Medvedev en Espagne: les paradoxes de l'amitié russo-espagnole

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Par Andreï Fediachine, RIA Novosti
Par Andreï Fediachine, RIA Novosti

La visite du président russe en Espagne (les 1-3 mars) doit ranimer les relations russo-espagnoles dans tous les domaines. Depuis la mort du Caudillo Franco, en 1975, ces rapports ont toujours revêtu un caractère étrange. Nous avons, semble-t-il, des points de vue politiques communs et sommes prêts à procéder à des échanges commerciaux. Nous l'avons déclaré lors de toutes les visites et rencontres au sommet, qui n'ont pas manqué. Mais concrètement, les choses ont évolué très lentement, et même ont fait du sur-place. Si Dmitri Medvedev réussit à changer cette "mécanique du processus", ce sera très bien. Mais, à vrai dire, c'est aux Espagnols qu'il reviendra d'en faire le plus.

De nombreux accords politiques, économiques, commerciaux, juridiques et touristiques ont été signés cette fois aussi à Madrid. La déclaration de partenariat stratégique, considérée comme le document le plus important, doit "confirmer le niveau existant des rapports et déterminer les axes prometteurs de la coopération multiforme russo-espagnole".

L'expérience prouve que les déclarations deviennent importantes quand elles se matérialisent. Des progrès ont été enregistrés dans ce sens. Le fait est que l'Espagne est très importante pour la Russie, entre autres, en tant qu'allié désireux de modifier enfin l'architecture de la sécurité européenne, de la rendre conforme à notre époque. La visite de Dmitri Medvedev constitue une nouvelle tentative de trouver des alliés aux plans russes parmi les "vieux pays" européens. L'Espagne assumera en 2010 la présidence de l'UE et, comme tout pays qui exerce ces fonctions, elle peut faire énormément. Même si elle se borne à inscrire à l'agenda des affaires importantes de l'UE la proposition faite l'année dernière par Dmitri Medvedev de créer un nouveau système de sécurité européenne et une nouvelle architecture financière mondiale. Le président français Nicolas Sarkozy et le premier ministre italien Silvio Berlusconi ont déjà apporté leur soutien aux propositions de Moscou. La chancelière allemande Angela Merkel n'y est pas opposée. Le soutien de l'Espagne faciliterait leur mise en oeuvre. Or, les Espagnols ont fait part de leur soutien lors de cette visite. Il faut attendre désormais que cela se concrétise au niveau européen.

Les choses sont beaucoup plus complexes concernant le commerce russo-espagnol, bien que les échanges avec l'Espagne existent depuis longtemps et que les produits espagnols soient appréciés en Russie. Le volume apparemment important du commerce russo-espagnol peut être expliqué par la place à part qu'occupent les articles espagnols sur le marché russe. Nous achetons volontiers à l'Espagne du vin, des chaussures, des tapis et des meubles.

Mais le fait est que le volume des échanges entre la Russie et l'Espagne est insignifiant, comparativement à d'autres pays de l'UE, et qu'il ne correspond pas à nos potentialités. A première vue, les échanges commerciaux russo-espagnols augmentent à un rythme vertigineux. Ces cinq dernières années, leur montant a quintuplé, pour atteindre 9,3 milliards de dollars en 2009. L'Espagne se situe au 22e rang des partenaires commerciaux de la Russie, laquelle figure parmi les 20 partenaires commerciaux les plus importants de l'Espagne. Pourtant, le montant des échanges commerciaux entre la Russie et l'Italie, dont la nature ne diffère guère de ceux avec l'Espagne, est de plusieurs fois plus élevé. En quoi l'Espagne est-elle pire que l'Italie ?

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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