Revue de la presse russe du 13 janvier

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Les analystes américains préoccupés par la montée en puissance de la Russie / Le gouvernement va fermer la voie occidentale au pétrole bon marché de Sibérie / Le conflit pétrolier entre Moscou et Minsk fait tache d’huile sur les pistes de ski de Sotchi / La Russie a oublié ses grands projets d'études

Izvestia
Les analystes américains préoccupés par la montée en puissance de la Russie

Le centre d'analyse américain Stratfor a bien commencé l’année en publiant un rapport sur les perspectives du développement mondial en 2010 qui prévoit une montée en puissance sans précédent de la Russie à la suite du renforcement de ses positions dans l'espace postsoviétique. Ceci au moment où l'Occident se trouve enlisé dans les problèmes afghan, irakien iranien et nord-coréen, lit-on mercredi dans le quotidien Izvestia.

Cette prévision reflète une certaine réalité ou, du moins, une éventualité. Toutefois, la prévision de Stratfor, souvent considéré comme une "ombre de la CIA", ressemble plutôt à une dénonciation ou à un appel à refréner la Russie.

Les analystes attirent l'attention des dirigeants du monde occidental, selon eux béats, sur une menace croissante : « Les Russes arrivent ! » Difficile de ne pas le voir, difficile de ne pas s'y opposer.

Dans le même ordre d'idées, jetons un œil sur les prévisions de développement global au XXIème siècle dans son ensemble, telles que les a récemment émises le chef de Stratfor, George Friedman. Celui-ci, dans son livre sur les cent ans à venir, prévoit une confrontation inévitable entre la Russie et les Etats-Unis dès 2020 qui conduira à la destruction de la Russie. Le conflit éclatera dans la mesure où la Russie voudra rétablir ses positions dans l'ensemble de l'espace postsoviétique. L'Occident "digérera" l' "hégémonie" russe en Biélorussie ou en Ukraine. Mais lorsque Moscou attaquera les pays baltes, Washington (qui déstabilisera, vers ce moment, le monde musulman et délaissera les problèmes du Proche-Orient) réagira de façon brutale et décisive. La Russie essuiera une défaite et cessera d'exister, son héritage sera partagé entre la Pologne, la Turquie et le Japon.

Cette prévision peut être prise au sérieux ou considérée comme du délire. Mais, dans son contexte, la prévision à court terme pour 2010 semble cohérente avec la période envisagée à long terme et pourrait justement influencer les dirigeants occidentaux selon le scénario prévu par Stratfor pour 2020.

D'autre part, les propos sur un renforcement considérable des positions de la Russie dans la Communauté des Etats indépendants (CEI) peuvent parfaitement être considérés comme une composante de l'attaque sérieuse lancée aux Etats-Unis contre Barack Obama. Le "redémarrage" des relations russo-américaines et la signature prochaine d'un nouveau traité START sont le principal succès de la politique étrangère de l'administration démocrate. A l’heure où commence la campagne pour les élections intermédiaires (élections pour un tiers du sénat et de toute la chambre des représentants en novembre prochain), les accusations de "mollesse" d'Obama à l'égard de la Russie sont prévisibles. Cette mollesse encouragerait la Russie à dépasser définitivement toutes les bornes, à asservir les peuples voisins et à rétablir son empire.

Lorsqu'on vous prédit un grand succès, attendez avant de vous livrer à l'euphorie. Reste qu’il est souhaitable que la prévision pour 2010 devienne réalité, même si cela ne plaît pas à d'aucuns.

Auteur : Viatcheslav Nikonov, président de la fondation Politika.

Kommersant
Le gouvernement va fermer la voie occidentale au pétrole bon marché de Sibérie 

La taxe à l’exportation zéro sur le pétrole de Sibérie orientale s’étend uniquement au brut exporté par l’oléoduc Sibérie–Pacifique, lit-on mercredi dans le quotidien Kommersant. 

C’est l’instruction qu’a donné le vice-premier ministre Igor Setchine au ministère de l'Énergie fin-décembre. La mesure en question doit assurer le remplissage de cet oléoduc.

