Revue de la presse russe du 8 octobre

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MOSCOU, RIA Novosti

RBC Daily/ Gazeta.ru/ Kommersant

Moscou tend la main à l'Islande

Pour la première fois dans l'histoire contemporaine, la Russie pourrait apporter une aide financière directe à un pays occidental qui est, de plus, membre de l'OTAN, lit-on mercredi dans les quotidiens RBC Daily, Gazeta.ru et Kommersant.

Il s'agit de l'Islande, petit Etat dont le gouvernement n'est pas parvenu à obtenir une aide économique de l'Union européenne. De l'avis unanime des experts, dans le cadre de cette transaction, les dividendes politiques de Moscou pourraient compenser les risques financiers. Les autorités russes tentent depuis longtemps de persuader l'Occident que la Russie est prête au dialogue, qu'il n'y a rien à craindre de Moscou ni de l'expansion de son argent sur les marchés extérieurs.

Un crédit de 4 milliards d'euros (le budget de l'Islande est d'environ 10 milliards d'euros) représenterait moins de 1% des réserves de change de la Russie, et lui apporterait des dividendes politiques importants. Après le conflit en Transcaucasie, Moscou fait preuve d'une volonté de coopérer étroitement avec l'Occident. Cette situation rappelle le début du rapprochement avorté de l'élite russe avec les Etats-Unis après le 11 septembre 2001.

La situation du secteur financier en Islande est depuis longtemps critique. Les banques locales se sont développées en ayant recours à des emprunts étrangers. Dans le contexte d'une nouvelle étape de la crise financière, elles n'ont pu honorer leurs dettes. Mardi, alors que le cours de la monnaie nationale a fortement fluctué, chutant d'abord de 30% par rapport à l'euro pour remonter ensuite de 20%, la Banque centrale d'Islande a pris une mesure exceptionnelle en établissant le niveau de la monnaie islandaise à 131 couronnes pour un euro.

Des propositions de renoncer à la monnaie nationale pour passer à l'euro avaient déjà retenti en Islande. Mais au sein de l'Union européenne, on avait constaté qu'il était absurde d'en parler sans envisager l'adhésion du pays à l'UE. Bruxelles a refusé d'apporter une aide à Reykjavik. Dans cette situation, il faut rechercher de nouveaux amis. Ils ont été trouvés en la personne de la Russie. La décision d'accorder un crédit a été adoptée rapidement et au niveau politique le plus élevé.

De l'avis d'Evgueni Nadorchine, économiste principal de la banque d'investissement Trust, la Russie a décidé de s'assurer en Occident un ami qui lui sera très reconnaissant à l'avenir. "Pour eux, nous sommes une sorte de baguette magique. Si 4 milliards d'euros, actuellement sous forme de bons du Trésor américains, étaient transférés en Islande, cela pourrait même être considéré comme une diversification des risques".

"L'établissement de rapports étroits avec l'Islande est très important, avant tout du point de vue du contrôle sur l'Arctique, qui est impossible sans la participation de Reykjavik, estime le politologue Iouri Chevtsov. Evidemment, la Russie n'y installera pas de base militaire, mais la présence de banquiers, d'investisseurs ou d'entrepreneurs russes y sera un phénomène positif. Malgré ses petites dimensions, l'Islande est située dans une région du monde ayant une réelle importance stratégique".

Les rapports économiques russo-islandais se bornent aux échanges commerciaux, dont le chiffre d'affaires est d'environ 100 millions de dollars par an, et à un Institut de l'énergie géothermale commun. L'ex-gouverneur de la Tchoukotka Roman Abramovitch, qui s'est rendu sur l'île à plusieurs reprises, et les structures d'Oleg Deripaska ont manifesté de manière informelle leur intérêt pour d'éventuels investissements dans ce pays.

Gazeta.ru

Une avenue Poutine à Grozny: signe d'allégeance ou cadeau empoisonné?

L'inauguration à Grozny d'une avenue Poutine, ex-avenue de la Victoire, peut être considérée comme un événement d'importance fédérale, car il donne des indications sur la situation du tandem Poutine-Medvedev, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru.

