Revue de la presse russe du 8 septembre

S'abonner

 

MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily

Les alliés de la Russie soutiennent Moscou tout en gardant un oeil sur l'Occident

La Russie veut transformer l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) en un véritable analogue de l'OTAN et s'assurer que ses alliés sont prêts à combattre contre un ennemi commun au nom des intérêts communs, lit-on lundi dans le quotidien RBC Daily.

Mais le fait est que les intérêts de tous ces pays ne coïncident pas toujours.

Les formules vagues inscrites dans la déclaration de l'OTSC adoptée vendredi au sommet de Moscou ont nettement contrasté avec le ton des déclarations du président russe Dmitri Medvedev, qui a invité les alliés à "appliquer une politique étrangère concertée" et à "renforcer la composante militaire" de l'OTSC, sans quoi "l'organisation ne peut se développer".

Avant août 2008, l'attitude du Kremlin envers les divergences au sein des associations euro-asiatiques, que ce soit l'OTSC, la CEEA (Communauté économique euro-asiatique) ou encore l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), était relativement tranquille. A présent, comprenant que la Russie ne supporterait pas seule une confrontation prolongée avec l'Occident, Moscou veut renforcer l'intégration, avant tout sur le plan militaire. Mais les pays de l'OTSC, association considérée en Occident comme un "tigre de papier", sont-ils prêts à combattre l'un pour l'autre? La question reste ouverte.

Les alliés sont prêts à l'intégration, pourvu qu'elle ne soit pas trop profonde, estime le politologue biélorusse Iouri Chevtsov: "Même en ce qui concerne l'intégration avec Minsk, bien que celle-ci soit allée loin (commande militaire commune, groupement militaire unifié), bien des choses piétinent. Ainsi, la création d'un système de DCA unifié, élément très important pour la sécurité de la Russie, a été reportée à l'après-élections en Biélorussie, celles-ci étant appelées à normaliser les rapports entre Minsk et l'Occident".

Dossym Satpaïev, directeur du Groupe kazakh d'évaluation des risques, estime que la Russie doit réduire sa pression sur ses partenaires asiatiques au sein de l'OTSC. "Les pays d'Asie centrale ont bien retenu une leçon simple: ils ne peuvent accentuer leur importance dans le jeu géopolitique qu'en maintenant un équilibre entre la Russie, la Chine, l'UE et les Etats-Unis, rappelle l'analyste. Par conséquent, un passage ferme à la position russe leur serait désavantageux".

De nombreux alliés de Moscou craignent que la Russie ne propose à l'Ossétie du Sud et à l'Abkhazie d'adhérer à l'OTSC, ce qui les obligera à reconnaître, de facto, leur indépendance.

Mais l'Occident ne peut pas pour autant se reposer sur ses lauriers. "En renforçant ne serait-ce que l'intégration politique de l'OTSC, la Russie pourrait compliquer le transit des cargaisons de l'OTAN vers l'Afghanistan et accroître sa présence militaire dans certains pays, avant tout au Kirghizstan, a déclaré Iouri Chevtsov. En perspective, cela pourrait entraîner l'évincement des Etats-Unis d'Asie centrale".

Gazeta

Pétrole: Total et StatoilHydro vont devoir vendre 20% de Khariaga à une compagnie russe

Le français Total va devoir céder 10% du projet d'exploitation du gisement de Khariaga (district autonome des Nénets) à la compagnie publique russe Zarubezhneft, lit-on lundi dans le quotidien Gazeta.

Une décision en ce sens a déjà a été prise par le ministère russe de l'Energie. Le norvégien StatoilHydro devra également céder 10% à la compagnie russe.

Actuellement, le projet réunit Total (50%, opérateur), le norvégien StatoilHydro (40%) et la compagnie pétrolière des Nénets (10%).