La position du vice-premier ministre signifie également que les compagnies de pétrole et de gaz ne doivent pas s’attendre à ce que les avantages soient étendus au pétrole du plateau continental caspien et au gaz de Sibérie orientale.

Aujourd'hui la taxe à l’exportation zéro n’est effective que pour un certain type de pétrole, en l’occurrence les 13 gisements de Sibérie orientale dont la liste a été adoptée par le gouvernement en 2009.

Hier, les officiels et les compagnies ont refusé de commenter l’instruction de Setchine. Mais une source au gouvernement a expliqué que l'extension des gisements privilégiés est liée au fait que, par leurs propriétés physico-chimiques, leur pétrole est identique à celui de Vankor. L’ordre du vice-premier ministre exclu la possibilité d'exporter ce pétrole en Occident sans payer la taxe à l’exportation. Les analystes trouvent cette mesure logique - «si l’on permettait de pomper ce pétrole vers l'Occident, ce serait une pluie d’or pour l’exportateur».

Si, auparavant, des privilèges concernant la taxe à l’exportation pouvaient être considérés comme un moyen d’attirer des investisseurs au développement des gisements de la Sibérie orientale, maintenant on ne peut y voir qu’un moyen de remplir le nouvel oléoduc. Si la commission du vice-premier ministre est exécutée « à la lettre », l'attrait d'investissements en Sibérie orientale va considérablement baisser : à partir du moment où l'exportation du pétrole vers l’ouest sera fermée, sans droit de douane avantageux, ces opérations seront sans profit voire déficitaires.

L’instruction d'Igor Setchine signifie aussi que le problème de remplissage du nouvel oléoduc n'est toujours pas résolu. Selon les prévisions du ministère de l'Energie, la production du pétrole en 2010 augmenterait de 0,16% seulement par rapport à 2009, ce qui signifie qu’on ne remettra aucun grand gisement en service. Dans ces conditions, il est particulièrement important pour le gouvernement que le pétrole de Sibérie orientale passe par l’oléoduc Sibérie- Pacifique.

Par ailleurs, la proposition de limiter les avantages à ce seul oléoduc signifie que l’on refusera aux autres compagnies l'octroi de préférences analogues. En particulier, en décembre dernier, Lukoil a proposé de lever la taxe à l’exportation sur le pétrole extrait sur le plateau continental de la Caspienne. Auparavant, Gazprom avait, lui aussi, suggéré d'accorder des avantages s’agissant du gaz exporté en provenance de la Sibérie orientale.

Vedomosti
Le conflit pétrolier entre Moscou et Minsk fait tache d’huile sur les pistes de ski de Sotchi

Un nouveau problème pour le monopole russe du gaz : une société biélorusse a refusé de financer les pistes de biathlon pour les Jeux olympiques de 2014, Gazprom se trouve donc contraint de joindre les pistes de ski et celles de biathlon, lit-on mercredi dans le quotidien Vedomosti.

La société biélorusse Triple a renoncé au plan de construction des installations de biathlon, ont fait savoir des sources au sein de Gazprom et du comité d'organisation Sotchi-2014. Chargé de cet ouvrage, Gazprom construit déjà à Sotchi un complexe sportif pour les épreuves de ski d’une capacité de 16000 spectateurs. Le cumul des pistes a déjà été validé avec le Comité international olympique (CIO), affirme un membre du comité d'organisation. « Le CIO n'a rien contre, d'autant plus que c'est un retour au cahier des charges qui prévoyait des pistes conjointes de ski et de biathlon » a-t-il expliqué.

Triple est un groupe polyvalent spécialisé dans le commerce de gros de produits pétroliers, la construction, les services aux particuliers, etc. Ses représentants sont restés injoignables.

Il y a deux ans, le président biélorusse Alexandre Loukachenko avait déclaré que la Biélorussie participerait à la construction d'une des installations sportives à Sotchi : « Nous voudrions créer un coin de Biélorussie par le biais de nos entreprises de construction, nos matériaux et nos efforts ». La société biélorusse Triple avait été retenue comme investisseur pour la construction du complexe de biathlon, soit une piste et un stade de 20000 spectateurs sur un territoire de 40 hectares à Krasnaïa Poliana. En 2006, ce projet avait été évalué à 257 millions de roubles (5,9 millions d'euros).