Cet événement n'est pas un geste fait en direction du président Poutine ou de l'individu Poutine (compte tenu des ses anciens mérites), mais un soutien ouvert apporté au premier ministre actuel dans le contexte des discussions permanentes sur le rapport réel des forces et des moyens au sein du tandem dirigeant. Il prouve la complexité de ces relations et témoigne en même temps du camp choisi par le puissant et relativement large groupe des élites (et cela ne concerne pas uniquement la Tchétchénie).

En outre, le président Kadyrov a fait partie à un moment donné du groupe d'hommes politiques qui n'ont cessé de soulever la question du troisième mandat pour Poutine. Bien qu'il n'ait fait qu'exprimer son propre avis sur la question, et son propre intérêt, cela a néanmoins toujours été la manifestation de l'opinion d'un parti réunissant des élites. Celle-ci ne l'a pas emporté à l'époque uniquement parce que Poutine lui-même n'y a pas consenti.

Aujourd'hui, compte tenu de la vague opposition qui s'est installée au sein du tandem dirigeant, l'inauguration de cette avenue n'est pas un simple acte de servilité, mais un message adressé sous cette forme par Kadyrov, et avec lui une partie des élites, témoignant de leur fidélité à un des deux centres du pouvoir.

De plus, c'est le président Dmitri Medvedev lui-même qui a ouvert la voie à de tels gestes symboliques. Rivalisant de respect envers la mémoire d'Alexandre Soljenitsyne avec Vladimir Poutine, qui avait proposé d'élargir l'étude de ses oeuvres à l'école, Medvedev a renchéri en déclarant: "Et moi, je propose� non seulement [de lui rendre hommage] à l'école, mais aussi de rebaptiser une rue en son honneur". Il a ainsi transformé à nouveau le domaine des noms de rues et de villes en un instrument de manifestation d'une volonté politique. Les élites n'ont fait qu'utiliser à cette fin cet espace créé par le président.

Tout cela devrait rester encore longtemps une guerre de symboles, de messages codés envoyés d'un camp à l'autre, ainsi qu'à la société. Une chose est cependant incontestable: la principale différence entre le Poutine actuel et le Poutine de 2006 ou 2007 réside dans le fait que ce dernier n'avait pas le droit d'être réélu. Aujourd'hui Poutine pourrait même briguer deux mandats consécutifs. Selon les données du Centre Levada, il recueillerait 58% des suffrages à la prochaine présidentielle, contre 28% pour Medvedev.

Malgré toutes les particularités de son style de gouvernement, le président Poutine n'a pas dépassé les bornes et n'a manifesté aucune passion pour la consolidation de sa grandeur dans des décorations, des monuments et des noms d'avenues, et s'est en général montré réservé en matière de louanges. L'inauguration d'une avenue Poutine à Grozny dépasse ces bornes. Le premier ministre Poutine pourra-t-il trouver un prétexte et un moyen non seulement pour prendre ses distances avec ce changement de nom de l'avenue de la Victoire à Grozny, mais aussi pour obtenir l'annulation de cette décision?

Kommersant

Pétrole et gaz: les géants russes veulent puiser dans les caisses de l'Etat

Quatre grandes compagnies pétrogazières russes ont pour la première fois reconnu faire face à de graves problèmes à cause de la crise financière, lit-on mercredi dans le quotidien Kommersant.

Les dirigeants de Gazprom, Lukoil, Rosneft et TNK-BP ont demandé au premier ministre Vladimir Poutine de les aider. Ils doivent rembourser les crédits contractés auprès de banques occidentales et financer la production, afin d'éviter une baisse de l'extraction.

Les quatre "géants", qui assurent 70% de l'extraction de pétrole en Russie et 91% de l'extraction de gaz, ont exposé leur demande dans une lettre adressée au premier ministre le 24 septembre. Les compagnies lui font savoir que la dette totale du complexe combustibles-énergie russe envers les banques occidentales atteint environ 80 milliards de dollars. Mais ce n'est pas seulement pour rembourser les créditeurs qu'elles ont besoin d'argent. Elles demandent également à Vladimir Poutine de "charger le ministère des Finances et la Banque centrale de mettre au point un mécanisme de financement des projets stratégiques". On peut le faire au moyen de "crédits d'Etat spécialisés, avec la garantie de titres de créance et de titres dérivés", lit-on dans la lettre. Les entreprises ne citent pas les sommes concrètes qu'elles souhaiteraient recevoir.

