Revue de la presse russe du 1er septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily

La Russie va renforcer sa présence militaire en Asie centrale

Selon une entente intervenue entre le président russe Dmitri Medvedev et son homologue tadjik Emomali Rakhmon, le ministère russe de la Défense pourra utiliser la base aérienne de Guissar, située au Tadjikistan, lit-on lundi dans le quotidien RBC Daily.

La nouvelle base des forces aériennes russes modifiera non seulement le rapport des forces en Asie centrale, mais aussi la politique étrangère de Douchanbe. Les experts expliquent cet accord par la remise au Tadjikistan d'armements russes pour une valeur d'environ un milliard de dollars.

La base aérienne de Guissar, construite à l'époque soviétique, de même que la base russe de Kant au Kirghizstan voisin, comporte des aérodromes d'importance militaire capables d'accueillir des hélicoptères, ainsi que des avions d'assaut et de transport.

Les forces aériennes russes utilisent actuellement trois aérodromes tadjiks: ceux de Kouliab, de Douchanbe et de Kourgan-Tube, précise Andreï Grozine, chef du service Kazakhstan et Asie centrale de l'Institut des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants). Ceux-ci ne peuvent cependant être considérés comme de véritables bases, car il est question d'une dizaine d'avions et d'une dizaine d'hélicoptères d'appui pour l'infanterie motorisée de la 201e base, stationnée au Tadjikistan. L'octroi de Guissar assurera à la Russie des avantages en matière de reconnaissance et de transfert de forces dans la région. Si la piste d'envol et les réservoirs de carburant y sont augmentés, l'expert n'exclut pas l'utilisation de cette base aérienne en qualité de terrain de ravitaillement pour l'aviation stratégique russe.

L'hiver dernier, le Tadjikistan s'en tenait encore au principe asiatique du "tous azimuts" en matière de coopération militaire: une unité d'appui technique à l'Armée de l'Air française qui combat en Afghanistan se trouve à Douchanbe, et le sort d'aérodrome d'Aïni, qu'il était prévu de transmettre aux forces aériennes de l'Inde, reste incertain. Andreï Grozine rattache ce changement de politique au réarmement de la 201e base, au cours duquel la Russie transmet au Tadjikistan ses anciens armements pour une somme d'environ un milliard de dollars. Cela fera de l'armée tadjike l'une des plus équipées de la région.

"Les présidents Emomali Rakhmon et Dmitri Medvedev se sont longuement entretenus en tête-à-tête au cours du sommet de l'OCS (Organisation de coopération de Shanghai), rappelle Andreï Grozine. D'ailleurs, l'avis d'Emomali Rakhmon sur les actions de la Russie en Transcaucasie était le plus favorable". Après les changements survenus dans les rapports avec l'Occident, la politique appliquée par Moscou en Asie centrale est probablement en train de changer.

Kommersant

Moscou tente de faire revenir l'Ouzbékistan dans sa sphère d'influence

Moscou est inquiet du rapprochement qui s'est ébauché entre Tachkent et l'Occident, rapprochement qui s'est accéléré après la guerre en Géorgie, lit-on lundi dans le quotidien Kommersant.

Un objectif difficile se pose au premier ministre russe Vladimir Poutine, qui se rend aujourd'hui en Ouzbékistan: faire revenir ce pays dans l'orbite russe et obtenir des garanties solides de non-déploiement de bases militaires américaines sur son territoire.

La rencontre qui a eu lieu fin août à Tachkent entre le général Martin Dempsey, chef du commandement central des forces armées des Etats-Unis, et Rouslan Mirzaïev, ministre ouzbek de la Défense, a confirmé les soupçons de Moscou quant au fait que Tachkent envisagerait le retour d'une base militaire américaine dans le pays. Le fait que, lors du sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), Islam Karimov n'ait pas approuvé publiquement les actions de la Russie dans le Caucase et qu'il n'ait pas soutenu la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud a également suscité le mécontentement du Kremlin.

En vue de dissuader Tachkent de rechercher des partenaires en Occident, Moscou a l'intention de lui proposer un contrat à long terme (pour la période 2009-2020) sur l'achat de la totalité du gaz ouzbek à des prix européens. Comme l'a expliqué une source proche des milieux gouvernementaux, ce contrat est analogue au traité portant sur l'achat du gaz turkmène signé en juillet par le patron de Gazprom Alexeï Miller à Achkhabad. L'interlocuteur du journal n'a pas cité de prix exact. La semaine dernière, le prix du gaz ouzbek a été évoqué par Akylbek Tioumenbaïev, vice-ministre kirghiz de l'Industrie, de l'Energie et des Ressources de combustible. Au cours d'une rencontre avec des hommes d'affaires à Bichkek, il a fait savoir que le Kirghizstan prévoyait d'acheter en 2009 du gaz en Ouzbékistan à 300 dollars les mille m3. Cela signifie que le gaz ouzbek reviendra à Gazprom deux fois plus cher qu'aujourd'hui.

