Iran : la pression monte

S'abonner
Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti
Par Piotr Gontcharov, RIA Novosti

Nous sommes désormais quasiment habitués aux images des manifestations de l'opposition iranienne et de leur dispersion par la police. Mais derrière ces images se cache la crise politique qui ronge l'actuelle administration iranienne. Or, de la politique intérieure dépend la politique extérieure, et notamment le conflit international autour des programmes nucléaires de Téhéran.

La récente démission de quatre ministres (Culture, Travail, Santé et Renseignements) et le fait que le premier vice-président Rahim Mashaie a été limogé par le leader spirituel iranien Ali Khamenei en personne témoignent que ce dernier n'est plus à même de défendre son protégé, Mahmoud Ahmadinejad. Cela signifie qu'est en train de mûrir au sein du club des ayatollahs une opposition non seulement à Ahmadinejad, mais à Ali Khamenei lui-même. A l'heure actuelle, l'opposition au groupe au pouvoir est constituée de forces "modérées", représentées par d'anciens présidents - l'ayatollah Hashemi Rafsanjani et l'ayatollah Khatami - et l'ancien premier ministre Mir Hossein Moussavi.

Ahmadinejad fait tout son possible pour sauver le régime. Mais en combattant cette "récidive des révolutions de velours", il doit faire face à une forte pression internationale.

L'administration de Barack Obama, selon les propos que vient de tenir à Jérusalem Robert Gates, espère recevoir d'ici la fin septembre la réponse de Téhéran à sa proposition concernant le programme nucléaire iranien. Le Secrétaire américain à la Défense a rappelé également que les Etats-Unis envisageaient de protéger Israël de la menace nucléaire, en lui accordant l'assistance technique et économique nécessaire pour renforcer sa défense antimissile.

Le président français Nicolas Sarkozy a prévenu Téhéran qu'en l'absence d'une réponse positive, l'Iran serait confronté à un isolement international dans tous les domaines. La Russie et les Etats-Unis ont, pour leur part, imposé à l'Iran des conditions dures, se montrant unanimes lors d'un point de presse conjoint en Thaïlande du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et de son homologue américaine, Hillary Clinton. "Nous attendons une réponse iranienne aux propositions du groupe "5+1". Nous appelons l'Iran à la donner le plus vite possible". C'est la première fois que Moscou et Washington font preuve d'une telle unanimité sur le problème iranien.

Tout récemment encore, l'atmosphère était plus sereine. Lors du récent sommet de l'Aquila, les membres du G8 (dont la Russie et les Etats-Unis) avaient convenu d'attendre jusqu'à septembre pour décider d'un éventuel durcissement des sanctions.

Rappelons que les propositions en question ont été adressées à Téhéran en avril dernier, dans le contexte de l'élection présidentielle qui arrivait. Ces propositions étaient on ne peut plus intéressantes, de l'avis de la plupart des observateurs. Elles garantissaient à l'Iran une coopération tous azimuts en matière de technologies nucléaires, en échange de l'abandon de son programme d'enrichissement de l'uranium. Téhéran a eu le temps de les apprécier à leur juste valeur. Ce qu'il a fait, du reste, à sa manière habituelle.

Immédiatement après le sommet de l'Aquila, Téhéran a déclaré avoir préparé un paquet de contre-propositions, reflétant non seulement la manière dont l'Iran appréhende les défis auxquels le Proche-Orient est confronté actuellement, mais aussi ses positions dans le domaine de la sécurité et de la politique régionale.

L'Iran se dit également prêt à discuter avec les Occidentaux du désarmement nucléaire universel, de la crise économique mondiale et autres problèmes philosophiques. Bref, Téhéran est prêt à discuter de tout, sauf des propositions de coopération que lui a soumises la communauté internationale.

Les processus actuels au sein de l'administration iranienne témoignent que l'enthousiasme d'avril va decrescendo, peut-être en raison, notamment, des manifestations de l'opposition et de la scission au sein du groupe dirigeant.

A quoi mèneront les changements de politique intérieure à Téhéran ? La réponse n'est pas claire. Peut-on espérer que la nouvelle administration de Mahmoud Ahmadinejad corrigera ses positions concernant le programme nucléaire iranien? Nous n'avons pas de réponse pour l'instant.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Fil d’actu
0
Pour participer aux discussions, identifiez-vous ou créez-vous un compte
loader
Chat
Заголовок открываемого материала