Russie-Chine: petite histoire de la contrefaçon des armements

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

La vente à la Chine de chasseurs embarqués russes Su-33 a échoué: l'information est donnée par plusieurs agences. Les premières informations sur des livraisons de chasseurs Su-33 à la Chine avaient été publiées il y a quelques années. Différentes sources faisaient état d'achats éventuels par la Chine de 30 à 50 chasseurs pour équiper des porte-avions ultramodernes. Par la suite, il n'a été question que d'acheter 14 avions, à condition que deux appareils soient livrés, dans un premier temps, "pour en prendre connaissance".

La Chine ayant déjà copié le Su-27 pour fabriquer le J-11 (Jian-11), doté de ses propres moteurs et autres équipements, un tel développement des événements ne sied guère à la Russie. De nombreux spécialistes ont pu soupçonner que la Chine ait l'intention de copier également le Su-33 en "prenant connaissance" des modifications différenciant l'avion naval de la plate-forme de base T-10.

Après avoir reçu une grande quantité d'armements soviétiques et des chaînes de production dans les années 40-60 du siècle dernier, la Chine a commencé à fabriquer du matériel de conception soviétique sans cesser cette production, même après la détérioration des rapports entre l'URSS et la Chine et la fin de la coopération militaire et technique dans les années 60.

La Chine a fabriqué et développé, dans la mesure de ses possibilités, des modèles de tous les types d'armements: des armes d'infanterie, mortiers, batteries d'artillerie, véhicules blindés de combat (chars y compris), systèmes de DCA et aéronefs jusqu'aux bombardiers lanceurs de missiles à long rayon d'action Tu-16 (Badger selon la classification de l'OTAN) qui constituent aujourd'hui encore, sous le code H-6, l'essentiel de l'aviation chinoise à long rayon d'action.

Tous ces produits ont été exportés en grandes quantités. Du matériel militaire et des armements créés en Chine, sous licence ou non, ont été utilisés (et sont utilisés) par des pays du tiers monde ou des Etats qui ne pouvaient pas, pour des raisons politiques, acheter des armes à l'URSS ou en Occident, comme l'Albanie ou le Cambodge à l'époque de Pol Pot.

Ces armes ont même été utilisées contre l'URSS: pendant les dix années de conflit en Afghanistan, les 9/10 des armes d'infanterie et mortiers utilisés contre les troupes soviétiques étaient fabriqués en Chine.

Des systèmes d'armes soviétiques ont également été copiés après la normalisation des rapports entre Moscou et Pékin. La Chine a présenté des copies de missiles de croisière modernes, de moteurs d'avions, et, enfin, du chasseur Su-27, comme nous l'avons déjà mentionné, ainsi que de nombreux autres types de matériel militaire.

La conclusion de contrats de livraison de lots importants d'armes qui satisferaient les besoins de la Chine dans tels ou tels armements pourrait constituer une certaine garantie contre la production illégale de copies. Mais, premièrement, la Chine n'est pas encline, ces temps derniers, à effectuer de tels achats et, deuxièmement, cela ne garantirait pas que des copies des systèmes livrés ne soient pas fabriquées pour être ensuite exportées dans des pays tiers. Seule la signature d'un accord entre les deux parties sur la protection des brevets pourrait empêcher de telles exportations.

Cependant, comme le montre l'expérience de ces dernières années, il y a très peu de pays produisant sans licence des copies d'armes russes qui soient enclins à respecter les droits du pays qui les a conçues.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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