Egor Gaïdar prédit à la Russie un krach économique (Novye Izvestia)

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MOSCOU, 6 mars - RIA Novosti. Si la politique économique actuelle se poursuit dans les prochaines années, la Russie n'aura aucune chance d'éviter le krach, même si le prix du pétrole reste stable. Selon Egor Gaïdar, directeur de l'Institut de l'économie de la période de transition, "la politique économique actuelle du pays est appliquée en se fondant sur des objectifs fixés pour deux à trois ans, comme si la vie pouvait s'arrêter ensuite". Cela se produit dans le contexte d'une baisse générale de l'efficacité de l'économie: l'Etat continue à s'emparer méthodiquement de nouveaux actifs qu'il ne sait pas gérer.

"Il est impossible de ne pas constater qu'au fur et à mesure de la renationalisation des actifs du secteur des matières premières le rythme de l'exploitation de nouveaux gisements baisse et prend de plus en plus de retard sur l'accroissement du PIB. Selon les estimations les plus optimistes, compte tenu de l'épuisement des ressources minérales, l'extraction du pétrole commencera à baisser dès les années 2020, celle du gaz, dans les années 2030. Par conséquent, nous avons deux tendances parallèles: d'une part, une diminution graduelle de la source (principale, ndlr.) de revenus, de l'autre, un accroissement constant des engagements sociaux", affirme Egor Gaïdar.

A la question du quotidien Novye Izvestia de savoir combien de temps la Russie pourrait tenir en appliquant cette politique économique, Egor Gaïdar a répondu: selon le pronostic inertiel qui ne tient pas compte de l'éventualité de cataclysmes et d'une chute des prix du pétrole, les ressources suffiront jusqu'à 2015. Selon l'économiste, pour sortir de la crise, il faut réaliser des réformes substantielles, entre autres, privatiser les monopoles publics et former une caisse de retraite sur la base du fonds de stabilisation. "Nombreux sont ceux qui jugent nécessaire de dépenser le fonds de stabilisation pour les projets d'investissement. Même en Suède où l'indice de la corruption est très bas, la société ne confie pas cette tâche aux fonctionnaires. Je ne ferais pas non plus confiance à nos fonctionnaires. En ce qui concerne le montant du fonds de stabilisation, il constitue chez nous 9,9% du PIB, contre 100% en Suède. En investissant cet argent dans des titres liquides étrangers, les Suédois reçoivent leurs 4% par an et nourrissent ainsi leurs retraités. Nous devrions faire de même".

Evgueni Iassine, directeur scientifique du Haut Collège d'économie, critique encore plus âprement les tendances actuelles de l'économie russe. D'après lui, en faisant des pronostics pour l'avenir, il faut tenir compte non seulement des indices purement financiers, mais aussi de l'état de la production. "Le secteur industriel a besoin d'une modernisation urgente de grande envergure. Il est notoire que 40% des équipements de l'industrie de transformation sont constitués de technologies d'avant-hier", a indiqué l'expert.

Alexandre Radyguine, expert de l'Institut de l'économie de la période de transition, a également cité, parmi les problèmes principaux, l'inertie de la législation (les lois les plus importantes, si elles sont adoptées, apparaissent trop tard), les doubles standards (ce qui est permis à Sibneft est interdit à Ioukos), la corruption totale et l'inefficacité du système judiciaire. Comme l'a déclaré Alexandre Radyguine aux Novye Izvestia, cette politique économique se poursuivra probablement pendant 2 à 3 ans. Personne ne sait ce qui adviendra ensuite.

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