Poutine-Timochenko: accords sur le gaz et d'autres sujets

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Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti
Par Oleg Mitiaïev, RIA Novosti

La crise a obligé l'Ukraine et la Russie à passer de la confrontation dans le secteur gazier au dialogue pragmatique. En témoignent les résultats de la rencontre entre les premiers ministres russe et ukrainien, Vladimir Poutine et Ioulia Timochenko, qui a eu lieu le 29 avril à Moscou. La Russie n'appliquera pas de sanctions financières contre l'Ukraine, qui lui a acheté moins de gaz que ne le prévoyait leur contrat. De plus, Moscou acquittera d'avance le transit de son gaz vers l'Europe. Kiev pourra ainsi payer le gaz qu'il aura consommé. En retour, l'Ukraine a invité la Russie à participer à la modernisation de son réseau de gazoducs.

Ioulia Timochenko a déclaré au cours de sa visite à Moscou que la tension dans les relations avec la Russie suscitée par les conflits sur les livraisons de gaz à l'Ukraine avait été surmontée. Les périodes où une certaine confrontation était palpable appartiennent désormais au passé, a-t-elle dit.

Les contrats gaziers en vigueur, conclus le 19 janvier dernier avec la Russie, prévoyaient que l'Ukraine achèterait à Gazprom 40 milliards de m3 de gaz en 2009 et que, même si elle ne consommait pas entièrement ce volume, elle devrait quand même le payer.

Mais la crise a gravement affecté la solvabilité de l'Ukraine, et elle a dû réduire considérablement sa consommation de gaz russe. Dans cette situation, la Russie, qui n'a pourtant pas non plus été épargnée par la crise économique mondiale, a fait preuve de générosité. A l'issue de la rencontre du 29 avril, le premier ministre russe Vladimir Poutine a confirmé que Gazprom n'appliquerait pas de sanctions financières contre l'Ukraine pour sa consommation insuffisante de gaz cette année.

En outre, la Russie a consenti à payer d'avance pour le transit par l'Ukraine de son gaz destiné à l'Europe, de telle sorte que Kiev puisse acquitter sa consommation de gaz et remplir partiellement ses entrepôts souterrains de gaz pour le prochain hiver.

La première ministre ukrainienne a, de son côté, proposé à la Russie de participer, comme l'un de ses principaux partenaires, à la modernisation du réseau de gazoducs ukrainien (RGU). "La modernisation de ce réseau est impossible sans la participation de la Russie et de Gazprom", a déclaré le 29 avril à Moscou Ioulia Timochenko.

Une affirmation qui ne pouvait que plaire à la partie russe. Car l'Union européenne et l'Ukraine ont signé le 23 mars à Bruxelles (sans la participation de la Russie) une déclaration sur la modernisation conjointe du réseau de gazoducs ukrainien. Cette initiative a été mal accueillie par la Russie, qui achemine par le RGU 80% de ses livraisons de gaz destinées à l'Europe.

Pour l'instant, l'Ukraine entend par participation de la Russie à la modernisation du RGU des livraisons de tubes et autres équipements russes. Comme l'a déclaré Ioulia Timochenko, la Russie produit des équipements et peut, en les livrant à l'Ukraine, participer ainsi à la modernisation avec un retour d'investissements.

Cependant, la coopération entre la Russie et l'Ukraine à la modernisation du réseau de gazoducs ukrainien ira probablement plus loin.

Alors que les deux premiers ministres étaient en discussion, le ministre russe de l'Energie, Sergueï Chmatko, a déclaré que les deux pays achevaient la préparation d'un accord intergouvernemental de coopération dans le secteur gazier prévoyant la participation de la Russie à la modernisation du RGU.

Selon Sergueï Chmatko, le projet de cet accord est en train d'être concerté. Le ministre russe de l'Energie a souligné qu'il ne voyait pas de contradictions entre cet accord et la déclaration sur la modernisation du RGU signée entre l'Ukraine et l'Union européenne.

Lors de la conférence de presse qui a eu lieu à l'issue des négociations avec Ioulia Timochenko, Vladimir Poutine a déclaré que l'idée, avancée voilà quelques années, de créer un consortium international afin de moderniser le réseau de gazoducs ukrainien avec la participation de compagnies européennes et russes, était toujours d'actualité.

Il est par ailleurs évident que les acomptes russes pour le transit du gaz ne suffiront certainement pas à l'Ukraine, compte tenu de sa situation économique actuelle.

C'est pourquoi, a déclaré Vladimir Poutine, l'octroi à l'Ukraine de trois crédits est à l'ordre du jour: pour l'achat du gaz et le remplissage des entrepôts souterrains, pour la réalisation du projet d'édification de deux tranches de la centrale nucléaire de Khmelnitski, ainsi que pour soutenir le budget ukrainien. Comme on le sait, le gouvernement ukrainien a demandé à la Russie de lui accorder un crédit de stabilisation de 5 milliards de dollars. Il n'est pas exclu qu'après l'engagement des relations économiques russo-ukrainiennes sur une voie constructive, le gouvernement russe trouve la possibilité de l'accorder.

Pour sa part, Ioulia Timochenko a promis de soutenir au maximum l'adhésion de la Russie à l'OMC. Elle a par ailleurs assuré que l'Ukraine ne livrait pas, actuellement, d'armements à la Géorgie et qu'elle ne le ferait pas dans un proche avenir.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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