Revue de la presse russe du 27 août

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant/Vedomosti

Reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud: la machine bureaucratique est en marche

Comme il ressort du décret du président Dmitri Medvedev sur la reconnaissance de l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, en attendant que la Russie signe les accords appropriés avec les deux nouveaux Etats, le maintien de la paix y sera assuré par le ministère russe de la Défense, lit-on mercredi dans les quotidiens Kommersant et Vedomosti.

Les présidents abkhaze et sud-ossète, Sergueï Bagapch et Edouard Kokoïty, ont unanimement déclaré hier qu'ils comptaient sur la conclusion d'un accord militaire avec la Russie. Un interlocuteur du quotidien Kommersant au ministère russe des Affaires étrangères (MID) indique qu'aucun accord militaire séparé ne sera élaboré, "car les questions ayant trait à la sécurité figureront dans le traité d'amitié général". En attendant que le traité soit signé, le président Dmitri Medvedev a chargé les forces armées russes d'assurer la sécurité de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, se référant aux demandes de Sergueï Bagapch et d'Edouard Kokoïty.

Le MID a été chargé d'engager des négociations sur l'établissement de relations diplomatiques et de "consacrer l'entente intervenue dans des documents appropriés". En outre, le ministère russe des Affaires étrangères doit préparer un projet de traité d'amitié, de coopération et d'assistance mutuelle entre la Russie et les deux nouveaux Etats. Le texte de ces traités n'est pas encore prêt, bien que "certains points soient déjà élaborés", a expliqué le fonctionnaire haut placé du ministère.

Il s'est déclaré certain que la Russie ouvrirait ses ambassades à Soukhoumi et à Tskhinvali. "Le format de nos missions diplomatiques reste encore à préciser", a-t-il dit. Bref, les rapports entre la Russie et les républiques reconnues hier seront établis selon un modèle un peu différent de ceux établis avec tous les autres pays. Des sources proches du MID qualifient ce modèle de "rapports associés", mais son contenu concret "reste à élaborer".

Comme l'affirme le ministère russe des Affaires étrangères, la question de l'adhésion de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud à la Fédération de Russie ne se pose pas encore. "L'aspiration à faire partie de la Russie pourrait aujourd'hui nuire à la Russie elle-même: tout cela pourrait être interprété comme une annexion, c'est pourquoi, pour l'instant, personne n'abordera le sujet de la réunification de l'Ossétie du Nord et de l'Ossétie du Sud", a déclaré l'ex-premier ministre sud-ossète Oleg Teziev.

Vedomosti

Les investisseurs étrangers n'ont pas l'intention de quitter la Russie

Les hommes politiques occidentaux condamnent Moscou pour sa reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, mais les investisseurs étrangers n'ont pour le moment aucune intention de mettre fin à leur activité en Russie, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

Les informations affirmant que l'Occident ne laisserait pas sans réponse la démarche de la Russie côtoyaient hier les déclarations optimistes de grands consortiums automobiles étrangers sur leurs intentions d'accroître leurs ventes en Russie. Les événements en Ossétie du Sud relèvent de la pure politique, a déclaré Osamu Masuko, président de Mitsubishi Motors, ajoutant qu'ils ne se répercuteraient nullement sur les projets de la compagnie en Russie (Mitsubishi construit actuellement une usine dans la région de Kalouga). En 2008, Mitsubishi a l'intention de vendre 140.000 voitures en Russie, faisant du marché russe le plus important pour le constructeur en dehors du Japon.

L'avis de M. Masuko est partagé par Reinhard Jung, directeur de Skoda Auto, qui estime également que la politique et les affaires sont des choses bien différentes. "La compagnie a déjà beaucoup investi dans l'économie russe, nous avons des plans de développement importants et nous n'avons pas l'intention d'y renoncer", a-t-il déclaré.

"Nous sommes arrivés en Russie pour de bon et pour longtemps. Pour le premier trimestre, la Russie a occupé la deuxième place en Europe pour les ventes de General Motors, et nous espérons devenir au deuxième semestre numéro un en Europe", a déclaré Sergueï Lepnoukhov, directeur de GM-CEI chargé des relations publiques.

Alexander Ortenberg, directeur général de Strabag en Russie, qui rentrait d'une réunion du conseil des directeurs de la compagnie en Autriche, a déclaré: "Aucune tension ne s'est fait sentir, au contraire, tous les plans sont orientés sur l'intensification de l'activité et l'extension de sa géographie. La compagnie mère nous a même reproché de ne pas nous développer de façon suffisamment rapide en Russie".

"La Russie est pour nous un marché prioritaire, à l'avenir, nous ferons tout notre possible en vue de renforcer la compétitivité du marché russe à l'aide de nos innovations", a affirmé un représentant de la société américaine Alcoa (qui possède deux usines en Russie), ajoutant que les investissements dans les deux entreprises d'Alcoa en Russie constituaient, depuis 2005, plus de 760 millions de dollars.

Les événements en Géorgie n'ont nullement influé sur le travail de la représentation du britannique BP, a constaté son porte-parole Vladimir Bouïanov. Dominique Fache, vice-président de l'italien Enel, principal actionnaire d'OGK-5, fait savoir que son entreprise travaille en Russie conformément à ses projets adoptés antérieurement: "Aucune instruction n'est parvenue de Rome à l'adresse du bureau russe d'Enel". Aucune compagnie finlandaise ne se querellera avec la Russie et n'arrêtera ses programmes, assure un dirigeant du consortium énergétique Fortum (qui contrôle TGK-10): "La Finlande est liée très étroitement à la Russie aussi bien sur le plan géopolitique qu'économique et elle dépend d'elle dans le secteur énergétique".

