Revue de la presse russe du 24 septembre

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MOSCOU, RIA Novosti

Kommersant

La renaissance de la Flotte russe?

La Russie fait l'objet ces derniers temps d'une attention soutenue de la part de la communauté mondiale.

Journalistes, experts, analystes politiques et simples observateurs discutent de la question de savoir si la Russie, qui est en train de rétablir ses positions politiques dans le monde, et plus particulièrement au Proche-Orient, souhaite ou non revenir au temps de l'URSS. Est-ce une bonne chose ou non qu'une escadre russe, sillonnant les mers et océans, fasse un détour par Tartous, en Syrie? Il n'y a rien de plus touchant que ces raisonnements d'amateurs au sujet de l'itinéraire que devrait suivre la Flotte, et les conseils qu'ils donnent à propos des lieux où elle devrait stationner ainsi que leurs calculs du coût des opérations.

La Russie, dont la ligne côtière est la plus longue du monde, a besoin d'une flotte, et notamment d'une marine de guerre. Le pays en possédant une, il est naturel que celle-ci navigue sur les mers. Ceci lui permet de transformer un rassemblement de différents patouillards rouillés en un groupe d'unités capables d'accomplir des tâches réelles. Par exemple, de patrouiller le long des côtes de la Somalie, qui était jadis un Etat "d'orientation socialiste", et où les pirates ont pris l'habitude de régulièrement prendre à l'abordage des navires, y compris avec des marins russes à bord.

Après avoir été amarrée pendant une quinzaine d'années, la Flotte n'est pas tenue de savoir accomplir des voyages de circumnavigation, bien que c'eût été appréciable. Mais les navires doivent tout de même être capables de traverser le Bosphore, les Dardanelles et le Gibraltar ou encore le détroit de Béring. Sinon il ne s'agirait pas de forces marines mais d'une flottille de cabotage à grande puissance de feu.

La Flotte ne pourrait exister sans bases. La base de Sébastopol revêt une importance critique pour cette raison qu'elle est la seule base convenable dans cette région. Et c'est là que se trouve la source des problèmes avec l'Ukraine, dont les dirigeants aspirent à voir leur pays adhérer à l'OTAN, mais aussi avec l'OTAN elle-même, qui pourrait bien, pour son malheur, accueillir un jour l'Ukraine. La base de Tartous, si elle y est installée, aura au moins comme avantage de modérer ce litige.

La Flotte ne revient pas chère uniquement quand elle rouille dans des ports. Une flotte capable d'accomplir les tâches qui lui sont assignées coûte cher. Ceci peut être irritant jusqu'à ce qu'on se rende compte de la somme à investir dans une flotte "bon marché" le jour où le pays en aura vraiment besoin.

Personne ne conteste les soupçons fondés selon lesquels les dirigeants syriens attendent les navires russes à Tartous tout en s'attachant à régler leurs propres problèmes politiques et "vendront", si nécessaire, la base navale russe afin de normaliser leurs relations avec les Etats-Unis. Il en va de même avec les idées de Damas selon lesquelles en cas d'aggravation des relations avec Israël, cette base saura "couvrir" la Syrie (or, personne n'aura un mot de gratitude à l'égard de Moscou, tout comme dans les années 1990). Mais on est au XXIe siècle, et si la Russie, à la différence de l'URSS, a emprunté une seule chose aux Américains, c'est bien la règle en vertu de laquelle au Proche-Orient, il ne faut pas miser sur un seul cheval.

Par Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient à Moscou.

Gazeta.ru

Xénophobie: une maladie chronique et incurable?

Hormis lancer un appel à la tolérance, le pouvoir et l'opinion publique sont incapables de proposer un véritable remède contre la xénophobie.

Le Conseil de l'Europe a prescrit un remède tout aussi inefficace, qui consiste à traiter l'intolérance ethnique par un concept stratégique.

Les fonctionnaires du Conseil de l'Europe se déclarent préoccupés par l'absence de stratégie unique de lutte contre la discrimination raciale en Russie. Les experts de la lutte contre le racisme et l'intolérance de la Commission européenne constatent une croissance de la violence raciste et une augmentation du nombre de propos racistes [dans ce pays]. Les statistiques ne le confirment pourtant pas. Galina Kojevnikova, directrice adjointe du centre d'information et d'analyse Sova, qui s'occupe de la surveillance des manifestations de xénophobie en Russie, a même fait récemment savoir que le nombre d'agressions liées à la xénophobie cette année avait diminué.

On pourrait reprocher aux experts d'être inconséquents mais il n'est sans doute pas si important que cela de préciser si le nombre de crimes en septembre 2008 dépasse ou non celui de septembre 2007. Il importe cependant de prendre conscience que le niveau de violence ethnique a été jugé intolérablement élevé, les tendances xénophobes trop dangereuses et que l'organisation autonome et l'activité des militants partageant ces idées et de leurs idéologues sont considérées comme une menace réelle.

