Koronas-Photon: nouvelle étape de la science russe

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Par Andrei Kisliakov, pour RIA Novosti
Par Andrei Kisliakov, pour RIA Novosti

On peut affirmer sans crainte d'exagérer que le lancement du satellite scientifique russe Koronas-Photon depuis le cosmodrome de Plessetsk pour les observations du Soleil ne revêt pas seulement une grande importance scientifique et technique, mais renforce également la foi depuis longtemps ébranlée dans la diversité de la science cosmique russe.

Jugez-en vous-mêmes. Depuis environ dix ans, aucun appareil scientifique n'a été envoyé dans l'espace, alors que nos partenaires et opposants permanents américains en ont lancé 40. Il est vrai, on peut mentionner le satellite Tatiana du projet pédagogique de l'Université de Moscou et le satellite Photon-M3 avec à son bord différents rongeurs et des plantes lancés, respectivement, en janvier 2005 et en mai 2007, mais le fonctionnement de ces appareils n'avait pas duré longtemps et ils ne présentaient pas une grande valeur scientifique.

En fait, le pays qui inaugura l'ère cosmique et continue d'être considéré comme leader pour le nombre de lancements d'engins spatiaux n'avait pas jusque-là de sa propre science cosmique. D'autre part, seuls les appareils scientifiques mis en orbite autour de la Terre et envoyés dans l'espace lointain sont capables de donner les réponses aux questions d'importance cruciale sur l'avenir de la Terre. Sans eux, le premier vol de l'homme dans l'espace n'aurait pu être effectué avec succès. Sans les informations provenant des satellites scientifiques, il est inutile de rêver des lointains voyages spatiaux.

L'étude du Soleil occupe une place à part dans la science sur l'espace. Pour l'instant, c'est l'unique possibilité d'explorer cette étoile. C'est pourquoi les lancements de la plupart des satellites de la Terre et des stations interplanétaires automatiques ont été destinés à atteindre cet objectif.

Dans le cadre du programme international Intercosmos l'URSS lança un grand nombre d'appareils scientifiques destinés à l'étude du Soleil. Le premier satellite Intercosmos-1 lancé en 1969 fut doté d'appareils pour étudier la polarisation du rayonnement des éruptions solaires.

Les appareils russes conçus dans le cadre du programme Koronas (initiales russes pour Observations spatiales orbitales circumterrestres de l'activité du Soleil) ont également continué à étudier notre astre. L'appareil précédent Koronas lancé en 2001 d'une masse d'environ 2 tonnes fournit d'importantes données scientifiques. Cet appareil doté de 15 spectromètres, photomètres et télescopes transmit des données sans précédent sur la plus forte irruption solaire observée à l'automne 2003, il enregistra des éjections provenant de la couronne solaire à une vitesse féérique de 2000 km/sec et découvrit toute une série de nouveaux phénomènes : des formations plasmiques très dynamiques à une température d'environ 20 millions de degrés centigrades (la température de la couronne solaire est de 1 à 2 millions de degrés centigrades). Les déformations de la magnétosphère de la Terre et le mouvement de ceintures de radiations furent découverts pendant les puissantes tempêtes magnétiques. Un événement rarissime fut enregistré : une immense éruption de rayons gamma d'une étoile à neutrons reflétée par la Lune, ce qui permit d'évaluer l'énergie de cette explosion.

Revenons enfin au nouvel appareil. Les objectifs de Koronas-Photon ont été déterminés le plus exhaustivement, dans une interview accordée à l'agence russe Rosbalt par Youri Kotov, directeur de l'Institut d'astrophysique de l'Institut d'ingénierie physique de Moscou (MIFI) et chef du projet Koronas-Photon: "Notre objectif est de prévoir plus ou moins exactement les éruptions. Comme on le sait, le cycle de l'activité solaire dure 11 ans. Il y a des cycles d'apparition de taches solaires. Plus ces taches sont nombreuses et plus grande est l'activité du Soleil, car ce sont les groupes de taches solaires provoquent des éruptions. C'est important pour les prévisions de la "météo" spatiale. Lorsque les vols de l'homme sont prévus, il faut savoir quelle sera l'activité solaire pendant toute la durée du vol, car des éruptions provoquent un dégagement d'énergie sous forme de rayonnements corpusculaires aussi fort que cela risque de soumettre les astronautes aux effets néfastes de la radiation.

Un autre objectif est d'étudier le Soleil en tant qu'étoile. Comme toute étoile, il n'est pas stable, il évolue dans l'univers ... Les télescopes TESIS installés à bord de la sonde (projets du Laboratoire d'astronomie des rayons X du Soleil FIAN) transmettront plus d'un million de nouvelles photographies du Soleil dans une gamme de rayonnements X et UV.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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