L'Ouzbékistan extrait 60 milliards de m3 de gaz par an, dont il vend 7 à 8 milliards de m3 à Gazprom, en subissant un déficit de combustible sur son marché intérieur. Au premier semestre de cette année, la Russie a payé le gaz à l'Ouzbékistan 130 dollars les mille m3, au deuxième semestre, le tarif est monté à 160 dollars.

D'après les renseignements du journal, Vladimir Poutine a également l'intention de persuader Islam Karimov d'accepter la construction d'un nouveau grand gazoduc allant d'Ouzbékistan en Russie, en portant la capacité du système de gazoducs Asie centrale-Centre de 45 milliards à 80-90 milliards de m3 par an. Pour cela, le premier ministre ne proposera pas seulement à Tachkent un nouveau prix pour le gaz, mais il renouvellera aussi les propositions d'investissement de Gazprom dans le programme de prospection géologique dans la région ouzbèke d'Oustiourt.

Comme l'a fait savoir en privé une source au sein de Gazprom, en cas de refus de Tachkent, Moscou a préparé une variante de réserve: Alexeï Miller a débattu en juillet avec le président turkmène Gourbangouly Berdymoukhammedov des questions relatives à la construction non seulement du gazoduc Caspien d'un rendement de 20 milliards de m3, mais aussi d'un autre grand gazoduc d'un rendement de 30 milliards de m3.

Vedomosti

Même un grand pays n'est pas obligé de s'ingérer dans les affaires des voisins

En cent ans, la Russie n'a pas pris de retard sur les grandes puissances mondiales, mais elle ne s'en est pas non plus rapprochée, lit-on lundi dans le quotidien Vedomosti.

En 1908, le PIB par habitant de la Russie se situait à un peu moins de 30% de celui des Etats-Unis, en 2008, cet indice est resté le même. Mais cela a coûté très cher. Même sans prendre en considération les victimes des répressions et les pertes essuyées pendant les guerres, les 40% atteints par rapport au niveau de consommation américain, enregistrés selon les statistiques soviétiques à la fin des années 1970, et qu'on considère comme le plus important acquis du XXe siècle, ont coûté trop cher. La Russie peut et doit vivre mieux dans ce nouveau siècle.

La défense des civils en Ossétie du Sud et en Abkhazie était nécessaire. L'opposition de la Russie au monde entier n'est pas du tout obligatoire dans ce cas. Notre pays se trouve à un carrefour, et il doit déterminer précisément sa place dans le monde. La première ou la deuxième places constituent des objectifs qui demandent trop d'un pays ayant connu, durant des siècles, une histoire européenne relativement ordinaire. Au siècle dernier, la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et le Portugal ont eu à faire face à la chute de leurs empires coloniaux. De nombreux citoyens de ces pays ont alors eu les mêmes sentiments que les Russes aujourd'hui, mais ces pays ont su surmonter l'humiliation et trouver leur place dans le monde. S'il ne s'agit pas de la défense directe des civils, comme c'était le cas en Ossétie du Sud et en Abkhazie, même un grand pays n'est pas obligé de s'ingérer dans les affaires de ses voisins. Est-ce que la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Japon ne sont pas des grands pays?

Lorsqu'un pays se trouve à un carrefour, beaucoup dépend de ses leaders politiques. L'ancien président Vladimir Poutine s'est justement comporté, au cours du mois écoulé, en véritable leader politique du pays. C'est bien lui qui a déterminé la politique de "confrontation frontale" avec les plus proches voisins, comme avec l'Amérique et les pays européens. Cependant, il serait erroné de réduire les actions de Vladimir Poutine uniquement à l'objectif de conserver le pouvoir (l'expérience d'autres pays et d'autres hommes politiques montre qu'une politique étrangère agressive aide souvent à conserver le pouvoir à l'intérieur du pays). A en juger par ses déclarations et décisions de ces dernières années, la politique actuelle correspond à la façon dont Vladimir Poutine se représente le rôle du pays dans le monde. Il n'imagine la Russie qu'à la première ou, à la rigueur, à la deuxième place, après l'Amérique.

Y a-t-il au sein de l'élite actuelle un autre leader, capable de proposer une politique alternative plus souple et plus conforme aux possibilités de notre pays? C'est une question importante.

Auteur: Konstantin Sonine, professeur à l'Ecole russe d'économie.

