Bruxelles-Kiev: l'admission de l'Ukraine à l'UE reportée

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La première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko vient de passer deux jours à Bonn (Allemagne) où elle a rencontré ses "camarades du parti": elle a participé à la conférence de deux jours du Parti populaire européen (PPE).

La première ministre ukrainienne Ioulia Timochenko vient de passer deux jours à Bonn (Allemagne) où elle a rencontré ses "camarades du parti": elle a participé à la conférence de deux jours du Parti populaire européen (PPE).

 C'est la plus grande formation du Parlement européen regroupant, au total, 74 partis de 39 Etats du continent, y compris les 27 pays de l'UE. Le pays de Ioulia Timochenko y a été admis en tant que membre associé. Le PPE rassemble les partis de centre droit et conservateurs.

Le président ukrainien Viktor Iouchtchenko a également été invité au congrès des euroconservateurs, car il appartient aussi au groupe de centre droit ou conservateur. Mais il n'y est pas venu et, comme l'a déclaré le Secrétaire général du PPE Antonio López-Istúriz, il n'a nullement expliqué son refus.

Les explications sont il est vrai évidentes. Le fait est que Viktor Iouchtchenko sent amèrement offensé par l'Union européenne et, bien entendu par tous ce qui « en dérive ».

Début décembre, les Européens lui ont pratiquement planté un coup de couteau dans le dos, en faisant s’effondrer définitivement son espoir même pas d'admission, mais ne serait-ce que d'association de l'Ukraine à l'UE. Lors du récent sommet UE-Ukraine qui s'est  tenu début décembre à Kiev, les représentants de Bruxelles n'ont même pas abordé la question de la signature avec Kiev d'un accord de membre associé: le premier pas vers l'"entrée dans l’Europe".

Dans ses rapports avec l'Union européenne, l'Ukraine actuelle, en tout cas, celle de Viktor Iouchtchenko, est considérée comme une candidature "reportée à plus tard". Les diplomates de Bruxelles et ceux des principales capitales européennes ne cachent pas que personne  n'est prêt dans la  Grande Europe à soutenir tel ou tel candidat à l'élection présidentielle ukrainienne du 17 janvier.

Du point de vue de Bruxelles, tout ce qui a lieu sur les  étendues immenses de l'Ukraine représente un phénomène extraordinaire et dangereux. José Manuel Pinto Teixeira, l'ambassadeur de l'UE à Kiev, a déclaré ces jours-ci aux journalistes au sujet de l'Ukraine: "Ce pays reste le même qu'il y a 20 ans à bien des égards". Cette caractéristique n'est pas très flatteuse. Les ambassadeurs ne parlent pas ordinairement si ouvertement de leur pays de séjour. Bruxelles est probablement très irrité par ce qui se passe en Ukraine où l'on fait ouvertement fi de l'éthique diplomatique élémentaire.

Pour l'Europe, Viktor Iouchtchenko représente un phénomène désagréable et importun, un phénomène qui spécule son appartenance géopolitique à l’Europe. Les choses en sont venues au point que Pierre Lellouche, le ministre aux affaires européenne du cabinet de Nicolas Sarkozy, a récemment déclaré que l'Europe exigeait de l'Ukraine qu'elle rétablisse la légalité et mette fin à la corruption. Il a ajouté implacablement que les promesses électorales ne devaient pas être financées par l'argent de la communauté internationale, du FMI et des contribuables européens.

Comme on le sait, le FMI avait accordé à l'Ukraine un prêt de 16,4 milliards de dollars, qui avait tout de suite été gelé, lorsque le parlement ukrainien avait voté l'accroissement des dépenses pour les besoins sociaux. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a, de son côté, annulé le transfert à Kiev de 300 millions de dollars de prêt, en l'expliquant par l'absence totale de réformes économiques dans le pays. En général, des nuages s'épaississent au-dessus de l'Ukraine de Viktor Iouchtchenko. L'Europe espère toujours faire adopter par l’Ukraine des notions politiques européennes et lui faire préciser son appartenance, mais en raison des mutations en cours à Kiev, ces tentatives échouent sans cesse.

Le fait que, sous Viktor Ianoukovitch (principal prétendant au poste de président), l'Ukraine puisse se retrouver "entre les bras de Moscou" n'effraie pas beaucoup l'UE. Cela l'inquiète un peu sur le plan politique, mais pas plus. L'Europe comprend parfaitement que l'Ukraine est tout simplement vouée à être "une entité médiane" entre l'UE et la Russie en raison de sa situation géopolitique. Aucun phénomène tectonique ne déplacera l'Ukraine de l'endroit où elle se trouve. La Russie restera, par la suite également, le marché vital sur lequel l'Ukraine pourra livrer les produits de son industrie et de son agriculture, qui soit ne sont pas conformes aux normes européennes, soit ne sont pas nécessaires et sont même nuisibles à la Grande Europe (il s'agit de produits alimentaires et d'autres produits agricoles qui sont excédentaires dans l'UE). Sans contacts avec la Russie, l'Ukraine restera sans souffle économique, et personne n'a besoin en Europe d'un Etat miséreux de 60 millions d'habitants.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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