Proche-Orient: les médiateurs se montrent impuissants

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Une réunion du Quartet des médiateurs pour le règlement au Proche-Orient se tiendra le 19 mars à Moscou. La Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton participeront à cette réunion.

Une réunion du Quartet des médiateurs pour le règlement au Proche-Orient se tiendra le 19 mars à Moscou.

La Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et la haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité Catherine Ashton participeront à cette réunion. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, accueillera ses hôtes. Le Quartet se tient à un moment où la situation au Proche-Orient s’aggrave: des adolescents arabes jettent des pierres sur les soldats israéliens, une troisième intifada menace de commencer à tout instant et les espoirs les plus radieux font place à la déception.

Y a-t-il un sens à cette rencontre du Quartet? En effet, une chiquenaude a été récemment donnée aux Etats-Unis, l'unique pays capable d'influer sur Israël, ainsi qu’on l'estimait encore récemment. Mais les événements de ces dernières semaines ont montré que c'était une illusion.

Aussitôt après que les Etats-Unis eurent obtenu de la Ligue arabe le feu vert pour le lancement des pourparlers indirects palestino-israéliens, Israël a annoncé la construction de 1600 logements supplémentaires à Jérusalem-Est, ce qui a irrité le monde islamique dans son ensemble, et en premier lieu, les Palestiniens. Cela a eu lieu au moment de la visite du vice-président américain Joe Biden au Proche-Orient.

La presse a publié une série d'articles sur la détérioration sans précédent des rapports entre les Etats-Unis et Israël. Les hommes politiques israéliens et américains se sont empressés d'assurer que les deux pays restaient les meilleurs amis et alliés. "Israël est l'un de nos proches alliés", a déclaré Barack Obama dans une interview accordée le 17 mars à la chaîne de télévision Fox News en soulignant "un lien spécial avec Israël qui ne va pas disparaître".

Mais aussi bien Obama que la chef de la diplomatie américaine continuent à qualifier les implantations israéliennes d'erreur. Avant d'arriver à Moscou, Hillary Clinton a souligné que la position des Etats-Unis sur la colonisation pouvait être définie comme "alarmante et décevante". Cette analyse est la plus juste, bien qu'une autre soit aussi possible: Washington, de même que d'autres médiateurs, se montrent impuissants à régler la crise au Proche-Orient.

La situation dans la région est de nouveau brûlante et elle risque d’exploser à tout instant. Pour cela, n'importe quel prétexte, même le plus insignifiant peut être utilisé. La visite d’Ariel Sharon au Mont du Temple en 2000 avait fourni un prétexte à la deuxième intifada qui avait fait  des centaines de victimes des deux cotés, sans parler du changement de pouvoir en Israël et des changements globaux dans le rapport des forces parmi l'élite politique palestinienne.

Des prétextes semblables n'ont pas manqué ces derniers temps. En plus de la construction de logements dans les territoires occupés, les Palestiniens ont accueilli comme une offense le désir d'Israël d'inclure les lieux saints de Hébron et de Bethléem dans son patrimoine national, bien que ces lieux saints soient communs aux Juifs et aux musulmans.

L'ouverture d'une synagogue restaurée dans la Vielle ville de Jérusalem a été une autre goutte dans le vase. Elle s'est avérée plus haute que les mosquées musulmanes de la ville. Aussi étrange que cela puisse être, c'est aussi un cas sérieux.

La nouvelle intifada aurait pu commencer cette semaine. La situation a été sauvée par la position réservée des autorités palestiniennes à Ramallah et par le fait que la réponse israélienne aux jets de pierre et de cocktails Molotov n'a pas été dure. Les Israéliens se sont abstenus de provoquer le mécontentement des Palestiniens qui sont, dans leur majorité, las des heurts incessants et d’une situation économique désespérée. Ils veulent tout simplement vivre. Cependant, les appels au djihad et à l'intifada se poursuivent.

La guerre pour les lieux saints, une synagogue plus haute que les mosquées: tout cela semble être tiré d'un manuel sur l’histoire du Moyen Age, mais qui a dit que quelque chose avait changé depuis au Proche-Orient? La démocratie et le progrès sont une nouvelle illusion aussi bien pour la communauté musulmane que pour d'autres, y compris juive. Le comportement de ces gens reste le même.

Reprenant l'idée du columniste du New York Times Thomas Friedman, les médias ont comparé le comportement du gouvernement israélien à celui d’un conducteur en état d’ivresse. Cette image a été reprise par un columniste du quotidien israélien Haaretz qui a comparé les actions israéliennes entreprises en vue de mettre en œuvre la "feuille de route" du règlement proche-oriental à leur manière de circuler sur les routes (en donnant un signal de tourner à gauche, on tourne à droite). D'ailleurs, ce comportement concerne encore plus les voisins d'Israël dans la région, car les Israéliens font au moins semblant de respecter les règles à l'instar des "Européens civilisés", mais leur nature émotive proche-orientale finit par prendre le dessus. Par conséquent, il est pratiquement impossible d'exiger que les Arabes et les Israéliens vivent selon les règles de la "feuille de route" élaborée en dehors du Proche-Orient.

Dans ces conditions, les médiateurs internationaux ne peuvent que jouer le rôle d'agent de la circulation sur les dangereuses routes proche-orientales en essayant de maintenir le plus longtemps possible le "statu quo" dans la région et de proposer aux parties les moyens de sortir de la crise. Mais la question de savoir si elles suivent les conseils des médiateurs ne dépend pas de ces derniers. Ils n'ont plus rien d'autre à faire qu'à citer Shakespeare: "Que la peste soit dans vos deux maisons!" Mais ils ne peuvent se le permettre et se bornent à des déclarations officielles.

 

Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

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