La valeur des 20% du projet a été maintes fois annoncée par les fonctionnaires: 3,7 millions de dollars (18,5 millions de dollars avaient été payés initialement pour la totalité du projet). Mais au ministère russe de l'Energie, on reconnaît que, depuis 1999, lorsque l'accord sur Khariaga avait été signé, la valeur des réserves de la compagnie a considérablement augmenté (elles constituent actuellement environ 97 millions de tonnes de pétrole). C'est pourquoi les 20% du projet devraient revenir bien plus cher au nouvel investisseur. Se fondant sur les estimations des analystes du secteur, qui évaluent Khariaga à presque 1,5 milliard de dollars (environ 2 dollars le baril de réserves prouvées), l'entrée dans le projet pourrait coûter à Zarubezhneft environ 300 millions de dollars supplémentaires. D'ailleurs, les experts doutent que ces dépenses soient à la portée de la compagnie. Mais Zarubezhneft peut parfaitement compter sur un rabais important lors de la vente, font remarquer les analystes.

La possibilité de cession de 10% du projet par chaque investisseur étranger est prévue par l'accord de partage de la production régissant l'exploitation du gisement. Dans un premier temps, il était prévu que cette option sur Khariaga serait réalisée par Lukoil. En 2001, une décision à ce sujet fut prise par le gouvernement russe. Cependant, la compagnie n'avait pas pu profiter du droit accordé: Total a commencé à avoir de nombreux désaccords avec les autorités russes sur la partie dépenses du projet. Les difficultés qui ont accompagné l'approbation du devis avaient entraîné, comme traditionnellement, des accusations de violation des conditions de l'accord et une menace de retrait de la licence.

Pour l'instant, on ne sait pas si Lukoil acceptera de céder son droit à 20% du gisement de Khariaga à Zarubezhneft: les représentants de la compagnie n'étaient pas joignables hier. Cependant, le président de Lukoil Vaguit Alekperov avait déclaré un jour que la compagnie n'avait pas l'intention de renoncer à son option. "Les puits exploités par le consortium appartiennent à notre compagnie. Ils nous ont été remis par l'Etat. Selon un accord signé avec le gouvernement russe, ces 20% constituent une compensation pour des pertes subies par Lukoil", a expliqué M. Alekperov aux journalistes. Il a notamment souligné dans une interview: "L'option est toujours en vigueur, et si des changements se produisent, Lukoil exercera son droit par voie de justice".

Novye izvestia

Les autorités abkhazes souhaitent créer un paradis fiscal

Le président abkhaze Sergueï Bagapch a annoncé samedi dernier que la république avait l'intention de devenir un Etat offshore: d'après lui, toutes les conditions sont réunies pour que l'Abkhazie se transforme en zone franche, lit-on lundi dans le quotidien Novye izvestia.

Selon les experts, dans le contexte d'un durcissement des conditions dans de nombreuses zones offshores occidentales, l'Abkhazie est capable d'attirer sur son territoire une partie considérable des compagnies offshores qui travaillent avec du capital russe.

Les zones offshores sont contrôlées aussi bien par le Fonds monétaire international que par les banques centrales de plusieurs pays du monde. Il est évident que le FMI et ces banques d'Etat ne qualifieront pas l'Abkhazie d'offshore tant que les gouvernements des pays en question ne reconnaîtront pas l'indépendance de cette république. Par conséquent, seules les compagnies russes et, peut-être, nicaraguayennes pourront entretenir des rapports économiques avec des compagnies offshores enregistrées en Abkhazie.

D'ailleurs, pour l'instant, l'Abkhazie ne prétend pas à quelque chose de plus important. Le capital russe pourrait parfaitement améliorer à lui seul la situation financière de la république. En outre, de l'avis de la plupart des experts interrogés, la création d'une zone franche sur le territoire de l'Abkhazie ne relève nullement du fantastique et pourrait intervenir dans un avenir proche. "Toutes les conditions sont réunies en Abkhazie pour y créer une zone offshore, estime Vladimir Jarikhine, vice-directeur de l'Institut des pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants). La Chine a connu une situation analogue lors de la création de la zone franche de Shenzhen: elle fut entourée de barbelés, un poste-frontière fut installé et un laissez-passer était nécessaire pour y entrer".

