politiques. Cette république existe depuis 1974 et la communauté mondiale accueille ce fait assez sereinement, rappelle l'expert.

De l'avis de Viatcheslav Nikonov, président de la fondation Politika, les opérations militaires et la reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie "signifieront que ces deux Etats ne reviendront plus jamais au sein de la Géorgie et que le problème de son intégrité territoriale n'existera plus".

Alexeï Arbatov, directeur du Centre de sécurité internationale de l'Académie des sciences de Russie et membre du Conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou, s'en tient à un point de vue contraire. Il estime que reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie équivaut à allumer un bûcher dans l'arrière cour de sa propre maison. "Si la Russie reconnaît l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, cela ouvrira la voie à la Géorgie pour rentrer directement à l'OTAN, et des troupes étrangères seront déployées sur son territoire. En outre, la Géorgie apportera un soutien maximal aux terroristes, aux séparatistes et aux extrémistes dans le Caucase du Nord", a expliqué l'expert au quotidien Nezavissimaïa gazeta.

"L'aide humanitaire, l'arrêt de la catastrophe humanitaire, l'évincement des troupes géorgiennes de l'Ossétie du Sud: tout cela était dans le cadre du droit international et des engagements pris par la Russie, il est peu probable que d'aucuns puissent actuellement le lui reprocher, estime Alexeï Arbatov. Mais si la Russie continue à porter des coups sur le territoire géorgien et si elle reconnaît l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, nous pourrions alors perdre la supériorité morale que nous possédons actuellement. Nous pouvons la perdre, tout du moins, dans le cadre de l'espace postsoviétique".

Gazeta.ru

Le prix de la guerre

Le présidium du gouvernement russe a affecté 10,5 milliards de roubles (290 millions d'euros) à la reconstruction de l'Ossétie du Sud, les pertes essuyées sur le marché russe pourraient encore s'aggraver mais, en tous les cas, elles ne pourront être comparables aux problèmes économiques que la guerre créera en Géorgie, lit-on mardi dans le quotidien Gazeta.ru.

"10 à 15 milliards de roubles représentent une somme insignifiante, la Russie n'en ressentira même pas les effets", affirme Agvan Mikaelian, directeur général de FinExpertiza. Les événements en Ossétie du Sud ne demanderont même pas un financement supplémentaire pour les forces armées cette année, a indiqué le ministre russe des Finances Alexeï Koudrine.

Les experts s'attendent à une réduction de l'afflux de capitaux étrangers en Russie. "CNN, la BBC et d'autres chaînes de télévision ont une influence directe sur l'importance de cet afflux. Nous y sommes présentés de façon assez désagréable", constate Evgueni Nadorchine, économiste de la banque d'investissement Trust. D'après lui, la Russie pourrait perdre 40 milliards de dollars d'investissements prévus en 2008.

Le conflit en Ossétie du Sud s'est également répercuté sur le cours du rouble russe: les spéculateurs se débarrassent de la monnaie russe, ce qui entraîne une montée considérable des cours du dollar et de l'euro.

D'ailleurs, les experts ne considèrent pas ces périodes de flottements comme critiques. "Les périodes de flottements dues à des événements inattendus sont propres à tous les marchés, estime Agvan Mikaelian. Un rouble bas est même avantageux pour les producteurs nationaux, et la réduction de l'afflux de capitaux étrangers pourrait ralentir l'inflation.

Les pertes économiques que subira la Géorgie suite à cette guerre pourraient s'avérer bien plus grandes. "Pour n'importe quelle petite économie, la guerre coûte plus cher", estime Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. Le budget militaire de la Géorgie constitue près de 10% du PIB du pays, soit trois fois plus que l'indice russe. Les dépenses de la Géorgie pour la défense constituent 25% des recettes budgétaires, dont la somme totale n'atteint pas 4 milliards de dollars.

Les notes de crédit pour ce pays ont déjà été réduites par les agences internationales Fitch (de BB- à B+) et Standard & Poor's (de B+ à B). Les analystes de Troïka Dialog attribuent cela aux risques que représente le transit de matières énergétiques par le territoire de la Géorgie.

La Géorgie se heurte déjà à des problèmes avec certains investisseurs. Le britannique Templar Minerals a décidé d'évacuer la majorité de ses employés participant à l'élaboration d'un projet d'extraction d'or en Adjarie, ainsi qu'à des projets d'exploitation de gisements de métaux non ferreux en Géorgie.

"Avant le début de la guerre, le blocus économique russe revenait déjà cher à la Géorgie, en particulier aux simples citoyens ne touchant pas de salaire de l'Etat. A présent, il s'agit d'un coup dur qui exigera l'accroissement des dépenses de l'Etat en commençant par le versement de compensations sous forme de pensions pour les familles des morts et les blessés", ajoute Rouslan Poukhov.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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