Nezavissimaïa gazeta/ RBC Daily

L'Occident pousse la Russie vers l'Iran et le Venezuela

MOSCOU, 1er septembre - RIA Novosti. Il y a trois mois, Téhéran avait déclaré que la première centrale nucléaire iranienne en cours de construction par des spécialistes russes à Bouchehr pourrait être mise en service dès septembre-octobre, rappellent lundi les quotidiens Nezavissimaïa gazeta et RBC Daily.

Cependant, à la veille de la visite effectuée aujourd'hui par une délégation d'Atomstroïexport en Iran, la compagnie a refusé de préciser la date de mise en service de la centrale, dont la construction se prolonge indéfiniment. L'Occident menace de punir la Russie pour la guerre en Géorgie, par conséquent, l'intensification de la coopération avec l'Iran dans le domaine nucléaire pourrait être une sorte de réponse à ces menaces, et une éventuelle monnaie d'échange dans le marchandage avec l'Occident, si ce dernier se résigne à prendre des sanctions sévères.

"La réaction exagérément sévère de l'Occident, surtout des Etats-Unis, aux actions de la Russie à l'égard de la Géorgie rapproche certainement Moscou de pays du type de l'Iran et du Venezuela", estime Rouslan Poukhov, directeur du Centre d'analyse des stratégies et des technologies. Selon lui, à un moment donné, "cédant à l'influence de l'Occident, la Russie a partiellement "trahi" l'Iran, en réduisant le niveau de soutien apporté à ce pays dans l'arène internationale". Mais cette politique favorable à l'Occident pourrait toucher à sa fin. "A présent, à la suite des événements dans le Caucase, nous subissons une grande pression, nous avons besoin de partenaires et d'alliés, c'est pourquoi le pendule s'est déplacé de l'autre côté", a déclaré l'expert à Nezavissimaïa gazeta.

Les sanctions prises par l'ONU à l'encontre de l'Iran restreignent tous ses contacts avec le monde extérieur dans les domaines para-nucléaire et militaire. Les Etats-Unis et l'UE ont réduit leurs investissements, ce qui n'a d'ailleurs pas touché les petites entreprises, dont les intérêts sont éloignés de la grande politique. "Du point de vue iranien, les rapports avec les compagnies étrangères sont certainement loin d'être idéaux et l'Iran voudrait entretenir des contacts commerciaux normaux, a déclaré au quotidien RBC Daily Mohammed Shakil, expert d'Economist Intelligence Unit. Mais les petites entreprises ont trouvé une brèche dans les sanctions de l'UE et en ont profité, grâce à quoi la pression de ces sanctions sur l'économie de l'Iran a diminué".

M. Shakil a souligné que les Iraniens suivraient attentivement l'évolution de la discussion entre les pays de l'UE sur les sanctions à l'encontre de la Russie. Il estime que l'économie iranienne pressée par les sanctions pourrait servir d'exemple de ce à quoi conduisent ce genre de restrictions, les principales victimes étant les grandes entreprises européennes.

Revue Expert

La position de la Russie sur l'élargissement de l'OTAN s'est considérablement durcie

"Souriez, vous avez un pistolet appuyé sur la tempe": voici à quoi se réduit la diplomatie américaine en matière d'élargissement de l'OTAN et de déploiement d'ouvrages de la défense antimissile (ABM) en Europe, malgré tout le verbiage qui y est associé, lit-on lundi dans la revue hebdomadaire Expert.

Ce type de diplomatie mène inévitablement à la crise.

Alors que des navires de guerre américains entrent en mer Noire et que la Russie effectue des essais de son missile balistique Topol M, il est difficile de ne pas relever l'envergure de la crise internationale en cours. Moscou tente depuis longtemps de porter à la connaissance de ses partenaires occidentaux une idée élémentaire: le rapprochement de l'infrastructure militaire américaine des frontières russes est inadmissible. Mais les réclamations russes s'arrêtent là.

Malgré l'absence de raisons pouvant laisser présager un conflit sérieux, le rapprochement des bases américaines des frontières russes commence à revêtir un caractère ouvertement menaçant. "Nous sommes un Etat épris de paix et nous voulons coopérer avec tous nos voisins et partenaires. Mais si certains jugent possible de venir pour nous tuer, en estimant que notre place est au cimetière, alors ces gens doivent réfléchir aux conséquences qu'une telle politique pourrait avoir pour eux-mêmes", a déclaré le premier ministre Vladimir Poutine dans une interview à la chaîne de télévision CNN. Il s'agit là d'une déclaration de principe.