Les problèmes liés aux préparatifs des Jeux olympiques de Sotchi pourraient accélérer la création d'une zone offshore en Abkhazie. "On ne trouve pas de gravier sur le territoire de Krasnodar, mais il y en a en Abkhazie. Une zone offshore donnerait une impulsion aux compagnies de construction", a ajouté Vladimir Jarikhine.

Ces dernières années, en raison de la lutte contre le financement du terrorisme international, les Etats occidentaux ont accru leur pression sur les offshores et obligé nombre d'entre elles à renforcer leur contrôle. C'est pourquoi la création d'une zone offshore en Abkhazie pourrait être un don du ciel pour les compagnies russes. "Dans le monde entier, les offshores perdent de leur attrait, a confirmé Nikita Kritchevski, directeur scientifique de l'Institut de stratégie nationale. La plupart des transactions et des flux financiers sont suivis et contrôlés. C'est pourquoi je suis absolument certain que l'Abkhazie attirera les compagnies russes, qui transfèreront les vieilles sociétés offshores sur son territoire. Il s'agira d'une zone offshore spécialement destinée aux compagnies russes, car elle se trouvera, en fait, sous la juridiction de la Russie". D'ici six mois, l'Abkhazie égalera les Bahamas pour le niveau de liberté financière, estime l'expert.

Kommersant

Moscou et Ankara pourraient créer une nouvelle alliance dans le Caucase

La Russie et la Turquie ont entamé la création d'une "Plateforme de sécurité et de stabilité dans le Caucase", ce qui permettrait de renforcer leurs positions dans la région, en affaiblissant en même temps l'influence des Etats-Unis, lit-on lundi dans le quotidien le Kommersant.

Samedi dernier, la formation de cette alliance a fait l'objet de négociations entre le président turc Abdullah Gül et son homologue arménien Serge Sargsian. Cette question a également été examinée lors de la visite à Moscou du ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Elmar Mamediarov.

Le projet de création d'une alliance régionale baptisée alors "Plateforme de paix et de stabilité dans le Caucase" a été évoqué pour la première fois le 12 août à Moscou par le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, et a tout de suite reçu le soutien des autorités russes. L'alliance devrait réunir la Russie, la Turquie, l'Azerbaïdjan, l'Arménie et la Géorgie. Tbilissi reste le seul à n'avoir pas encore donné son consentement définitif, déclarant que cela ne serait possible qu'après le retrait de toutes les forces russes du territoire géorgien.

La participation à la création de cette nouvelle alliance pourrait permettre à l'Arménie de normaliser ses relations avec la Turquie, ce qui entrainerait l'ouverture de la frontière entre les deux pays et donnerait aux marchandises arméniennes un accès au marché turc.

Ces dernières années, l'Azerbaïdjan a manifesté une aspiration à se rapprocher de l'Occident et de l'OTAN, mais les événements récents pourraient influer considérablement sur sa politique. Moscou peut à son tour donner à Bakou deux arguments au moins en faveur du soutien à la politique russe dans le Caucase et du refus de coopérer avec l'Occident. Les deux sont liés à la perspective de règlement du conflit du Haut-Karabakh: la Géorgie pourrait être présentée comme un mauvais exemple, et la Moldavie comme un exemple à suivre. On sait bien que Tbilissi n'a pas pu résoudre le problème de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud malgré le soutien de Washington, tandis que le président transnistrien Igor Smirnov a annoncé la levée du moratoire sur les négociations avec Chisinau après des pourparlers avec Dmitri Medvedev.

Une rencontre personnelle entre les présidents russe et azerbaïdjanais pourrait constituer l'étape suivante des négociations sur la création de l'alliance. La semaine dernière, Dmitri Medvedev et Ilham Aliev ont convenu, lors d'une conversation téléphonique, que la rencontre de leurs ministres devrait créer une base pour leurs négociations personnelles. Selon une source proche du Kremlin, lors de cette rencontre au sommet pourrait être abordée la question de l'organisation de négociations entre les leaders arménien et azerbaïdjanais avec la médiation du président russe, et non plus sous l'égide du Groupe de Minsk de l'OSCE, qui a jusqu'à présent supervisé le règlement du conflit du Haut-Karabakh.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала