Revue de la presse russe du 16 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

Le précédent osséto-abkhaze ne fera pas jurisprudence

Les événements en Ossétie du Sud ont "dégelé" le processus de règlement des conflits dans l'espace postsoviétique, lit-on mardi dans le quotidien Kommersant.

Les anciens formats de règlement pacifique en Abkhazie et en Ossétie du Sud n'existent plus. Les deux anciennes autonomies de la Géorgie sont devenues "partiellement reconnues" et figurent dans un groupe international d'Etats constitué en outre de Taïwan et de la République turque de Chypre du Nord.

Le Nagorny-Karabakh et la Transnistrie ont quant à eux toujours le statut de républiques non reconnues. Ces conflits ne sont pas réglés mais ils ne peuvent être qualifiés de "gelés". D'ailleurs, les parties ont dans les deux cas peur d'une grande guerre. Il ne s'agit pas seulement de la crainte d'essuyer des pertes humaines, mais aussi de celle de compromettre l'image du pouvoir.

La campagne militaire déclenchée par Mikhaïl Saakachvili contre Tskhinvali a été une tentative infructueuse de répéter en Eurasie l'expérience des actions militaires "fructueuses" entreprises par la Croatie contre les séparatistes serbes en 1995. Cependant, les actions militaires de la Russie ont été un signal destiné à toutes les anciennes républiques soviétiques: pour régler les problèmes d'intégrité territoriale, mieux vaut ne pas miser sur la force. Si la Moldavie manque de ressources militaires pour répéter l'expérience croate, dans le cas du Nagorny-Karabakh, une opération militaire de Bakou se heurterait au facteur de l'influente diaspora arménienne aux Etats-Unis et dans l'UE. A en juger par la rhétorique employée depuis un mois par les dirigeants azerbaïdjanais, on peut voir que la référence à l'expérience croate n'est plus nécessaire.

Quoi que disent les hommes politiques et les propagandistes russes, enivrés par la victoire remportée en Géorgie, Moscou n'a aucune possibilité d'étendre le précédent osséto-abkhaze à d'autres républiques non reconnues. Par contre, le Kremlin est très intéressé par la neutralité de la Moldavie et par des rapports de partenariat avec Bakou. En août-septembre 2008, l'Azerbaïdjan a occupé une position réservée à l'égard des actions russes en Géorgie (il n'y a eu ni accusations d'annexion, ni retrait de la CEI - Communauté des Etats indépendants). L'Azerbaïdjan laïque qui prend ses distances par rapport à l'Occident, qui effectue une modernisation autoritaire et est capable de lutter, avec la Russie, contre l'islam radical (principale menace pour la sécurité de la Russie dans le Caucase du Nord) présente de l'intérêt pour Moscou.

Par conséquent, la Russie a reçu la possibilité de transformer l'autodétermination des deux anciennes autonomies géorgiennes en "cas exceptionnel". Par son activité de pacification (ou même son imitation) au Karabakh et en Transnistrie, elle peut envoyer un signal à la communauté mondiale: le Kremlin ne rétablit pas son empire, il est prêt à apaiser les parties opposées, en jouant dans ce processus l'un des rôles principaux.

Auteur: Sergueï Markedonov, chef du service des problèmes interethniques de l'Institut d'analyse politique et militaire.

Nezavissimaïa gazeta

Moscou-Washington: la coopération spatiale est la moins menacée

L'expérience de la coopération spatiale soviéto/russo-américaine témoigne qu'elle dépend directement de l'état général des contacts entre les deux pays, lit-on mardi dans le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Les sénateurs John McCain, Kay Hutchinson et David Vitter estiment que les récents événements dans le Caucase ont mis en doute la fiabilité de la Russie en tant que partenaire sur l'ISS (Station spatiale internationale) et en tant que fournisseur de services pour la station orbitale. Cependant, deux circonstances permettent d'espérer que la coopération spatiale entre Moscou et Washington pourra être maintenue.