La Russie n'a pas reconnu automatiquement l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud après la reconnaissance du Kosovo par l'Occident. La Russie a continué de s'en tenir au principe d'intégrité territoriale, en saisissant toute son importance. La Russie a défendu l'intégrité de la Géorgie comme elle a pu. Mais, en commençant à tuer des gens, des citoyens russes, Mikhaïl Saakachvili a dépassé les limites. On ne peut pas défendre l'intégrité territoriale d'un pays qui tue les nôtres.

Après la rencontre avec George W. Bush à Pékin, la Russie espérait que Washington interviendrait dans le conflit et contraindrait son protégé géorgien à cesser d'exterminer les gens. Mais rien de tout cela n'a eu lieu. On se demande alors de quel partenariat entre la Russie et les Etats-Unis il peut être question. Comment interpréter dans ce cas le désir brûlant de Washington d'admettre la Géorgie à l'OTAN? La Russie doit-elle continuer à considérer l'Alliance de l'Atlantique Nord comme une organisation pacifique visant à entretenir des rapports mutuellement avantageux avec notre pays?

C'est regrettable, mais les réponses à ces questions sont évidentes. On peut affirmer que la position de la Russie sur l'élargissement de l'OTAN s'est considérablement durcie pour la raison suivante: nous ne pouvons pas assister sans rien dire au rapprochement de nos frontières d'un bloc militaire soutenant ouvertement un agresseur qui a massacré nos compatriotes.

Kommersant/ Novye izvestia

La confrontation Russie-Occident ne profite à personne

A la veille du sommet extraordinaire de l'UE, la Russie a clairement défini sa principale concession: elle accepterait un renforcement du rôle de l'OSCE et même de l'UE dans les zones de sécurité autour des républiques autoproclamées, lit-on lundi dans les quotidiens Kommersant et Novye izvestia.

Le premier ministre Vladimir Poutine a souligné, dans une interview à la chaîne allemande ARD, que la Russie n'avait pas l'intention de rester dans ces zones de manière définitive. Cela veut dire qu'après le retrait des forces russes, elles pourraient éventuellement passer sous le contrôle des structures européennes.

Selon une source du Kommersant dans les milieux diplomatiques européens, les principaux pays de l'UE ont bien enregistré ce signal, qui pourrait devenir l'un des arguments-clés pour ceux qui se prononcent contre la confrontation avec la Russie et l'introduction de sanctions. En effet, dès la fin de la semaine dernière, des diplomates occidentaux ont donné à comprendre qu'il ne fallait pas s'attendre aujourd'hui à des sanctions antirusses, sur lesquelles insistent la Géorgie et certains pays d'Europe de l'Est.

Le signal politique que Moscou a envoyé à Bruxelles s'est en fait avéré contradictoire. D'une part, comme l'a déclaré hier le président Medvedev, "la Russie ne peut pas accepter un ordre mondial où toutes les décisions sont prises par un seul pays, même aussi important que les Etats-Unis". D'autre part, selon lui Moscou "n'a pas l'intention de s'isoler" et développera "dans la mesure du possible un partenariat amical avec l'Europe, les Etats-Unis et d'autres pays du monde".

Il est possible que la réponse attendue aujourd'hui de la part de l'UE soit tout aussi contradictoire. D'ailleurs, les pays européens ont déjà tiré quelques conclusions évidentes de la guerre dans le Caucase: le week-end dernier de nombreux hommes politiques influents de l'UE ont parlé du fait que l'Europe ne peut pas se permettre d'aggraver ses relations avec la Russie à cause de sa dépendance envers les hydrocarbures russes.

Cependant, en Europe, on n'a pas envie de vivre dans une angoisse permanente. Le premier ministre britannique Gordon Brown a déclaré que l'UE devait immédiatement commencer à travailler sur la question énergétique. Il a promis de prendre des mesures urgentes contre la dépendance du Royaume-Uni envers les hydrocarbures russes, et notamment de prospecter de nouveaux gisements de pétrole et de gaz, de développer l'énergie nucléaire, d'utiliser des carburants alternatifs ainsi que d'investir dans le gazoduc Nabucco, qui pourrait transporter du gaz de l'Asie centrale directement en Europe, en contournant la Russie. Le ministère allemand de l'Economie prévoit également un ensemble de mesures visant à réduire sa dépendance énergétique envers la Russie, dont la première serait la création d'une réserve de gaz d'Etat en cas de conflit avec Moscou.

Rouslan Grinberg, directeur de l'Institut d'économie de l'Académie russe des sciences, estime que les craintes de l'Europe sont infondées. "Même aux temps les plus sévères de la guerre froide, l'URSS n'a pas violé les accords sur les livraisons de pétrole et de gaz", fait-il remarquer. Selon M. Grinberg, l'opposition économique n'est avantageuse ni à la Russie, ni à l'Occident, qui plus est dans le contexte de la puissance économique de l'Asie, qui est en progression constante.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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