D'une part, il est fréquent que l'Etat récupère des actifs pour créer, dans certains secteurs économiques, des sociétés publiques championnes. D'autre part, on voit se multiplier les exemples de changement de propriétaire en faveur d'investisseurs étrangers, écrit Konstantin Simonov, directeur général du Centre de conjoncture politique.
L'année dernière, la Russie a battu les records du nombre d'IPO et du résultat des introductions sur les places étrangères. La fusion de Severstal avec Arcelor incite à parler moins de la nationalisation de l'économie russe que de son internationalisation. Et cela avec la participation active de l'Etat.
Pour la première fois une société russe importante sera échangée contre le blocage minoritaire d'un géant mondial. Certes, il y a aussi TNK-BP mais ce groupe a été constitué d'après un schéma différent : plutôt que d'échanger la moitié de leur société contre une autre propriété, les actionnaires russes ont préféré la vendre cash. D'autre part, dans le premier cas, c'est la réduction des risques politiques qui était prioritaire. Maintenant, en dépit de la nouvelle campagne électorale qui approche, le grand business a beaucoup plus d'assurance. Norilski Nickel oriente sa stratégie de développement d'ici à 2020 vers les investissements en Russie uniquement. Roman Abramovitch, qui semble avoir décidé de se tourner définitivement vers l'extérieur, engage subitement des négociations sur l'achat d'Evrazholding.
Là, il s'agit moins d'une tentative de sécuriser la propriété en Russie que d'accéder à l'échelon supérieur des milieux d'affaires mondiaux. Cela répond pleinement aux ambitions des élites politiques russes qui s'efforcent de devenir des partenaires à part entière dans les jeux globaux. Aussi, l'Etat s'emploie-t-il à roder un schéma-modèle d'intégration en se concentrant sur un seul projet important capable de devenir stratégique pour l'unification des intérêts politiques et économiques avec l'Occident.
La nouvelle stratégie économique du pouvoir exécutif russe consiste donc à rechercher d'importants échanges de propriété avec des majors étrangères. Il faut donc s'attendre à de nouvelles mégatransactions. Aussi bien avec l'Occident qu'avec l'Orient.