La société Triple est proche du gouvernement biélorusse, elle a par conséquent renoncé à la construction pour des motifs politiques en raison du conflit entre les gouvernements de nos deux pays à propos des livraisons de pétrole, affirme le représentant d'une des sociétés intervenant dans la construction des ouvrages olympiques. Moscou ne veut plus accorder de remises sur les taxes à l'exportation pour les livraisons de pétrole à la Biélorussie, sauf sur une petite partie du volume. Ce contentieux touche également les affaires du groupe Triple qui livre du pétrole russe aux raffineries de pétrole biélorusses et dont les bénéfices dépendent du montant de la taxe.

Le retour sur investissement pour la construction d'ouvrages s’opère sur plus de 10 ans, ce que seuls des fonds occidentaux peuvent se permettre aujourd'hui, estime Irina Dziouba, directrice commerciale du MR Group (qui construit aussi à Sotchi). « Si le gouvernement russe décide de modifier le programme de construction des installations olympiques et s'il charge Gazprom de construire un stade de ski et de biathlon conjoint, Gazprom s'acquittera de cette mission », a déclaré un représentant du groupe.

Gazeta.ru
La Russie a oublié ses grands projets d'études 

Hier, les médias ont fait écho des luttes autour de la nouvelle fusée stratégique, le « Boulava », en publiant des informations contradictoires sur les causes des nombreux échecs de lancement, lit-on mercredi dans le quotidien Gazeta.ru. 

Malheureusement, il n’y a pas d’alternatives au « Boulava » soupirent les experts.

Mardi la presse a eu connaissance des résultats de la commission chargée d’établir les causes de l’échec du lancement du 9 décembre dernier.

D'abord, une information se référant à une source au sein du complexe militario-industriel a affirmé qu’il s’agissait d'une erreur de conception responsable du rejet  du 3-ème étage de la fusée. C’est la première fois que des représentants de l'industrie militaire allèguent une telle raison. Mais peu après, une autre source au sein du complexe militaro-industriel devait désavouer les dires de son collègue, resté dans l’anonymat. A l’en croire, il ne s’agit pas d’une erreur de conception, mais de fabrication. Quoi qu'il en soit, de nouveaux essais de lancement sont prévus pour le milieu de l’année.

Selon les experts le ministère de la Défense n'a pas le choix, car le « Boulava » a déjà utilisé trop de moyens. De plus, les sous-marins atomiques de la classe «Boreï» sont créés justement comme porteurs des « Boulava », et les réadapter au missile « Sineva »- ce dont parlent certains experts -  reviendrait trop cher.

Andreï  Ionine, expert en construction de fusées, qui a souvent participé à des commissions de ce genre, pense qu’«il est rarement possible d'établir avec précision la cause d’un tel incident et que quelques mois plus tard, des éléments tout à fait nouveaux peuvent surgir». «Le concepteur n'a pas prévu telle chose – ce ne sont que des généralités, estime l'expert. - Le problème du « Boulava »  est autrement plus profond : la Russie a désappris à réaliser de grands projets d'études, que ce soit le GLONASS, le Soukhoï Superjet ou le chasseur de cinquième génération».

Vladimir Evseev, chercheur au centre de sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et de relations internationales de l'Académie des Sciences de Russie, partage cet avis. «La cause de l’échec ne réside pas dans  quelque erreur concrète, mais dans le fait même que la coopération soit fortement compromise entre les entreprises participant au projet – et dans le cas de « Boulava », il y en a près de 500! Et dans le fait qu’une partie d’entre elles s’occupent déjà d’autre chose. Il y a de gros problèmes de qualité de production au sein du complexe militaro-industriel et le projet « Boulava »  l’a bien illustré», - a dit l'expert. D'ailleurs, il croit qu’une solution possible consisterait à développer parallèlement un engin moins sophistiqué.
 

Ces textes tirés de la presse russe n'engagent pas la responsabilité de RIA Novosti

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