Revue de la presse russe du 15 août

S'abonner
MOSCOU, RIA Novosti

Vedomosti

Abkhazie-Ossétie du Sud: Moscou avance vers la reconnaissance

La Russie ne croit plus à l'intégrité territoriale de la Géorgie, mais ne devrait pas se hâter de reconnaître l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

"Nous soutiendrons n'importe quelle décision prise par les peuples de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie conformément à la Charte de l'ONU, au Pacte international (relatif aux droits civils et politiques) et à l'Acte final d'Helsinki sur la sécurité en Europe", a déclaré hier le président Dmitri Medvedev au cours de sa rencontre avec les leaders des républiques non reconnues Edouard Kokoïty et Sergueï Bagapch.

Une source au Kremlin estime que le problème du statut des républiques doit être rattaché à celui de leur sécurité, ce qui ne signifie pas que Moscou engagera tout de suite des démarches concrètes en vue de reconnaître leur indépendance: aujourd'hui, c'est prématuré.

En même temps, poursuit la source, il est difficile d'imaginer que les Ossètes acceptent de vivre au sein d'un même Etat avec les Géorgiens au cours des 30 à 40 ans à venir: les passions sont tellement déchaînées en Ossétie du Sud que les militaires russes ont dû envoyer de Tskhinvali un groupe spécial en vue de protéger des journalistes turcs (qui, de l'avis des Ossètes, ont commenté le conflit en adoptant le point de vue de Tbilissi). D'ailleurs, l'une des tâches de Moscou consiste à dissuader toutes les parties de lancer des actions trop agressives, résume le fonctionnaire du Kremlin.

Cependant, comme le laisse entendre l'interlocuteur du quotidien Vedomosti, Moscou ne s'en tiendra pas à la thèse de l'intégrité territoriale de la Géorgie. "Il faut obtenir d'abord la mise en oeuvre du plan de règlement politique avant d'examiner le statut", précise Igor Liakine-Frolov, vice-directeur du Département de l'information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères.

Il est très important d'obtenir qu'en plus de la Russie leur indépendance soit également reconnue par d'autres Etats, estime Andreï Issaïev, secrétaire adjoint du présidium du conseil général du parti Russie unie. Sinon, il y a un risque de se retrouver dans la même situation que la Turquie, qui est la seule à reconnaître la République turque de Chypre du Nord. Personne ne suivra l'exemple de la Russie, alors que les Etats-Unis ont su persuader quelques dizaines d'Etats influents de reconnaître le Kosovo, relève Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Rossiïa v globalnoï politike (La Russie dans la politique globale).

Pourtant, Moscou a pris la décision de principe de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, estime Nikolaï Silaïev, expert du Centre d'études caucasiennes du MGUIMO (Institut des relations internationales de Moscou). "Si, auparavant, la diplomatie russe se servait des républiques non reconnues comme d'un instrument pour faire pression sur Tbilissi, à présent, il s'agit de régler un problème arrivé depuis longtemps à maturité", dit-il. En échange, la Russie pourrait accepter, par exemple, l'entrée du Kosovo à l'ONU, suppose l'expert.

Vedomosti

En difficulté, Chrysler cherche son salut en Russie

Le conflit en Géorgie et la menace de crise dans les rapports entre la Russie et les Etats-Unis ne semblent pas gêner les grandes entreprises: l'américain Chrysler qui fait face à d'importantes pertes cherche à s'appuyer sur le marché automobile russe en plein boom, et le groupe GAZ serait le mieux placé pour l'assister dans cette démarche, lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

Chrysler s'apprête à développer ses partenariats avec d'autres constructeurs, afin d'augmenter ses ventes dans le monde, a indiqué mercredi son président Tom LaSorda. Le constructeur américain est actuellement dans une mauvaise passe: en 2007, ses pertes ont dépassé 2,5 milliards de dollars, et 0,5 milliard au premier trimestre 2008. En outre, pour les sept premiers mois de cette année, ses ventes ont chuté de 23%.

