Longtemps attendu, le nouveau chasseur russe T-50 a pris son envol

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Le chasseur expérimental russe de cinquième génération T-50 développé par le bureau d'études Sukhoi s’est envolé pour la première fois le 29 janvier 2010, à 11 h 19, heure locale, à Komsomolsk-sur-l'Amour.

Le chasseur expérimental russe de cinquième génération T-50 développé par le bureau d'études Sukhoi s’est envolé pour la première fois le 29 janvier 2010, à 11h19, heure locale, à Komsomolsk-sur-l'Amour.

C’est le premier avion de combat entièrement conçu et construit en Russie depuis la désintégration de l'URSS. En ce moment, seuls les États-Unis disposent d'avions de combat de cette classe fabriqués en série : les chasseurs F-22.

Les études du projet de chasseur de cinquième génération I-90, plutôt connu comme MFI (chasseur polyvalent), avaient commencé en URSS en 1981 au bureau d’études Mikoyan peu après les premiers vols des chasseurs de quatrième génération MiG-29, MiG-31 et Su-27. L'appareil encore en cours de conception devait être fabriqué en série dans les années 1990 et devancer le projet américain ATF qui déboucha sur la construction du F-22.

Cependant, la réduction considérable des dépenses militaires à la fin des années 1980, suivie de la désintégration de l'URSS, avaient mis une croix sur le programme de construction du MFI. Les essais en vol n’eurent pas eu lieu en 1991-1992 comme prévu, et le nouvel avion n’effectua son premier vol qu'en 2000. A ce moment-là, le deuxième projet de chasseur de cinquième génération, l'avion expérimental S-37 (désigné ensuite sous l'indice Su-47) du bureau d'études Sukhoi était également prêt.

En 1998, les forces aériennes russes avaient soumis aux constructeurs un nouveau cahier des charges : développer un chasseur de cinquième génération. Du point de vue idéologique, la conception n'avait pas changé depuis la fiche technique du projet MFI. Pour employer les termes spécifiques du secteur, le nouveau chasseur devait se distinguer par sa supermanœuvrabilité, sa capacité d'effectuer un vol supersonique sans postcombustion, une faible signature radar et infrarouge, de meilleures caractéristiques de décollage et d'atterrissage, etc.

Les anciens projets avaient été annulés et il avait été décidé de concevoir un avion de combat entièrement nouveau en tenant compte des informations disponibles sur les performances, les qualités et les défauts du chasseur américain F-22.

En 2002, le bureau d'études Sukhoi qui avait proposé un projet de chasseur biréacteur d'un poids d'environ 35 tonnes au décollage remporta un concours parmi différents avant-projets. Le premier vol du nouvel avion était prévu pour 2007, mais ce délai fut reporté à 2008, puis à 2009, puis finalement à janvier 2010. Ce retard est tout à fait compréhensible compte tenu de la complexité du nouveau projet et du volume des problèmes scientifiques, techniques, organisationnels et financiers qu'il a fallu régler tout au long de sa conception. Ces problèmes ont, en fait, correspondu à la crise qui a frappé l'industrie russe dans son ensemble.

Peu après le lancement des travaux de développement du nouvel avion dénommé T-50 (désigné également comme « Article 701 » et I-21), le projet de Sukhoi a suscité l'intérêt des forces aériennes indiennes. Il convient de signaler que les sympathies de l’Inde allaient d'abord pour un projet de chasseur plus léger et plus simple du bureau d'études Mikoyan qui a proposé au nouveau concours deux avions : le bimoteur sans queue I-2000, qui est une version du MiG-29, et un monomoteur, dont l'analogue le plus proche est le projet JSF (F-35) apparu à peu près en même temps.

Cependant, puisque le projet de chasseur léger de cinquième génération a été jugé secondaire et que l’Inde souhaitait percevoir rapidement un appareil ultramoderne, elle ne put rien faire d'autre que de choisir le projet du PAK FA (Système Évolutif Embarqué pour l’aviation tactique). Selon les informations disponibles, la version indienne de l’avion sera biplace et équipée de systèmes électroniques et d'autres équipements auxiliaires et elle remplacera dans les années 2020-2030 les Su-30MKI qui équipent actuellement les forces aériennes indiennes. Ensuite, l’Inde produira ces avions sous licence.

Le principal bilan du vol du T-50 est que la Russie voit confirmé son statut d’une des deux principales puissances aéronautiques du monde. A ce jour, la Russie et les États-Unis sont seuls à disposer de leurs propres appareils de cinquième génération et à posséder une industrie aéronautique capable de produire tous les types d’avions militaires et civils, des appareils de sport légers aux bombardiers stratégiques. Les autres pays, c’est-à-dire la France, la Suède, les pays de l'UE, la Chine, le Japon, etc., n’en ont pas aujourd'hui les moyens et sont contraints d’utiliser toutes sortes de schémas de coopération pour pouvoir créer des appareils de nouvelle génération. Néanmoins, même la coopération aéronautique européenne n’a pas permis aux pays de l'UE de créer après l’Eurofighter son propre avion de cinquième génération, et par conséquent, la plupart des participants au projet Eurofighter envisagent d’acheter des chasseurs F-35 aux États-Unis.

Les perspectives des projets suédois et français sont également peu claires. Le Gripen (avion suédois) et le Rafale (avion français) figurent parmi les avions de la génération 4+++ et aucun de ces deux pays ne sera à même d'assurer seul le développement d’avions de cinquième génération qui reviendrait à plusieurs milliards de dollars.

Les perspectives de la Chine sont aussi douteuses. Selon la majorité des spécialistes, elle ne pourra créer un appareil de cinquième génération qu’en se servant de l’expérience étrangère, et avant tout russe.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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