Baleines et thons: la guerre des civilisations

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Le Service de sécurité en mer de Tokyo a arrêté vendredi dernier Peter Bethune, le capitaine néo-zélandais du navire Ady Gil de l'Organisation écologique australienne Sea Shepard Conservation Society, pour s'être introduit illégalement sur un navire japonais.

Le Service de sécurité en mer de Tokyo a arrêté vendredi dernier Peter Bethune, le capitaine néo-zélandais du navire Ady Gil de l'Organisation écologique australienne Sea Shepard Conservation Society, pour s'être introduit illégalement sur un navire japonais.

L'arrestation du capitaine est l'achèvement logique de la guerre menée par les écologistes occidentaux contre les Japonais au cours de cette saison de chasse à la baleine dans l'Antarctique.

En janvier dernier, un navire des écologistes a été éperonné lors d'une tentative d'arrêter un navire japonais. Ensuite, les écologistes ont jeté des bouteilles contenant de l'acide butyrique sur les Japonais, dont trois ont été blessés. Quelques jours plus tard, le capitaine Bethune s'est approché du navire nippon en jet ski et a grimpé à son bord. Il a été arrêté par le capitaine du bateau japonais de recherche Shonan Maru 2 et transmis, le 12 mars, au Service de sécurité en mer de Tokyo.

Les navires japonais de recherche chassent tous les ans à la baleine dans l'Antarctique dans le cadre de l'accord de 1986 qui interdit la chasse commerciale de cétacés, mais autorise à "étudier les baleines, même si cela entraîne leur mort" dans le cadre du quota ne causant pas de préjudice à leur population.

Aux arguments des écologistes qu'il ne faut pas obligatoirement massacrer les baleines pour les étudier, les Japonais répondent que, dans ce cas, l'étude ne serait pas complète. Quant à la viande de baleines, il vaut mieux la manger que de la jeter après l’étude. Les écologistes ne peuvent s'y résigner et trouvent chaque année de nouveaux moyens extravagants pour harceler les Japonais chassant la baleine à des fins scientifiques.

La position des écologistes est claire: ils estiment que le massacre de baleines est amoral. Mais pourquoi les Japonais insistent sur leur droit d'étudier, plus précisément, de manger les baleines, avec un tel acharnement qu'ils ont même osé éperonner un navire écologique? La viande de baleine est aujourd'hui un produit rare dans les magasins japonais.

Pour le Japon, le problème des baleines, ainsi que celui des dauphins et des thons est bien plus profond. Personne n'osera en parler officiellement, mais les tentatives des écologistes de restreindre le droit des Japonais à manger la viande de baleine sont accueillies au Japon comme une atteinte à leur culture, étrangère à la civilisation occidentale. Les Japonais tuent depuis longtemps des baleines pour les manger. Il y a quelques dizaines d'années, leur viande était une partie inaliénable de leur  ration. Elle figurait même dans le menu des repas des écoliers en tant que nourriture bon marché et nutritive. Le Japon pourrait se résigner à la position internationale, selon laquelle il ne convient pas de tuer les baleines, si elle prend la forme de loi. Les Japonais respectent la loi.

Mais ils considèrent les actions spontanées des écologistes de Sea Shepard comme une manifestation de violence et d'extrémisme. Lorsqu'on leur explique qu'il ne convient pas de manger les baleines, car ce sont des mammifères, les Japonais objectent: pourquoi n'interdirait-on pas la consommation de viande de bœuf et de porc? En effet, les vaches et les porcs sont aussi des mammifères. Lorsqu'on dit que les baleines sont une espèce en voie de disparition, les Japonais rappellent que cette espèce est en voie de disparition depuis que les baleines avaient été sauvagement massacrés des siècles durant par la civilisation occidentale qui employait le fanon pour en faire des corsets de dames et la graisse des baleines pour l'éclairage, alors que la viande de baleine, bonne et précieuse, était jetée par-dessus bord. Selon les Japonais, tuer pour manger est une nécessité inévitable, c'est une loi des lois de la nature et cela ne peut pas être évalué en termes de morale.

Une conférence de la CITES (la Convention sur le Commerce international des espèces menacées de faune et de flore sauvage) s'est ouverte le 13 mars dernier à Doha (Qatar). Le Japon a déclaré qu'il lutterait jusqu'au bout: le commerce du thon bleu pêché dans l'Atlantique et en Méditerranée pourrait être interdit lors de cette conférence. A la différence des baleines et des dauphins, la viande de thon est largement utilisée au Japon: dans n'importe quel super-marché, il y a un rayon spécial vendant du thon, on le mange cru et grillé dans les restaurants, dans les bistrots et chez soi. Les Japonais ne sont pas les seuls à manger du thon, mais ce sont eux qui seront les plus frappés par l'interdiction. Le Japon consomme 80% du thon bleu de l'Atlantique et de la Méditerranée. La décision des Etats-Unis et de l'Union européenne de soutenir cette décision a offensé le Japon qui y voit une trahison.

43000 tonnes de viande de thon bleu sont vendues tous les ans sur le marché japonais. La moitié provient de l'Atlantique et de la Méditerranée. Bien qu'en plus du thon bleu, la cuisine japonaise utilise encore quatre autres espèces de thon et le thon bleu ne constitue que 10% de toute la viande de thon consommée au Japon, c'est une question de principe pour lui. "Si cette proposition est adoptée, d'autres espèces de thon seront interdits ensuite. Interdisons donc le thon méridional, ensuite le thon obèse et ainsi de suite. La zone d'interdiction s’étendra alors de l'Atlantique, jusqu’à l'Océan Indien et ensuite au Pacifique. C'est pourquoi nous avons l'intention de nous opposer coûte que coûte à cette proposition", a déclaré au parlement le ministre japonais de la Pêche Hirotaka Akamatsu.

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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