Pour sortir de l'ornière, tous les moyens sont bons. Outre les alliances avec l'indien Tata, le chinois Chery et l'italien Fiat, un partenariat avec un constructeur russe est à l'étude, a expliqué LaSorda, précisant qu'une coentreprise apparaîtrait en Russie avant la fin de l'année. Les constructeurs russes, aux yeux du président de Chrysler, manquent de technologies modernes, et l'américain pourrait leur proposer son savoir-faire, ses capacités et ses marques.

Le nom du partenaire potentiel n'a cependant pas été dévoilé.

En mai, le directeur général du groupe GAZ, Sergueï Zanozine, avait évoqué dans une interview au quotidien Vedomosti des négociations avec Chrysler et l'élaboration commune d'une nouvelle plate-forme automobile. Hier, un représentant de GAZ a rappelé qu'en 2006, le groupe avait racheté à Chrysler les équipements de l'usine Sterling Heights (Michigan) avec une licence pour le modèle Sebring qui y était fabriqué (le modèle Volga Siber est actuellement produit sur cette base à Nijni-Novgorod). La capacité de cette usine permet de sortir 120 à 150.000 voitures par an, mais il n'est cependant pas prévu d'en construire plus de 60.000 annuellement.

Le groupe GAZ mène en ce moment des pourparlers avec un certain nombre de partenaires étrangers afin de pousser l'usine à son plein rendement, a indiqué le représentant du constructeur russe. Deux sources proches du groupe ont en outre confirmé que Chrysler en faisait partie. L'américain propose à GAZ différentes plate-formes pour l'assemblage à Nijni-Novgorod, affirme un autre interlocuteur de Vedomosti, parmi elles, celle de la Dodge Caliber.

Le marché russe est plus intéressant pour Chrysler que, par exemple, le marché chinois, affirme l'analyste de Metropole Mikhaïl Pak. En Chine, les constructeurs se livrent une forte concurrence, alors qu'en Russie, il reste encore des niches à occuper, relève-t-il. En 2007, les ventes en Russie ont dépassé les 2 millions de voitures, et en 2008 le marché automobile russe deviendra le premier en Europe. La politique n'a rien à voir avec tout cela: quand il s'agit de sortir de la crise, ce sont les intérêts économiques qui priment, conclut-il.

Gazeta.ru

Conflit en Géorgie: encore un échec pour l'administration Bush

Les événements en Géorgie témoignent de l'échec de la dernière initiative en matière de politique extérieure de l'administration Bush, qui n'est plus seulement un "canard boiteux", mais un canard qui a vraiment du mal à marcher, lit-on vendredi dans le quotidien Gazeta.ru.

Désireux d'obtenir avant la fin de sa présidence quelques résultats en politique étrangère, le chef de la Maison Blanche a misé sur deux points: l'achèvement des négociations sur le déploiement d'éléments de la défense antimissile en Pologne et en République tchèque, et l'octroi du MAP (Plan d'action pour l'adhésion à l'OTAN) pour l'Ukraine et la Géorgie en décembre, puisque cela s'est avéré impossible en avril à Bucarest.

Ce finish irritait beaucoup le Kremlin, qui estimait que le bilan des rapports avec les Etats-Unis avait déjà été dressé au cours de la rencontre entre George W. Bush et Vladimir Poutine début avril à Sotchi. L'initiative de l'adoption d'une Déclaration sur le cadre stratégique appartenait alors au président américain, qui voulait entériner le fait qu'aucune impasse n'existait dans les rapports avec la Russie et que le dialogue se poursuivait. Moscou n'avait pas besoin d'un tel document, mais, puisque les rapports personnels Poutine-Bush avaient toujours été bons, le leader russe avait décidé d'aller au-devant de son homologue américain.

On estimait que les efforts de George W. Bush concernant l'OTAN et la défense antimissile s'arrêteraient là et que les décisions sur ces questions seraient prises par le nouveau président. Mais il s'est avéré que Washington en a jugé autrement: puisque le différend avec les Russes s'est, semble-t-il, apaisé, on peut à présent s'occuper de la défense antimissile et du MAP.