"Il n'y a aucune raison de parler de réduction de l'activité en Russie, fait remarquer Régis Lhomme, chef de la représentation russe de Pfizer. En 2008, le marché pharmaceutique russe enregistre des taux de croissance impressionnants: d'après les prévisions des analystes, ils pourraient atteindre 30% en fin d'année".

Gazeta.ru/Vedomosti

La décision de Medvedev ouvre la voie à un nouvel ordre mondial

La reconnaissance par la Russie de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, qui intervient quelques mois après les actions similaires de l'Occident envers le Kosovo, a marqué la fin d'une brève période de stabilité de l'ordre mondial, lit-on mercredi dans les quotidiens Gazeta.ru et Vedomosti.

Certains experts estiment que Moscou a donné à tout le monde un exemple bien plus radical que celui du Kosovo en matière de résolution d'un problème international sans recours aux moyens traditionnels.

La Russie a fait traîner la reconnaissance officielle le plus longtemps possible. Le cours des événements a forcé Moscou à faire un choix: soit faire amende honorable devant la communauté occidentale (en considérant en même temps qu'il était le seul à avoir raison), ce qui aurait tout simplement été une preuve évidente de l'incapacité des dirigeants russes actuels, soit reconnaître les républiques autoproclamées.

La Russie s'est trouvée dans une situation de zugzwang qui, aux échecs, signifie que toute action provoquera des conséquences négatives, fait remarquer Boris Chmelev, directeur du Centre d'études politiques comparatives auprès de l'Académie russe des sciences. Il fallait choisir de deux maux le moindre. La reconnaissance de l'indépendance des deux républiques caucasiennes sera suivie par une obstruction sévère de la part de l'Occident, et la crise qui s'est installée ces dernières années dans les relations avec la Russie prendra la forme d'une confrontation. Toutefois, la non-reconnaissance aurait considérablement atteint l'autorité de la Russie et rendu possible une déstabilisation à l'intérieur du pays, notamment dans le Caucase du Nord, ce qui aurait été bien pire, estime l'analyste politique.

Selon le directeur des programmes russes et asiatiques du Centre d'information militaire des Etats-Unis Nikolaï Zlobine, Moscou a détruit le dernier support des restes du système des relations internationales hérité de Ialta, et a ouvert la voie à une révision des fondements de l'ordre mondial actuel, à laquelle les Etats-Unis et l'Occident ont aspiré ces dernières années.

"Dmitri Medvedev, le premier président russe formé en tant qu'homme politique après la guerre froide, a planté le dernier clou dans le cercueil d'un système qui avait depuis longtemps perdu son efficacité et avait mené la communauté internationale dans une impasse", indique l'expert.

"Une fois passées les émotions autour de la décision de Moscou, de nombreux occidentaux ressentiront un soulagement, car ils comprendront que Dmitri Medvedev leur a délié les mains et a fait un pas décisif vers la formation d'un nouvel ordre mondial, explique M. Zlobine. Cela donne certainement à la Russie tout comme à l'Occident de nouvelles possibilités dans le monde. L'essentiel est de ne pas se laisser entraîner par les tactiques de politique extérieure et l'envie de punir l'autre, et de saisir ces rares possibilités stratégiques de refaire le monde à son avantage".

Vedomosti

La décision de Medvedev reçoit un soutien massif dans le pays

La décision de reconnaitre l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud permet d'en savoir plus sur la stratégie de gouvernement du tandem Poutine-Medvedev, car c'est bien le nouveau président qui a fait cette démarche historique qui pourrait aboutir à une isolation de la Russie, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

C'est bien Medvedev qui menace l'Occident et perd par là-même ce qui reste de son image de libéral et de pro-occidental. Et la question de savoir s'il le fait sciemment ou sous la pression des circonstances n'est pas très importante.

Poutine a plusieurs fois déclaré dans ses discours que son objectif était de rétablir la puissance du pays sur le plan non seulement économique, mais aussi politique, cette dernière ayant été perdue lors de la désagrégation de l'URSS. Cette idée est apparemment plus qu'une simple rhétorique électorale, il s'agit de quelque chose de plus personnel. On peut supposer que Poutine, (qui est certainement l'auteur de cette décision) ressent maintenant un mélange de soulagement et d'entrain. Il peut enfin arrêter de faire semblant, il n'a plus à chercher de compromis pénibles et peut proclamer avec fierté ses intérêts en entrant dans la lutte au sommet.

La décision d'hier, qui a reçu un soutien presque absolu à l'intérieur du pays, crée le sentiment d'un succès rapide. Selon un sondage récent du VTSIOM (Centre russe d'étude de l'opinion publique), 71% des Russes se prononçaient pour la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, 10% seulement y étant opposés. Un sondage du Centre Levada a montré que la cote de popularité de Medvedev avait augmenté de 70% à 73% après la guerre, celle de Poutine est passée de 80% à 83%.

Le désarroi et l'absence d'une résistance claire de la part de l'Occident sont aussi considérés comme un succès. Les dirigeants russes se rendent certainement compte des raisons de la confusion occidentale: la Russie fournit des hydrocarbures à l'Occident. En outre, Moscou n'a pas peur d'une nouvelle guerre froide, car à cette époque-là l'URSS avait aussi garanti la continuité de ces livraisons.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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