Première circonstance: de l'avis de Macha Lipman, analyste de la Fondation Carnegie à Moscou, les Etats-Unis "ont bien plus besoin de la Russie que l'inverse". L'importance du soutien russe est, en cette fin de première décennie du XXIe siècle, bien plus grande pour les Etats-Unis qu'au temps de l'opposition des deux superpuissances, lorsque l'Amérique avait besoin du soutien d'autres pays contre l'URSS. A présent, le panel d'actions que Washington peut entreprendre contre Moscou afin de "le sermonner et de l'éduquer" apparaît de plus en plus faible par rapport aux actions analogues que Moscou peut entreprendre contre Washington, a-t-elle souligné.

Les Etats-Unis ont besoin du soutien de la Russie dans la guerre contre les talibans en Afghanistan, ainsi que dans le contexte du souci de Washington de contraindre l'Iran et la Corée du Nord à renoncer à leurs programmes nucléaire. En outre, l'Amérique juge toujours nécessaire de renforcer la sécurité des sites russes où se trouvent des armes de destruction massive, a rappelé Macha Lipman.

L'alliance spatiale russo-américaine qui se maintient dans le cadre de l'ISS doit rappeler que, malgré les divergences existantes, le "partenariat stratégique" entre Moscou et Washington est plutôt vivant que mort.

Deuxième circonstance: à la différence de la situation à l'époque de l'opposition Est-Ouest, le programme spatial des Etats-Unis dépend de la Russie. D'une part, sans les fusées porteuses russes Soyouz qui jouent le rôle, entre autres, de "canots de sauvetage", les Américains ne pourront pas se trouver en permanence à bord de l'ISS et après 2010, lorsque les navettes seront retirées du service, ils ne pourront pas s'y rendre. D'autre part, sans les vaisseaux russes, les Etats-Unis ne pourront pas remplir leurs engagements pris devant le Canada, l'Europe et le Japon d'assurer le voyage de leurs représentants sur l'ISS, leur séjour et leur retour sur Terre.

Il importe de souligner qu'il s'agit en l'occurrence précisément d'une dépendance des Etats-Unis envers la Russie dans l'espace, et non pas d'une interdépendance. Selon Michael Griffin, chef de la NASA, la Russie a les moyens d'exploiter seule l'ISS.

Auteur: Iouri Karach, membre correspondant de l'Académie russe d'astronautique Tsiolkovski.

Novye izvestia

Géorgie: le fossé se creuse entre l'OTAN et l'UE

Le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer, arrivé à Tbilissi pour une réunion extra-muros du Conseil de l'Alliance de l'Atlantique Nord, a exprimé son désaccord par rapport au plan Medvedev-Sarkozy pour le règlement du conflit en Géorgie, lit-on mardi dans le quotidien Novye izvestia.

Ces déclarations vont à l'encontre de la position, plus souple, de l'UE. On ne sait pas encore jusqu'à quel point peuvent s'aggraver les divergences entre l'UE et l'OTAN sur la question géorgienne.

Selon le président de l'Institut d'évaluations stratégiques Alexandre Konovalov, l'UE est en fait solidaire des Etats-Unis, mais se voit obligée de modérer sa position: "Je doute que l'Union européenne soit satisfaite de l'augmentation du contingent russe en Abkhazie et en Ossétie du Sud (que l'Europe, tout comme les Etats-Unis, considère toujours comme une partie de la Géorgie). Si Sarkozy n'a pas mis l'accent sur cette question lors de sa rencontre avec le président russe, cela s'explique seulement par le fait que les pourparlers ont failli se retrouver dans l'impasse. Les parties ont eu beaucoup de mal à se mettre d'accord sur le retrait des postes de contrôle russes du territoire géorgien. La question de la présence de l'armée russe dans les républiques autoproclamées reste ainsi en suspens".

Sergueï Karaganov, doyen de la faculté d'économie et de politique mondiales du Haut-Collège d'économie, affirme qu'il existe en effet des divergences entre l'UE et l'OTAN, mais que la position de l'Alliance aura une influence très limitée sur le processus de règlement: "Le secrétaire général de l'OTAN a tout simplement voulu faire plaisir aux Géorgiens, et sa déclaration n'est rien de plus qu'un geste politique. Une opposition légère existe depuis longtemps entre l'UE et l'OTAN, car les Etats-Unis persistent à empêcher l'Europe de développer son propre bloc politique et militaire. Et ici l'Alliance est restée en marge du conflit, ses positions s'étant de plus considérablement dégradées: la Géorgie ne peut plus adhérer à l'OTAN à cause de l'aggravation du conflit". M. Karaganov considère cependant qu'il n'y aura pas de scission entre l'Alliance et l'Union européenne.

Nikolaï Zlobine, directeur des programmes russes et asiatiques du Centre d'information militaire des Etats-Unis, estime que toutes les parties qui participent au règlement du conflit sont obligées de trouver un compromis: "Le statut quo ne correspond pas aux intérêts de Washington, ni de Bruxelles et de Moscou. Bien que la position de la Russie soit plus avantageuse, elle est pour le moins mécontente de la rupture de la coopération technologique avec les Etats-Unis, ainsi que du fardeau des dépenses financières et militaires dans les républiques autoproclamées. Autrement dit, la recherche d'un compromis est inévitable. Et un compromis implique un mécontentement général, car toutes les parties devront faire des concessions. Il y a ici de nombreuses variantes possibles. La Russie pourrait par exemple admettre des observateurs internationaux dans les républiques autoproclamées, ou accepter une délimitation territoriale des zones de responsabilité entre soldats de la paix russes et européens. Les concessions de l'Occident peuvent, elles aussi, varier considérablement: de garanties juridiques de sécurité pour l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud jusqu'à la reconnaissance de ces républiques".

Gazeta.ru

Russie: les bons chiffres de la production industrielle peinent à rassurer

Malgré une inflation importante, une fuite de capitaux et des crédits chers, la croissance de la production industrielle en Russie s'est chiffrée en août 2008 à 4,7%, soit 5,3% pour les 8 premiers mois de l'année, a annoncé lundi la ministre russe du Développement économique Elvira Nabioullina, lit-on mardi dans le quotidien Gazeta.ru.

L'information du ministère se fonde sur des données de Rosstat (Service fédéral des statistiques) qui n'ont pas encore été rendues publiques. Cette déclaration inattendue a été une agréable surprise pour certains experts, et une source d'inquiétude pour d'autres.

"La situation dans le secteur de la production en Russie reste stable malgré la chute du marché des valeurs et l'aggravation de la situation dans le secteur du crédit", estime l'économiste en chef de la société Finam Alexandre Ossine. Selon le scénario du ministère du Développement économique, la croissance de la production industrielle en 2008 doit se situer à 5,2%, rappelle-t-il. "Dans cette optique, les indices d'août sont tout à fait favorables", fait-il remarquer.

Selon les analystes, l'industrie s'est redressée grâce au secteur de la transformation, dont la croissance a atteint 6,5% en août, après 4,6% en juillet et 0,6% en juin.

Tous les experts ne se montrent cependant pas optimistes. Il est trop tôt pour parler d'un redressement de la situation, affirme Alexeï Pavlov, chef du service analytique du groupe Arbat Kapital. "Si en 2006 et 2007 la croissance de la production industrielle s'est chiffrée à 6% par an, les 8 premiers mois de 2008 l'ont vue tomber à 5,3% et, selon nos estimations, cette tendance se poursuivra", indique-t-il. "La croissance de notre économie a perdu à peu près 1%", relève l'économiste en chef du Centre pour le développement Valeri Mironov.

Une inflation importante, des crédits chers et une fuite des capitaux occidentaux limitent les possibilités d'investissement de l'industrie russe, ce qui se solde par un ralentissement de la croissance de la production industrielle dans le pays, explique Alexeï Pavlov.

Selon le directeur du département d'analyse stratégique de FBK Igor Nikolaïev, les données d'août sont non seulement étonnantes, mais aussi inquiétantes. Elles ne sont pas en accord avec d'autres indices: la dynamique des prix des producteurs, la dynamique des investissements dans le capital fixe et la situation sur les marchés boursiers. "J'ai peur que Rosstat ne se soit mis à modifier les statistiques", fait-il remarquer.

Les analystes espèrent que les données plus détaillées de Rosstat qui doivent être rendues publiques mardi permettront d'expliquer les raisons de cet essor de la production et dissiperont leurs doutes.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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