Cependant, les experts du Conseil de l'Europe méritent de se voir reprocher leurs propositions dénuées de sens, comme par exemple celle d'élaborer une "stratégie unique". D'ailleurs, même un tel reproche serait inutile: cette organisation fonctionne de cette manière. Il faut reconnaître que sur ce plan, non seulement les bureaucrates en Europe occidentale mais également l'opinion publique russe sont incapables de proposer quoi que ce soit d'autre que "des centaines de recommandations".

Il est déjà appréciable qu'au cours de ces dernières années, les autorités aient cessé de renier l'existence même du problème. En revanche, en guise de compensation, elles utilisent avec pragmatisme le slogan de lutte contre l'intolérance raciale afin de museler, chemin faisant, l'opposition radicale. Or, il serait naïf de penser que les autorités puissent servir de façon désintéressée une bonne cause sans chercher à consolider leurs propres positions.

La question "Que faire?" reste malheureusement dans réponse. Mme Kojevnikova indique que l'on assiste actuellement à une nouvelle "vague", un nouvel "appel" raciste, en particulier à Moscou, à cause justement du fait que de nombreux [skinheads] aient été arrêtés.

Le temps est peut-être venu de reconnaître que cet état d'esprit qui pousse les skinheads à sortir leurs couteaux n'est pas une anomalie en soi. Les sociologues eux-mêmes confirment que cette tendance est très répandue dans la société. Qui plus est, la xénophobie, ethnique ou sociale, ne représente pas un vice spécifique à la Russie. Il s'agit de l'un des traits désagréables de la nature humaine que la civilisation peut contenir mais en aucun cas supprimer. Dans certains cas, tristes et bien connus, ces tendances sont sorties de leur contexte et utilisées dans la lutte politique ou dans des litiges entre puissances rivales.

Vremia novosteï

Ukraine - Russie: vers un conflit hypothétique

Le leader du Parti libéral-démocrate de Russie Vladimir Jirinovski a déclaré sur la chaîne de télévision Oukraïna que si les autorités ukrainiennes commencent à oppresser où même à attaquer le peuple russophone, la Russie aura le droit d'intervenir militairement dans le pays.

"Tout dépend de la population en Crimée et dans les autres régions au sud et à l'est de l'Ukraine. Toute décision doit être prise par le biais de referendums. Il est probable que l'Ukraine se montre neutre et il n'y aura alors aucun problème, a indiqué le député ultranationaliste. Si quelqu'un bombarde Simferopol, Kharkiv, Donetsk ou d'autres villes, nous les protègerons".

Les relations entre la Russie et l'Ukraine sont depuis longtemps assez tendues, mais elles ont connu une aggravation particulière après le conflit osséto-géorgien. Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a manifestement adopté une position antirusse. La réaction violente de Moscou a donné l'espoir à une partie des cercles dirigeants de l'Ukraine de pouvoir adhérer à l'OTAN. Dans cette optique, la déclaration de M. Jirinovski donne l'impression d'être provocante et de représenter une tentative pour scinder la société ukrainienne. Mais une telle scission, est-elle réellement avantageuse pour la Russie?

Selon le président du Centre des technologies politiques Gueorgui Tchijov, "ces derniers temps la Russie a réagi assez nerveusement aux événements en Ukraine". Il estime également qu'un conflit séparatiste en Ukraine ne profiterait pas à la Russie: "Si l'objectif prioritaire était d'empêcher l'Ukraine d'adhérer à l'OTAN, il faudrait soutenir le mouvement séparatiste. Il est cependant beaucoup plus avantageux pour la Russie d'avoir un voisin stable et prévisible, dépendant de Moscou au moins dans le domaine de l'énergie, et qui pourrait faire preuve de loyauté dans l'avenir".

M. Tchijov indique que la déclaration de Vladimir Jirinovski "pourrait tout aussi bien être une démarche de sa propre initiative ou un sondage de l'opinion publique". "Bien sûr, tout ce qu'il a dit est très exagéré, et il est aujourd'hui tout simplement impossible d'imaginer que l'armée ukrainienne bombarde Donetsk ou Kharkiv. Il n'est cependant pas exclu que d'influentes forces politiques ukrainiennes soulèvent la question de l'autonomie de l'Ukraine de l'Est", ajoute-t-il.

"Les cercles dirigeants ukrainiens ont-ils eux-mêmes envie de préserver l'unité de leur Etat? C'est la question la plus importante", affirme Sergueï Markedonov, chef du service des problèmes interethniques de l'Institut d'analyse politique et militaire. Il estime que le président Iouchtchenko divise l'Ukraine avec ses actions, et que les cercles dirigeants ukrainiens ne font qu'aggraver les divergences entre les régions de l'est et de l'ouest du pays, au lieu de les atténuer. "La télévision ukrainienne a invité Jirinovski car qu'elle a besoin de provoquer l'hystérie pour dire: voilà, regardez, c'est la Russie", estime-t-il.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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