A en juger par la réaction des Etats-Unis, l'attaque lancée par Mikhaïl Saakachvili contre l'Ossétie du Sud a été effectivement une surprise pour eux. Mais le leader géorgien était certain du soutien de Washington, dans tous les cas de figure. Et il avait vu juste. Il est vrai, le préjudice causé par la riposte de la Russie est si grand que la "protection" politique ainsi obtenue ne compensera pas tous les frais. Pour l'instant, il ressort que l'ami et l'allié a reçu des espoirs et a pratiquement été poussé à agir, et que, au moment décisif, il s'est avéré qu'il n'y avait rien qui puisse l'aider.

Tout ce qui se produit en Géorgie n'a rien à voir ni avec la démocratie, ni avec la sécurité. Pour sauver la face, il faut faire croire que la Russie a fléchi et qu'elle a reculé, en voyant la détermination des Etats-Unis. La tâche de la Russie, on le comprend, est opposée: tenir bon face au monde entier (presque au sens strict) et attendre le moment où la psychose générale s'apaisera.

En ce qui concerne la géopolitique et la rivalité stratégique, tout est clair, l'hypocrisie et la manipulation cynique des faits n'étonnent pas. Mais comment expliquer le fait que, durant le conflit, aucun représentant officiel d'un pays qui prétend au leadership moral mondial n'ait trouvé le moindre mot pour exprimer ne serait-ce que formellement son regret à l'égard de ce qui est arrivé aux habitants de Tskhinvali?

Merci aux Etats-Unis pour cet exemple si éloquent en matière de normes morales les plus élevées.

Auteur: Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue Rossiïa v globalnoï politike (La Russie dans la politique globale).

Nezavissimaïa gazeta, Kommersant

L'Occident incapable d'obliger la Russie à quitter la Géorgie

Actuellement, certains médias et experts étrangers avancent des variantes proches de pression sur la Russie visant à la forcer à changer sa politique envers la Géorgie, mais Moscou considère qu'elles n'ont aucun avenir, lit-on vendredi dans les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et Kommersant.

Selon la Russie, le battage médiatique autour du conflit osséto-géorgien s'explique par la campagne présidentielle aux Etats-Unis. Certains diplomates américains estiment qu'il y a à Moscou des forces qui ne sont pas du tout effrayées par la menace d'un retour à une guerre froide à grande échelle.

L'expert de l'Heritage Foundation Ariel Cohen a estimé que cette situation pourrait "remettre en question l'organisation des Jeux olympiques à Sotchi, l'adhésion de la Russie à l'OMC, sa présence au G8 ainsi que celle des sociétés russes sur les grands marchés internationaux".

L'observateur du Washington Post Charles Krauthammer a proposé des mesures similaires de pression sur la Russie, si elle "transgressait ses obligations dans le cadre du cessez-le-feu" en Géorgie. Il propose de supprimer le Conseil Russie-OTAN, de fermer les portes de l'OMC à la Russie, d'annoncer dès aujourd'hui un boycott américano-européen des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi en 2014, de dissoudre le G8 et de proclamer immédiatement la recréation du G7, qui réunirait les sept pays démocratiques sans la Russie.

Selon Alexeï Malachenko, membre du Conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou, de telles initiatives n'apporteront aucun résultat: "En réalité tout cela n'est pas très sérieux et s'explique simplement par la présidentielle aux Etats-Unis. Pour le moment, la seule chose qui puisse être considérée comme sérieuse, c'est l'OMC". "Bien sûr, si les Jeux olympiques de Sotchi avaient lieu l'année prochaine, la question du boycott aurait fait la une, poursuit-t-il. Ils n'auront cependant lieu qu'en 2014, et d'ici là beaucoup de présidents seront remplacés".

"S'ils ont envie d'une pression raisonnable, il faut agir autrement, a fait remarquer l'expert russe. Dans ces cas-là, on parle "d'étouffer dans son étreinte".

Une source du Kommersant proche du département d'Etat américain se montre également assez pessimiste: "De nombreux experts ont un vrai paquet de mesures qui pourraient contraindre la Russie à évacuer ses forces, en supposant que Moscou ne souhaite pas déclencher une nouvelle guerre froide. Mais dans la situation actuelle, il semble bien que c'est justement ce que cherchent certains dirigeants russes".

"Dans l'ensemble, nous ne pouvons absolument rien faire pour contraindre la Russie à quitter la Géorgie", a résumé la source.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала