Missiles iraniens : s'agit-il d'une menace potentielle ou réelle?

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Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

Par Ilia Kramnik, RIA Novosti

De nouveaux tests de missiles effectués par l'Iran retiennent l'attention des médias du monde entier. Il est évident que la République Islamique poursuit de plus belle le perfectionnement de ses  missiles. Quelles sont donc les capacités actuelles des missiles iraniens?

Les exercices militaires du Corps des Gardiens de la Révolution islamique "Manoeuvres Grand prophète - IV" ont eu lieu les 27 et 28 septembre en Iran. Au cours de ces manoeuvres, des officiels ont annoncé les tests de certains modèles de missiles. Selon les médias iraniens, le premier jour, les militaires ont effectué les lancements de missiles balistiques de courte portée Fateh et Tondar et testé les systèmes de lancement de missiles multiples, le deuxième jour, ils ont testé leurs missiles balistiques les plus puissants Shahab-3 et Sejil.

Le missile Sejil suscite de nombreuses questions chez les experts. Nombre d'entre eux affirment qu'il n'existe pas de projet Sejil et que des missiles Shahab-2 et Shahab-3 sont périodiquement lancés, à des fins de désinformation, sous les noms de Sejil et de Sejil-2.

La portée du missile Shahab-3 lui permet d'atteindre des cibles en Israël, en Asie mineure, dans les Balkans et en Russie. Mais c'est certainement aujourd'hui le plus puissant missile de l'arsenal iranien.

Mais l'arsenal des missiles de la République Islamique d'Iran ne se borne pas, loin s'en faut, au Shahab-3. L'Iran dispose d'un arsenal important de missiles de courte portée (jusqu'à 300 km), guidés et non guidés, qui peuvent être utilisés pour atteindre des cibles dans les arrières de l'adversaire et sur le champ de bataille. Plusieurs missiles iraniens non guidés (roquettes) de portée de 30 à 40 km sont employés par les terroristes pour effectuer des tirs sur Israël à partir des territoires voisins.

Des missiles de portée de 300 km et plus sont développés en Iran en utilisant avant tout les technologies du vieux missile soviétique R-17 connu en Occident comme Scud. Des armes de ce type ont été achetées à un moment donné par l'Iran à la Libye et à la Corée du Nord. Les analogues coréens modernisés du R-17 ont servi de base aux projets technologiques dans le domaine de la construction de missiles balistiques iraniens de moyenne portée.

Le Corps des Gardiens de la Révolution islamique, armée idéologique de l'Iran, a reçu les premiers missiles balistiques en 1985 et, peu après, l'Iran a commencé à pilonner aux missiles des villes irakiennes en réponse aux actions analogues de l'Irak au cours de la guerre irano-irakienne. Les tirs les plus intenses de missiles Scud-B a eu lieu pendant 52 jours de 1988. Ensuite, cette période a été baptisée la "guerre des villes". L'Iran a lancé alors 77 missiles Scud-B contre Bagdad, Mossoul, Kirkuk et Tikrit.

Ensuite, l'Iran a développé, sur la base du Scud, les missiles Shahab-1 et Shahab-2 de portée de 350 et 750 km respectivement et abordé le développement du missile Shahab-3, dont la portée a dépassé 2000 km.

La fusée porteuse Saphir (ambassadeur) utilisée pour mette en orbite le premier satellite artificiel iranien de la terre Omid a été développée sur la base du missile Shahab-3. On estime que l'Iran développe un missile balistique intercontinental dans le cadre de ce projet.

Il faut dire qu'en développant ses missiles, l'Iran recourt souvent à l'assistance technologique étrangère, tout d'abord chinoise et nord-coréenne. En plus des technologies, la Chine fournit à l'Iran des produits finis, entre autres, des missiles CSS-8 (portée d'environ 180 km). Grâce à la Chine, l'Iran a enregistré des succès importants dans le perfectionnement de ses missiles. Ainsi, la portée du missile opérationnel tactique Nazeat-10 dont dispose le Corps des Gardiens de la Révolution islamique depuis 1996 a été augmentée jusqu'à 300 km (contre 163 autrefois). Le missile modernisé a été baptisé FATEX-110A.

Le programme balistique iranien a été l'une des principales raisons officielles du déploiement du système américain de défense antimissile (ABM). La réalité de la menace d'emploi par l'Iran de ses missiles et le niveau des forces et des moyens indispensable pour parer à une attaque éventuelle sont le sujet principal de la discussion menée depuis des années à propos de l'ABM.

Comme alternative à la troisième zone de positionnement du système d'ABM en Europe, dont le déploiement a été prévu par l'administration Bush, la Russie a maintes fois proposé d'étudier la variante de déploiement de missiles intercepteurs à proximité immédiate des frontières de l'Iran : en Turquie, au Koweït et, éventuellement, en Irak. Cela faciliterait considérablement l'interception des missiles lancés depuis le territoire de l'Iran et ne représenterait pas une menace pour le potentiel des missiles nucléaires de la Russie et pour l'équilibre mondial des forces nucléaires.

Il est à remarquer que la position des Etats-Unis sur la défense antimissile a changé ces derniers temps et l'administration du président Obama prévoit maintenant de déployer en Europe des missiles intercepteurs de stationnement maritime et terrestre qui sont capables de frapper les têtes des missiles de moyenne portée et qui ne représentent pas une menace pour les missiles balistiques intercontinentaux russes.

Cependant, la défense contre les missiles de moyenne portée suscite des préoccupations en Russie : compte tenu des changements éventuels dans la politique iranienne, il n'est pas exclu que les missiles iraniens représentent une menace pour notre pays. Cela étant, le renforcement des forces de la DCA russe et la coopération dans le cadre de l'édification d'un système de sécurité européen unique, y compris la défense antimissile, est probablement la seule issue raisonnable pour toutes les parties concernées.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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