Armements: le Pentagone fait des économies

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti
Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Les Etats-Unis commencent à économiser sur leur budget militaire. Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a annoncé des plans de réduction du budget du Pentagone dans les prochaines années, concernant en premier lieu les programmes onéreux de rééquipement des forces armées en "armes du futur".

Selon le secrétaire américain à la Défense, un conflit au cours duquel les forces armées des Etats-Unis devraient avoir besoin d'une grande quantité d'armements très sophistiqués pour l'emporter est peu probable dans les années à venir. C'est pourquoi il est prévu de renoncer aux achats de certains types d'armements coûteux et d'acquérir des systèmes simples, moins onéreux.

La liste des "victimes" de ces économies est assez longue. Ce sont le chasseur F-22, les frégates du type LCS, les destroyers du type Zumwalt (s'il s'avère impossible de baisser radicalement le coût des nouveaux navires), les nouveaux systèmes d'armements pour les troupes terrestres élaborés dans le cadre du programme FCS (Future Combat System). Les dépenses seront également réduites pour le système de défense antimissile (ABM), si cher au coeur de l'administration précédente. Ainsi, il est prévu de diminuer le budget pour le développement du laser aéroporté (Airborne laser, ou ABL) et, peut-être, de renoncer au déploiement du système de défense antimissile en Europe de l'Est.

En revanche, un accroissement des dépenses devrait intervenir pour les systèmes tactiques de défense antimissile - les systèmes THAAD, SM-3 et PAC-3, destinés à protéger les troupes et les ouvrages importants contre les attaques en recourant à des missiles opérationnels tactiques.

Cette décision profitera aux fabricants de systèmes plus traditionnels, dont les forces armées manquent actuellement. Ainsi, les dépenses augmenteront pour la production des chasseurs F-35, qui sont des appareils bien plus simples et moins onéreux que les F-22. La Marine recevra pour sa part des avions F/A-18E/F en supplément. La possibilité de poursuivre la construction de destroyers de type Arleigh Burke, moins onéreux et plus simples que les Zumwalt futuristes, est à l'étude.

Un rôle important dans l'équipement des forces aériennes américaines est réservé aux drones, qui assumeront de plus en plus de fonctions des avions traditionnels, à moindres frais et plus rapidement. Les drones peuvent être utilisés pour effectuer des reconnaissances, patrouiller, porter des frappes au moyen d'armes de haute précision, mener à bien des opérations de sauvetage, ainsi que pour réaliser de nombreuses autres missions.

Les Etats-Unis consacreront également des sommes importantes à la modernisation du matériel actuel de toutes les forces armées. Les conflits en Irak et en Afghanistan nécessitent toujours des véhicules blindés de combat, des systèmes d'artillerie traditionnels, des chars, des hélicoptères et des chasseurs bombardiers. Depuis l'époque de la guerre froide, les Etats-Unis disposent d'importantes réserves de ces catégories de matériel militaire qui, après modernisation, permettront d'accomplir efficacement les missions de notre époque.

Dans le même temps, les forces armées américaines devront conserver un potentiel leur permettant de mener une guerre contre un adversaire bien armé: la quantité de matériel militaire en leur possession et les possibilités de leurs systèmes modernisés leur assureront le statut de plus puissante machine de guerre au monde.

Cependant, ces plans raisonnables d'économie peuvent capoter: Robert Gates compte de nombreux adversaires, favorables à l'achat de systèmes de combat ultramodernes. Et ils avancent eux aussi des arguments "anticrise", l'augmentation des dépenses pour la production de matériel militaire étant censée relancer l'économie américaine.

En 2009, les dépenses militaires des Etats-Unis se monteront à 612 milliards de dollars. Lorsque la préparation du budget 2010 avait commencé, sous l'administration Bush, on pensait les augmenter de 14%. Pour l'instant, dans le cadre des économies envisagées, on prévoit un accroissement de "seulement" 4%.

Par conséquent, on ignore actuellement dans quelle mesure les projets du chef du Pentagone seront concrétisés. Il est également difficile de dire si les Etats-Unis sont capables de supporter, dans les conditions présentes, le même fardeau de dépenses militaires que par le passé. Ses énormes dépenses militaires ont été l'une des causes de l'effondrement de l'économie de l'URSS. Constitueront-elles également, dans les conditions de la crise, une charge trop lourde pour la plus puissante économie du monde?

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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