Quel avenir pour la flotte sous-marine russe?

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

La déclaration de Dmitri Medvedev annonçant la future reprise de la production en série de sous-marins nucléaires pour la Marine de guerre russe a fait beaucoup de bruit. La flotte sous-marine russe, qui traverse actuellement une période de crise, nécessite un renouvellement rapide de son parc de navires. L'attention qu'y porte le numéro un du pays laisse espérer que la situation changera bientôt.

Les sous-marins jouent depuis longtemps un rôle particulier dans la flotte russe. Les forces sous-marines constituent la base de la puissance de combat de la Marine depuis la fin des années 1950, lorsqu'après la mort de Joseph Staline, les nouveaux dirigeants soviétiques misèrent sur la création d'une flotte sous-marine nucléaire. A la suite de la brusque réduction des effectifs de la Marine de guerre et de la suspension de la construction de nouvelles unités de combat (seul l'assemblage des sous-marins déjà en chantier est mené à terme), la flotte sous-marine russe risque aujourd'hui de se réduire comme peau de chagrin, en raison de son vieillissement matériel. La construction de nouveaux sous-marins, qui a repris depuis quelques années, est malheureusement encore loin de pouvoir couvrir les besoins dus à la mise hors service des unités de combat tombées en désuétude.

Dans sa déclaration, Dmitri Medvedev a mis l'accent sur la construction de sous-marins nucléaires lanceurs de missiles de croisière (SSGN selon le code OTAN) et de sous-marins nucléaires polyvalents. Ces classes de sous-marins ont subi des réductions particulièrement importantes au cours de ces dernières années. Même si la construction en série des sous-marins nucléaires du projet 955 a déjà été entamée, la situation des SSGN et des sous-marins polyvalents semble être préoccupante.

La construction des SSGN du projet 885 (dont le sous-marin principal a été baptisé "Severodvinsk") a commencé dès les années 1990. Entre un et trois navires de ce type auraient été mis en chantier par la suite, selon différents sources. Néanmoins, même le principal navire n'a pas encore été mis en service. Pour expliquer ce fait, on avance une multitude de raisons, dont l'inachèvement du projet, qui a nécessité d'y apporter de sérieux changements, au stade de la construction déjà. Quoi qu'il en soit, aucun "Severodvinsk" n'a encore été mis en exploitation et les forces "anti-porte-avions" sont toujours constituées de huit SSGN du projet 949A construits dans les années 1980-1990. Certes, ce sont d'excellents sous-marins, très appréciés par les équipages et possédant de très bonnes caractéristiques techniques, mais ils commencent progressivement à tomber en désuétude.

La situation est encore pire en ce qui concerne les sous-marins nucléaires polyvalents. Aucun nouveau "chasseur sous-marin", dont la tâche principale consiste à combattre les sous-marins et autres navires ennemis ainsi que de frapper des cibles terrestres avec des missiles de croisière stratégiques, n'est en construction pour l'instant. A l'heure actuelle, la Marine de guerre possède 19 sous-marins de cette classe, appartenant à trois projets: 671 RTMK (de type Victor IV, selon la classification de l'OTAN) - quatre pièces, 945 (945 A) (Sierra I/II, selon la classification de l'OTAN) - trois pièces et 971 (Akoula, selon la classification de l'OTAN) - douze pièces. La plupart de ces appareils ont été construits à la fin des années 1980 et au milieu des années 1990. A l'heure actuelle, ils peuvent encore être considérés comme modernes, mais ils se rapprochent à grands pas de l'obsolescence. Certains ateliers de construction navale développent de nouveaux projets de sous-marins nucléaires polyvalents, mais les détails concernant la date de leur mise en chantier et leurs caractéristiques techniques n'ont pas encore été divulgués.

Quels sont les besoins de la flotte sous-marine nucléaire russe en matière de nouvelles unités de combat telles que les SSGN et les sous-marins nucléaires polyvalents? Les évaluations diffèrent, mais la plus grande partie des experts citent un chiffre optimal pour la flotte compris entre 30 et 40 sous-marins nucléaires non stratégiques. Etant donné qu'au cours des quinze années à venir, au moins la moitié des 27 SSGN et sous-marins nucléaires polyvalents actuellement utilisés seront mis hors service, après avoir épuisé leur potentiel, il faudrait construire au moins vingt sous-marins nucléaires non stratégiques afin de maintenir le nombre de navires de la flotte sous-marine au niveau nécessaire.

Théoriquement, il est impossible de tenir un tel rythme. En effet, plusieurs usines russes sont capables d'organiser l'assemblage de sous-marins nucléaires: Sevmash, Admiralteïskie Verfi, l'usine Komsomolski, et enfin, l'usine Krasnoïe Sormovo [de Nijni Novgorod], qui possède l'expérience appropriée. Cependant, il existe une montagne de problèmes relatifs aux entreprises connexes, mais surtout aux effectifs, qui se sont beaucoup réduits et dont la qualification s'est considérablement dégradée. Il ne reste plus qu'à espérer qu'une solution soit finalement trouvée.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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