Nicolas Sarkozy en visite dans le Caucase

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Par Ilgar Velizade, expert politique (Azerbaïdjan), spécialement pour RIA Novosti
Par Ilgar Velizade, expert politique (Azerbaïdjan), spécialement pour RIA Novosti 

Plusieurs chefs d'Etat, parmi les principaux acteurs de la scène politique mondiale, ont l'intention de se rendre dans le Caucase du Sud, à l'image du président israélien Shimon Pérès, attendu dans la région dans la dernière décade de juin. Les dirigeants d'autres Etats, tel le président français Nicolas Sarkozy, prévoient également de s'y rendre prochainement, si l'on en croit les informations émanant d'une  source informelle.

Jamais dans l'histoire les principaux acteurs de la politique mondiale n'avaient éprouvé un tel attrait pour cette région.

Une visite historique de l'ex-président américain George W. Bush dans le Caucase avait même été prévue pour la fin de l'année dernière. Selon certaines informations, le nouveau président Barack Obama a promis d'accomplir, d'ici la fin de cette année, ce que son prédécesseur n'a pas eu le temps de faire.

En ce qui concerne les trois pays du Caucase du Sud dans lesquels se rendra Nicolas Sarkozy, leur situation et leur rôle dans la politique régionale sont tellement spécifiques qu'il n'apparaît guère possible d'établir des rapports identiques avec chacun d'eux. Le président français aura donc des priorités spécifiques dans chacun de ces trois Etats.

Nicolas Sarkozy avait énergiquement soutenu l'idée de l'intégration de la Géorgie dans l'OTAN. La diplomatie française a toujours aspiré à jouer un rôle particulier en Géorgie, et les événements d'août 2008 n'ont fait que renforcer cette position. La Géorgie étant considérée comme une future place forte de l'OTAN dans le Caucase, la France souhaite accomplir les fonctions de "résident" de l'OTAN dans ce pays.

Les rapports entre Erevan et Paris sont à mettre à part. Nul n'ignore que la très importante diaspora arménienne de France (environ un demi-million de personnes, selon différentes données) est la locomotive principale de ces rapports.

Les positions de la diaspora arménienne sont très fortes au Sénat français. Le groupe d'amitié France-Arménie s'y montre très dynamique. Il n'est pas étranger au fait que le parlement français a été le premier à qualifier officiellement de génocide les événements de 1915 dans l'Empire ottoman. Comme l'a déclaré récemment le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, la France soutient chaleureusement le rapprochement entre la Turquie et l'Arménie. Il a souligné, en particulier, qu'il était très important que l'établissement de rapports amicaux entre la Turquie et l'Arménie facilite les négociations sur le Haut-Karabakh.

En sa qualité de coprésidente du groupe de Minsk de l'OSCE pour le règlement du conflit du Haut-Karabakh, la France essaie d'entretenir des contacts intenses avec tous ses partenaires. C'est pourquoi le règlement du conflit du Haut-Karabakh figurera certainement parmi les sujets prioritaires des entretiens, tant à Erevan qu'à Bakou. Mais les questions économiques ne seront pas non plus reléguées au second plan. Les projets visant à associer le Turkménistan au projet de gazoduc Nabucco ayant échoué, Bakou est désormais le seul fournisseur possible de combustible pour ce projet. Nabucco et le transit des hydrocarbures destinés à l'Europe par le territoire de l'Azerbaïdjan tiendront, de toute évidence, une place importante dans les discussions, de même que la participation de compagnies françaises - Total, principalement - à la mise en valeur du plateau continental de la Caspienne.

Comment la Russie réagira-t-elle à ce déploiement d'activité sans précédent à proximité de ses frontières méridionales ? Il est peu probable qu'elle ait des raisons de s'inquiéter sérieusement. Les Etats concernés, même s'ils jouent un rôle important dans la politique et l'économie mondiales, sont situés loin du Caucase du Sud. Leurs tentatives de se mêler de la politique spécifique complexe de cette région ne peuvent pas être durablement couronnées de succès, la Russie entretenant avec cette dernière un rapport direct.

Lors d'une récente conférence de presse, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, s'est prononcé très clairement à ce sujet. Il a souligné que l'Azerbaïdjan n'avait jamais fait dépendre ses rapports avec la Russie de la conjoncture politique. La Russie a été, est et sera un partenaire stratégique de l'Azerbaïdjan. « La place occupée par ce pays dans notre politique étrangère est particulière et nous tenons toujours à ces rapports particuliers », a déclaré Ilham Aliev. Et d'ajouter qu'une position différente et son développement, dans un contexte d'exacerbation des contradictions, seraient lourdes de conséquences pour les pays de la région : il n'est que de voir comment ont évolué les relations entre la Russie et la Géorgie durant l'été dernier.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

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