La présence de Gazprom parmi les compagnies signataires de la lettre adressée au premier ministre suscite l'étonnement. La veille de la transmission de ce courrier, le 23 septembre, le patron du monopole du gaz Alexeï Miller déclarait que la crise financière n'avait nullement touché le consortium. "Gazprom est immense, comme il l'était avant la crise", a-t-il dit. Au sein du monopole gazier, on a affirmé hier que cette demande de fonds avait été faite à tout hasard: "Dans les conditions de la crise qui s'aggrave sur les marchés financiers mondiaux, l'existence d'un tel mécanisme d'octroi de crédits dans des cas de force majeure est importante pour Gazprom, ses actionnaires et ses investisseurs".

Denis Borissov, de la compagnie d'investissement Solid, indique que les flux financiers et opérationnels des compagnies pétrolières "sont entièrement nivelés par les volumes des investissements nécessaires aux entreprises pour maintenir leur extraction". Le volume de fonds nécessaire ne peut être assuré que si le prix du pétrole est d'au moins 100 dollars le baril, estime l'analyste. Il ne reste donc plus d'argent pour le refinancement des dettes: les compagnies envisageaient de régler ce problème grâce à de nouveaux crédits. Mais il est presque impossible d'emprunter de l'argent sur le marché, estiment les experts. "Sur les marchés extérieurs, la majorité des investisseurs traditionnels ont annulé les quotas pour la Russie", explique Evgueni Retiunski, conseiller du président du conseil d'administration d'Expobank (filiale de Barclays). Il est également difficile de se procurer de l'argent dans les banques russes. Selon Oleg Gordienko, chef du service d'organisation des emprunts obligataires de Reiffeisenbank, le marché intérieur de la dette publique est fermé "au moins jusqu'à la fin de l'année".

Gazeta.ru

Renault donne un coup de crayon à Lada

Le Britannique Antony Grade, directeur du design automobile de Renault, se rendra en Russie pour prendre en charge les lignes de la nouvelle génération de voitures d'AvtoVAZ (Lada), lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru.

M. Grade, qui a été à l'origine d'un grand nombre de modèles à succès en 20 ans de travail chez le constructeur français, a confié qu'il aurait beaucoup à faire en repartant de zéro.

Le transfert d'Antony Grade chez AvtoVAZ a été décidé par Renault, actionnaire principal et partenaire stratégique du constructeur russe.

Le célèbre designer s'est dit emballé par la possibilité de réunir une nouvelle équipe à l'usine russe afin d'y former des spécialistes de niveau mondial. M. Grade envisage de réunir de jeunes designers russes pour travailler sur les futurs modèles d'AvtoVAZ. Les analystes estiment que de nouvelles voitures de série devraient faire leur apparition dans à peu près 3 ans.

Les experts affirment que l'arrivée de ce grand spécialiste étranger donne une vraie chance à l'entreprise russe. "La situation à AvtoVAZ ne peut pas être pire qu'aujourd'hui", indique Sviatoslav Saakian, spécialiste du design automobile et directeur artistique de l'atelier Slava'Saakyan. "L'arrivée de Grade offre la possibilité d'apprendre beaucoup de choses. Les designers de son niveau dessinent rarement quelque chose par eux-mêmes. En règle générale, ce sont des managers expérimentés: ils fixent un objectif à une équipe des designers et savent comment recevoir d'eux ce qu'il leur faut".

Selon M. Saakian, le fait qu'AvtoVAZ produise des modèles laids et mal conçus n'est très souvent pas du tout lié au travail des designers. Il s'agit d'erreurs dans la gestion de l'entreprise, estime-t-il. "Si le designer français dispose de la liberté nécessaire, il pourra remédier de façon remarquable aux problèmes de l'entreprise russe", indique Sviatoslav Saakian.

Outre l'expérience de Renault, AvtoVAZ pourrait cependant hériter aussi des mauvaises habitudes de son partenaire français. Selon les spécialistes du bureau de design de Renault, le constructeur fait beaucoup d'efforts pour concevoir des concept-cars, qui sont toujours très appréciés et réellement intéressants, mais accorde en même temps trop peu d'attention aux modèles de série. "Finalement, la gamme compte des voitures qui ne sont pas toujours réussies ou bien conçues, telles que la Renault Logan", fait remarquer M. Saakian.

Ces articles sont tirés de la presse et n'ont rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti.

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