Crise mondiale: la guerre en suspens?

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Par Ilgar Velizade (Azerbaïdjan), pour RIA Novosti
Par Ilgar Velizade (Azerbaïdjan), pour RIA Novosti

Alors que les grandes puissances mondiales sont préoccupées par la recherche de moyens optimaux de sortir de la crise économique globale, il y a bien des raisons de supposer que des pays "rétifs" tels que le Venezuela, la Corée du Nord ou l'Iran, qui ont senti que les principaux centres de force leur accordaient moins d'attention, tâcheront d'en profiter pour tirer quelque avantage de cette situation.

Ainsi, le consentement de Pyongyang à abandonner son programme nucléaire a poussé les Etats-Unis à rayer la Corée du Nord de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme international et à lever partiellement les sanctions économiques prises contre ce pays. Cependant, les observateurs estiment que l'Etat nord-coréen ressent à présent une plus grande indépendance économique vis-à-vis de la Corée du Sud, le geste de Washington ouvrant la porte à des investissements en provenance d'autres pays. Combiné avec la politique rigide du nouveau président sud-coréen Lee Myung-Bak à l'égard de son voisin du Nord, cet état de choses constitue la base d'une nouvelle escalade de la tension entre les deux Corées. Pyongyang a menacé le 16 octobre de rompre tous les rapports avec la Corée du Sud, en réaction à la politique inflexible du président sud-coréen qui a promis au Nord des investissements si celui-ci renonçait à ses projets de créer des armes nucléaires. Ces propositions ont donc été repoussées. De l'avis des analystes, Pyongyang craignait d'affaiblir l'influence de l'Etat sur une économie qui reste l'une des plus isolées par rapport au reste du monde.

Cependant, il y a aussi des raisons d'estimer qu'en réalité la Corée du Nord s'est permis ces derniers temps un comportement qui ne lui correspond pas. En effet, dans un contexte où tout le monde est absorbé par la crise économique, il est peu probable que quelqu'un puisse réagir sérieusement à une démarche aussi brutale. Par la même occasion, on peut détourner pour un certain temps l'attention de l'opinion publique d'un probable changement de pouvoir dans le pays.

Mais c'est sans doute le président iranien, connu pour ses déclarations très directes, qui a le mieux réussi à mettre en relief la situation actuelle dans le monde. "Je ne pense pas que l'Amérique soit capable de lancer une nouvelle guerre dans les dix prochaines années. C'est une bonne nouvelle pour le monde entier", a-t-il déclaré la semaine dernière lors d'une rencontre avec quelques dizaines de pacifistes américains. C'est également une bonne nouvelle pour les dirigeants iraniens qui, dans les conditions de l'instabilité extrême des prix mondiaux des produits énergétiques, ont moins à craindre l'introduction de sanctions économiques de grande envergure contre leur pays. Tout ajournement de la question des sanctions en échange de l'arrêt par l'Iran de la mise en oeuvre de son programme nucléaire ne fait que rapprocher Téhéran de son objectif le plus cher.

Hugo Chavez a également su profiter brillamment de la crise financière dans l'intérêt du Venezuela et dans son propre intérêt. Comprenant que le prix des ressources est aujourd'hui au premier plan, il a proposé du pétrole bon marché aux pays pauvres d'Amérique latine. Ces volumes sont insignifiants pour son pays, alors que les dividendes politiques seront pour le moins importants.

Il est prévu que Caracas livre 300.000 barils de pétrole par jour à des prix réduits subventionnés. Dans le même temps, le président Chavez a déclaré qu'il continuerait à faire pression sur l'OPEP afin d'obtenir des livraisons de pétrole à des prix avantageux pour les 50 pays les plus pauvres du monde, africains pour la plupart. Cependant, aucun consensus sur cette question n'a pour l'instant été trouvé au sein du cartel.

Effectivement, la crise mondiale oblige de nombreux Etats à s'occuper, qu'ils le veuillent ou non, de leurs propres problèmes, ce qui relègue au second plan le règlement des grandes questions internationales. Dans ce contexte, il est inutile d'attendre un règlement rapide tant des problèmes apparus récemment (conflit dans le Caucase du Sud) que de ceux ayant déjà une longue histoire derrière eux (problème palestinien). Il n'est pas difficile de deviner qu'en perspective, cette situation peut avoir des conséquences très lourdes pour un système de la stabilité internationale déjà fragile.

Des problèmes globaux tels que la lutte contre la misère dans les pays les plus pauvres, la crise alimentaire globale et la lutte contre toutes sortes d'épidémies pourraient se retrouver privés de l'attention nécessaire.

Mais, paradoxalement, la menace de déclenchement de guerres importantes se réduit considérablement dans ce contexte. Mener une guerre n'est plus avantageux. Mais dans ce cas, on ne sait plus trop que choisir entre un mauvais arrangement et un bon procès.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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