L'Arctique: rêve et réalité

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Par Andreï Kisliakov, RIA Novosti
Par Andreï Kisliakov, RIA Novosti

Situé tout au nord de notre planète, l'Arctique fait aujourd'hui l'objet d'une attention plus grande que n'importe quelle autre région. La raison en est connue: les glaces arctiques éternelles cèdent du terrain, alors que le sous-sol des mers septentrionales recèle de fabuleuses réserves d'hydrocarbures. Les milliards de barils d'or noir devenus tout à coup presque accessibles peuvent, on le comprend, influer sérieusement sur le comportement des Etats intéressés.

Cependant, à côté des "Hourra! L'Arctique fond!", s'élèvent également des suppliques du type: "Mon Dieu, préservez �" Quels processus se produisent donc sur notre calotte polaire, quelles sont leurs conséquences éventuelles?

Selon une analyse réalisée en avril par les chercheurs de l'Administration nationale américaine des études océaniques et atmosphériques (NOAA), les glaces du pôle Nord auront déjà définitivement disparu d'ici une trentaine d'années, et non en 2100, comme on le prévoyait jusqu'alors. Les spécialistes du service de climatologie de la NASA vont plus loin. Les glaces de l'Arctique, affirment-ils, auront disparu d'ici cinq ans! La dynamique du processus observé en témoigne. La masse totale des glaces polaires représente aujourd'hui la moitié de ce qu'elle était il y a quatre ans.

Ce qui est certain, c'est que les glaces fondent de plus en plus, et les scientifiques sont enclins à attribuer ce phénomène à l'activité économique de l'homme. La plupart des pays industrialisés étant situés dans l'hémisphère Nord, l'Arctique subit une pollution anthropique plus forte que, par exemple, l'Antarctique. Des matières polluantes telles que les métaux lourds et les radionucléides sont apportées en permanence par les vents dans l'Arctique.

Voilà encore 10 ou 20 ans, notent également les Américains, 80% de la lumière et de la chaleur du Soleil étaient réfléchis par les glaces vers l'espace. Mais, désormais, l'atmosphère étant devenue plus poussiéreuse et plus sale, le coefficient de réflexion s'est réduit considérablement et la chaleur se concentre davantage au-dessus de l'Arctique, ce qui accélère la fonte des glaces.

Par conséquent, l'Océan Glacial Arctique peut devenir sous peu une région de navigation ouverte toute l'année, avec les énormes avantages économiques en découlant. Sans parler du pétrole. On estime que ses réserves, pour la seule zone à laquelle prétend la Russie, se montent à environ 600 milliards de barils, soit, à titre de comparaison, le double de celles de l'Arabie Saoudite.

Souhaitons simplement que les rêves optimistes de l'humanité liés à cette "aubaine" inouïe ne tournent pas au cauchemar avec des cataclysmes naturels à l'échelle globale. Le processus a déjà commencé. Cette vive accélération de la fonte des glaces entraînera immanquablement des sécheresses catastrophiques dans les régions sud-est des Etats-Unis et des inondations dans d'autres Etats américains, par exemple au Colorado. Au vu des informations reçues, de tels phénomènes se produisent déjà sur le territoire des Etats-Unis.

La zone de pergélisol (sol éternellement gelé, merzlota) couvre un quart de l'hémisphère Nord. Elle fond à grande vitesse. La superficie de certains lacs sibériens a quintuplé depuis 2006. Le mode de vie traditionnel des peuples autochtones de cette immense région de la planète s'en trouve naturellement perturbé. L'infrastructure d'un grand nombre de villes et de villages est en danger. L'exploitation des gisements de pétrole et de gaz des régions polaires russes devient problématique, ce qui menace notre bien-être.

Qui plus est, le méthane, le plus fort des gaz de serre, autrefois captif du pergélisol, se dégage avec une force insoupçonnée du sous-sol qui est en train de fondre. Et il contribue ainsi au réchauffement climatique global.

Les glaciers du Groenland représentent, sur ce plan, un danger particulier. D'immenses épaisseurs de glace y fondent à une vitesse alarmante. L'accélération de ce processus risquerait d'élever le niveau de l'océan de 7 mètres, ce qui pourrait entraîner la disparition de tous les Etats situés dans les régions plates de notre planète.

Mais l'élévation de la température au Groenland ne fait pas que précipiter la fonte des glaces. Le réchauffement contribue à accélérer le déplacement de toute la masse énorme de ce glacier. Selon certains scientifiques, l'accélération de la vitesse du déplacement des glaces du Groenland provoquera non seulement des inondations globales et un accroissement de l'activité sismique, mais aussi des modifications du déplacement de la Terre dans l'espace.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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