Bras de fer Russie-OTAN en Asie centrale

© RIA Novosti . J. Leviant / Accéder à la base multimédiaLa Russie et l'Otan
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La diplomatie russe ne décolère pas: à plusieurs reprises, l’Otan a ignoré ses offres de coopération autour d’une région stratégique, l’Asie centrale, et persiste à faire cavalier seul sur des dossiers qui tiennent Moscou à cœur, au premier rang desquels l’Afghanistan.

La diplomatie russe ne décolère pas: à plusieurs reprises, l’Otan a ignoré ses offres de coopération autour d’une région stratégique, l’Asie centrale, et persiste à faire cavalier seul sur des dossiers qui tiennent Moscou à cœur, au premier rang desquels l’Afghanistan.

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov l’a récemment exprimé on ne peut plus clairement: “L’Otan snobe pour des motifs purement idéologiques l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC)”, une alliance militaire mise sur pied par la Russie comprenant également la Biélorussie, l’Arménie et quatre républiques d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan et Tadjikistan), tous anciens membres de l’Union soviétique.

“Nos partenaires de l’Otan refusent de mener une coopération mutuellement avantageuse et équitable avec l’OTSC”, a déploré M. Lavrov au cours du forum économique de la Communauté des Etats indépendants (CEI).

L’OTSC, une alliance parfois qualifiée d’"Otan russe" ayant pour objectif de rasseoir le leadership de Moscou en Asie centrale, mis à mal par la chute de l’URSS, a formulé plusieurs propositions de partenariat dans cette région avec l’Otan, dont elle cherche à être reconnue comme l’alter ego oriental.

Née en 1992 mais devenue réalité en 2000, l’organisation peine à faire bloc et à parler d’une seule voix, comme en témoignent les réticences biélorusses et ouzbèkes à signer l’accord de création d’une force de réaction rapide. Les deux pays craignent notamment l’hypertrophie du rôle de la Russie, à l’heure où ils envisagent un renforcement de leurs liens avec l’Occident.

M. Lavrov a en outre déploré que l’Alliance refuse les contacts avec l’OTSC sur le règlement et la reconstruction en Afghanistan, le retrait troupes soviétiques en 1989 ayant laissé un gout amer côté russe.

C’est toutefois la drogue provenant d’Afghanistan qui occupe le premier plan dans la rhétorique diplomatique de la Russie, pays qui déplore plus de 30.000 morts par an en raison de ce fléau et qui constitue le premier consommateur mondial d’héroïne afghane selon l’ONU.

Moscou, de la voix du chef du Service fédéral antistupéfiants Viktor Ivanov, a récemment pressé Washington de détruire les plantations de pavot à opium, en s’immisçant par là même dans la stratégie américaine dans ce pays.

Mais la drogue, sur laquelle la diplomatie russe multiplie les appels du pied, tout comme le règlement afghan, ne constituent en réalité que les différents aspects d’une seule et même tentative de forcer l’Otan à respecter les intérêts russes dans une région que Moscou perçoit comme son pré carré.

Si l’opération des alliés coïncide partiellement avec les intérêts de Moscou, en stabilisant une région explosive à proximité de ses frontières, la Russie cherche toutefois à assumer l'intégralité du dialogue avec les Occidentaux dans l’espace centrasiatique, comme l’attestent ses démarches récentes.

Dans le cadre de l’opération antiterroriste en Afghanistan, les Russes s'efforcent de monopoliser les itinéraires permettant d’accéder à ce pays. Après avoir donné son feu vert au transit non militaire, Moscou a autorisé l’acheminement par son territoire des armements de l’Otan, fournissant ainsi un itinéraire bien plus fiable que celui traversant le Pakistan.

Mais cette stratégie passe parallèlement par un noyautage des autres voies d’accès au théâtre des opérations. La Russie, qui prétend au leadership dans la région, s’efforce ainsi de limiter la marge de manœuvre de ses concurrents.

En attestent les tractations menées par Moscou l’année dernière afin d’obtenir la fermeture de la base kirghize de Manas, auparavant utilisée dans le cadre de l’opération “Liberté immuable” et que le président du pays à convenu de fermer en mars 2009 après l’obtention d’un important prêt russe.

Coup de théâtre, Washington et Bichkek ont ratifié en juin suivant un accord sur la création, à Manas, d’un centre de transit appelé à soutenir les opérations de la force internationale en Afghanistan. Bluffée, la partie russe a ressenti ce revirement comme une trahison qui pourrait nuire à ses intérêts dans la région.

Car la donne dans cette partie du monde a changé: considérée par Moscou comme sa sphère d’influence traditionnelle, l’Asie centrale est désormais courtisée en raison de son rôle stratégique et de ses richesses énergétiques par deux géants mondiaux, les Etats-Unis et la Chine, entre lesquels la Russie cherche à maintenir son statut de grande puissance.

Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

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