La production de caviar d'esturgeon est entièrement interdite depuis le 1er août sur l'ensemble du territoire russe, indique le journal Novye Izvestia.
Cette mesure, examinée depuis longtemps, vise à éviter une disparition totale des esturgeons de la mer Caspienne par le braconnage. Le Service fédéral de contrôle vétérinaire et phytosanitaire (Rosselkhoznadzor) espère renouveler les réserves de ce poisson ô combien précieux en dix ans.
L'interdiction touche également le caviar confisqué aux braconniers. Il n'apparaîtra plus dans les rayonnages des magasins et devra être détruit. La production de caviar sera désormais l'apanage des seules exploitations officielles d'esturgeons. Une petite partie de ces réserves seront utilisées pour des recherches scientifiques, précise le journal.
"Tout le caviar noir des étals de Moscou est issu des filières de braconnage", explique le porte-parole du Rosselkhoznadzor, Alexeï Alexeïenko, cité par Novye Izvestia. "Le caviar noir récolté légalement est uniquement destiné aux exploitations piscicoles pour l'élevage d'alevins".
Ce système de livraison avait été imaginé par l'Etat lui-même à la chute de l'URSS, devant la prolifération du braconnage et la difficulté de lutter contre lui. Tout ce qui était confisqué aux braconniers partait alors à la vente.
Selon les estimations des experts, la circulation illégale de caviar entraîne un déficit de 500 millions de dollars chaque année pour la Russie. De plus, les monstrueuses méthodes employées par les braconniers pour pêcher les esturgeons ont divisé leur nombre par 40 environ durant les 20 dernières années.
Avec ce nouveau programme portant sur dix ans, le Rosselkhoznadzor estime pouvoir constituer de nouvelles réserves de poissons. Des experts indépendants reconnaissent qu'une telle mesure est nécessaire, sans quoi le caviar pourrait bien devenir pour la Russie une rareté relevant de l'histoire, écrit le journal.
Le vice-directeur du département de la pêche du Rosselkhoznadzor, Mikhaïl Goloubovski, s'est toutefois voulu rassurant, soulignant que du caviar serait encore mis en vente, issu des filières légales (les résidus des quotas destinés à la science et à la reproduction), ainsi que de l'élevage en bassin.
