Baisse de la note de crédit US : faut-il sombrer dans la panique?

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Lundi a été un moment de vérité pour les marchés mondiaux et, probablement, pour tout le système économique contemporain. Les dettes souveraines, les perspectives des politiques nationaux, le sort des investissements à l’échelle mondiale, la situation géopolitique : tout a été mis sur le tapis.

Lundi a été un moment de vérité pour les marchés mondiaux et, probablement, pour tout le système économique contemporain. Les dettes souveraines, les perspectives des politiques nationales, le sort des investissements à l’échelle mondiale, la situation géopolitique : tout a été mis sur le tapis. Et tout cela en raison de la première diminution de la note de crédit des
Etats-Unis, annoncée vendredi soir par l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P).

Ainsi, pour la première fois depuis 1860, lorsque la S&P a évalué la fiabilité des obligations ferroviaires du gouvernement américain, la note de crédit du pays passe de AAA à AA+. Il est à noter que selon la S&P, actuellement 18 pays méritent la note maximale AAA, dont l’Australie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, le Canada et la France. Les Etats-Unis n’en sont plus dignes.

La Chine, le plus gros détenteur des obligations du Trésor américain (1.160 milliards de dollars), a été la première à réagir. Samedi l’agence Xinhua a exhorté les Etats-Unis de "se guérir de l’addiction aux emprunts".

Le second plus grand détenteur d'obligations du Trésor américain, le Japon, ne voit pas pour l’instant de problèmes avec la fiabilité des titres américains, a déclaré à l’agence de notation Bloomberg un représentant du gouvernement japonais qui a souhaité garder l’anonymat.

Les autorités financières de la Corée du Sud ont inclus à l’ordre du jour de la réunion extraordinaire de samedi dernier le thème de la diminution de la note de crédit des Etats-Unis. La Banque centrale de Hong Kong a déclaré samedi qu’elle suivait de près l’état des marchés.

L’Europe s’est retrouvée dans une situation extrêmement difficile. Au plus fort de la crise des dettes souveraines. Les institutions financières européennes aident déjà la Grèce, le Portugal et l’Irlande à rembourser leurs dettes. Mais les problèmes de la dette de l’Italie et de l’Espagne se sont aggravés, ce qui est susceptible d’aspirer toute la zone euro dans la spirale de la crise.

Même sans la diminution sans précédent de la note de crédit des Etats-Unis, le système financier de l’Europe menaçait de sombrer. Désormais tout paraît encore plus noir.

Et ce n’est plus un problème pour l’Europe ou les Etats-Unis pris à part. C’est un problème pour le monde entier. Les obligations du gouvernement américain, jusqu’à présent considérées comme l’investissement le plus fiable du monde, sont désormais moins sûres que les obligations, par exemple, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne ou de la France. Les investisseurs tentent de trouver un havre de paix.

La Russie sera également affectée par cette histoire. Avant tout car dès lundi une réévaluation des risques commencera dans le monde entier, rappelle l’ancien chef du Service fédéral pour les marchés financier Vladimir Milovidov. "Je pense que la réévaluation prendra peu de temps", explique l’expert.

De plus, il y a le pétrole. Si le monde plongeait dans la crise-2011 (ce qui paraît de plus en plus probable compte tenu des événements récents), la demande de pétrole diminuerait. Ce que représentent les prix des hydrocarbures pour l’économie russe est une question rhétorique.

Quelle importance a cela pour un individu lambda? Il n’a peut être rien à faire de la couleur des chiffres sur les marchés boursiers et des sujets de discussion entre les ministres des Finances? Hélas, si.

Tout individu qui a des épargnes sous telle ou telle forme les investit. Même si ces épargnes sont sur un compte de dépôt. La hausse du coût des emprunts sur le marché mondial conduit inéluctablement à l’augmentation du coût des crédits pour les particuliers. Les perturbations dans le système banquier forcent les banques à diminuer les taux d’intérêts sur les dépôts. Et bien que les épargnes, contrairement aux investissements, ne perdent pas de leur valeur en raison des chutes du marché, pendant une crise elles peuvent connaître une dépréciation très rapide.

D’une manière ou d’une autre, tout le monde va ressentir l’effet des turbulences du marché qui viennent de commencer. Toute personne, toute compagnie, tout pays et toute institution supranationale. Et il ne faut pas blâmer la S&P pour avoir appuyé sur la détente. La décision de l’agence de notation n’est qu’un prétexte, et non pas la cause.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction

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