Il est temps d’apprendre le chinois

© RIA Novosti . Aleksei Nicolskii / Accéder à la base multimédiaLe vice-président chinois Xi Jinping
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L’arrivée du vice-président chinois Xi Jinping à Moscou est intéressante à deux titres. Tout d’abord, Xi Jinping est prince héritier de l’Empire céleste, ce qui est connu depuis plusieurs années.

L’arrivée du vice-président chinois Xi Jinping à Moscou est intéressante à deux titres.

Tout d’abord, Xi Jinping est prince héritier de l’Empire céleste, ce qui est connu depuis plusieurs années. Après le départ du chef actuel de l’État Hu Jintao, son poste sera occupé par M. Xi si rien d’extraordinaire ne se produit et si ses collègues au sein du parlement ou du parti au pouvoir ne rejettent pas sa candidature.

Par conséquent, la venue de M. Xi a ceci d’intéressant que les Russes peuvent voir de visu le futur dirigeant de la Chine, pays voisin et partenaire important. Sa visite est importante aussi parce que Xi Jinping ouvrira mardi l’Année de la langue chinoise en Russie. C’est aussi un signe d’avenir.

Il faut dire honnêtement que le chinois a été et sera étudié de plus en plus en Russie même sans cérémonies officielles et années particulières. Selon les participants à un duplex télévisé entre Moscou et Pékin organisé par RIA Novosti, si, il y a 20 ans, il n’y avait en Russie que 20 établissements d’enseignement supérieur et secondaire où l’on enseignait le chinois, à présent, il y en a une centaine environ.

Tout cela n’aurait pas eu lieu si l’aspect purement matériel n’avait pas été pris en considération: dans la Russie actuelle, les spécialistes du chinois ne chôment pas. D’ailleurs, il en est à peu près de même en Chine où environ 40000 étudiants et 80000 écoliers apprennent le russe, sans parler des cours "accélérés" privés et l’intérêt pour le russe qui augmente d’une année à l’autre.

Il est à remarquer que la Russie et le russe sont moins importants pour la Chine que ne l’est le chinois pour la Russie. L’Empire céleste qui avait étudié assidument le russe dans les années 1950 apprend maintenant l’anglais. L’évolution l’URSS-Russie est, elle, plus intéressante.

La grande différence entre la génération de l’URSS de la première moitié du XXème siècle qui parlait l’allemand et celle de la deuxième moitié du siècle dernier parlant l’anglais est peu connue aujourd’hui. Le fait que les langues aient été enseignées à l’école en prévision d’une guerre avait une importance secondaire. Ce qui prime, c’est l’orientation culturelle, voire le lexique quotidien de la langue maternelle: auparavant, on disait un « Schlager » (un tube), maintenant on dit un « hit ».

La population de l’URSS était, dans son ensemble, très « pro-occidentale » pour des raisons purement linguistiques car à l’école on apprenait surtout l’anglais, plus rarement le français ou l’espagnol et l’allemand. Les autres langues étaient considérées comme exotiques.

A présent, alors que les Russes ont déjà parcouru le monde entier, la situation est différente, car profondément diverse. Pour preuve, on peut citer un exemple éloquent: 15000 Russes vivent et travaillent actuellement, par exemple, en Thaïlande, sans compter les touristes. Ils y apprennent la langue locale. Les Russes qui se trouvent en permanence en Chine sont plus nombreux que les Chinois en Russie, ils s’installent par dizaines de milliers depuis notre frontière commune jusqu’à Guangzhou, la ville la plus méridionale de la Chine. Il est bien évident que le chinois doit être répandu chez nous.

Par conséquent, la diversité culturelle de la population de la Russie va de pair avec le nouveau siècle et la mondialisation qui prend de plus en plus un visage "asiatique". Ce processus, a-t-il ou aura-t-il des conséquences politiques?

Elles se feront ressentir ne serait-ce que du point de vue de la charnière entre les années 1980 et 1990, marquée par la victoire des "occidentalistes" russes instruits, c’est-à-dire de ceux qui avaient tout fait pour que la télévision ne parle et ne montre que des aspects peu reluisants de la Chine, ou rien du tout. Mais cette idéologie avait aussi son revers: le racisme russe. Les skinheads qui s’acharnent sur des Asiatiques sont autant "occidentalistes", mais sans instruction et sans manières civilisées.

Un autre phénomène collatéral est la frange de population peu nombreuse, mais scandaleuse qui avait intimidé les gens au moyen d’une "pression démographique" chinoise avec un peuplement de la Russie par des Chinois qui pourraient s’emparer de terres russes. On a perçu là une constante: les professionnels connaissant la langue et la culture de la Chine étaient très peu nombreux parmi ces "prédicateurs".

Tout cela doit disparaître à présent lorsque de plus en plus de Russes s’installent en Chine et entretiennent des contacts avec les Chinois autant qu’avec les Turcs, les Allemands, les Américains, etc. et se trouvent peu à peu dans un univers bien réel et mondialisé.


Ce texte n’engage que la responsabilité de l’auteur.

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